MARTY Pauline, Thérèse [née TAURINYA Pauline]

Par Claude Pennetier

Née le 21 février 1898 à Perpignan (Pyrénées-Orientales), morte en juillet 1993 en Corrèze ; sœur de Mathilde Péri, et belle-sœur de Gabriel Péri ; épouse d’André Marty ; militante communiste.

Fille d’Émile Taurinya ouvrier agricole puis limonadier et d’une mère qui aurait eut le brevet, qui lisait beaucoup et manifestait des sentiments républicains (témoignage de sa petite-fille), Pauline Taurinya alla à l’école « jusqu’à treize ans, très irrégulièrement ». Elle travailla dans la culture de la vigne puis comme ouvrière du textile. En 1917, ouvrière à la Poudrerie de Toulouse, elle participa à une grève.

Son adhésion à la JC et au PC date de janvier 1923. Elle y fut une militante active déléguée au IVe congrès tenu à Lyon en 1924.

Elle s’était mariée avec André Marty le 10 avril 1924 à Toulouse (Haute-Garonne). Le Bureau politique du Parti communiste réuni le 21 août 1924 précisait que sa compagne « communiste avertie sera nommée membre de la commission féminine » (BMP, n° 64). Un épisode mal connu est signalé par les Carnets Cachin à la date du vendredi 13 mars 1925 : « Marty est outré que sa belle-mère ait été exclue du parti, et que Marty déclare qu’il ne rentrera au Parlement et dans le parti que si sa belle-mère est réintégrée. »

L’Humanité signalait parfois sa présence dans des rassemblements politiques pendant les séjours de Marty en prison, comme le 23 mars 1930 à Saint-Denis lors de la proclamation de la victoire de [ Jacques Doriot aux élections municipales. Elle fut membre de la commission exécutive de la coopérative « révolutionnaire » La Bellevilloise de 1926 à 1928.

Selon les rapports de police, elle était séparée de Marty « de fait et de biens depuis 1929 (...) avec toutefois quelques périodes de réconciliation ». Cette information semble problématique car elle était avec lui à Moscou en 1932. C’est pendant les premiers mois de 1937, alors que Marty était rappelé à Moscou, que Pauline — qui était responsable de l’administration des hôpitaux des brigades — le quitta définitivement et vécut avec un officier espagnol, Vicente Talens, militant communiste. Des volontaires se plaignirent de son autoritarisme, ainsi Henri Storck qui l’accusa même "d’assassinat" sans que ses affirmations, sans doute excessives, aient pu être vérifiées.

Vicente Talens fut fusillé par les franquistes le 25 juin 1940 à Valence. Le divorce d’avec André Marty avait été prononcé le 27 janvier 1938 alors qu’elle était enceinte. Avec sa sœur Mathilde Péri, Pauline éleva la fille qu’elle avait eu avec Vicente Talens. L’enfant fut adopté par Gabriel Péri (à titre posthume) et Mathilde Péri puis vécut avec celle-ci. Selon son témoignage, [ Jacques Duclos manifesta de l’hostilité à son égard quand, jeune fille, elle commença à fréquenter les réceptions des élites communistes (« Qu’est-ce qu’elle fait ici ? »). Elle travailla dans les studios de cinéma des pays de l’Est (URSS, Roumanie), notamment comme maquilleuse. Au début de l’année 1956, à Bucarest, on lui montra de loin Sofia Jancu, compagne de Gabriel Péri, en lui disant : « Nous sommes bien embarrassés, nous avons deux Madame Péri ». A son retour en France, elle travailla pour la société de cosmétique L’Oréal, comme chef de projet.

Pauline avait été internée administrativement à Rieucros (Lozère) avec sa sœur et sa fille en1940. Mathilde en séjour surveillé à Chateaurenard (Bouches-d-Rhône) lui écrivait en janvier 1942 à Rieucros. Pauline Taurinya participa à la Résistance en Corrèze comme agent de liaison.

Lors de l’ « Affaire Marty », Pauline se rendit à Toulouse pour rencontrer son premier mari et fut exclue par sa cellule. Elle vécut à Chateaurenaud (Bouches-du-Rhône) où habitait son père. Son frère, Albert Taurinya, militant communiste de Toulouse, accepta de servir de boîte aux lettres pour la correspondance d’André Marty puis il communiqua le courrier de l’exclu à la direction du Parti communiste.

Pauline Taurinya mourut en Corrèze, au domicile de sa fille. Cette dernière ignora tout, jusqu’en 2001, des circonstances réelles de l’arrestation de Gabriel Péri et de l’Affaire Marty.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120761, notice MARTY Pauline, Thérèse [née TAURINYA Pauline] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 13 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Jean Maitron. — Bibliothèque marxiste de Paris, microfilm n° 64. — L’Humanité, 24 mars 1930. — Andreu Castells, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, op. cit. — État civil : pas de mention de décès en 1989. — Ach. RGASPI, Moscou, 495 270 8541 : dossier personnel, une autobiographie sans date, une autobiographie rédigée à Moscou le 28 octobre 1931. — Témoignage de sa fille, Madame Talens-Péri, 15 juin 2001. — Service de censure du camp de Rieucros., communiqué par Michèle Descolonges.

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