MARTY-CAPGRAS Andrée, Esther

Par Gilles Morin

Née le 15 juin 1898 à Laguépie (Tarn-et-Garonne) ; morte le 19 juin 1963 à Paris ; professeure puis journaliste ; militante socialiste de la Seine puis compagnon de route du Parti communiste français ; membre de la CAP de la SFIO (1938-1940), puis du comité directeur (1944-1946).

Fille d’une institutrice et d’un instituteur, Antoine Capgras, qui fut député socialiste du Tarn-et-Garonne de 1924 à 1932, Andrée Capgras fut professeure de lettres au cours secondaire La Fontaine (Paris IXe), mais renonça à ce métier pour l’action politique et le journalisme après la Seconde Guerre mondiale.

Installée à Paris, elle s’engagea très jeune dans l’action socialiste. Elle épousa le 31 octobre 1919 à Montauban, Fernand Marty (ingénieur, né le 28 février 1896 à Caussage, Tarn-et-Garonne) et milita sous son double nom dans différentes sections de la Seine. Elle fut notamment membre de la commission exécutive de la fédération, suppléante à partir du 30 septembre 1929 puis titulaire jusqu’à la guerre. Élue au Comité national des Femmes socialistes lors du XXIXe congrès national (Paris, 29 mai-1er juin 1932), elle occupa les fonctions de secrétaire adjointe. Elle rendait compte dans La Femme socialiste des activités du Comité national qui revendiquait en septembre 1932 l’adhésion de 2 223 femmes (2 024 en juin) essentiellement groupées dans les Fédérations du Nord, de la Seine, Seine-et-Oise et Haut-Rhin.

Membre de la tendance « La Bataille socialiste » de Jean Zyromski, Andrée Marty-Capgras signa en 1931 la motion Lagorgette qui refusait de distinguer état de guerre et état de paix et déclarait toute guerre impérialiste. Elle représenta cette motion à la commission des résolutions issue du congrès fédéral de la Seine des 3 et 4 mai 1931. Collaboratrice occasionnelle de Révolte, « revue mensuelle pour l’émancipation du prolétariat par le prolétariat », elle écrivit dans Le Populaire jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et ne cessa de défendre la perspective de l’unité du PS et du PC. En 1934-35, elle se fit l’apôtre de l’unité organique dans Le Populaire : elle avait côtoyé Octave Rabaté à la rédaction de Paix et Liberté, organe du mouvement Amsterdam-Pleyel. Le 24 novembre 1937, le Parti socialiste décida de mettre fin à la commission d’unification, en invoquant un article intitulé « l’Union soviétique et la classe ouvrière des pays capitalistes » publié par Dimitrov dans l’Humanité du 12 novembre. Andrée Marty-Capgras protesta, rappelant que les thèses de Dimitrov n’avaient pas varié depuis 1935. Elle écrivit dans Le Populaire du 3 décembre : « Veut-on poser des conditions à la reprise ? Qu’on le fasse alors mais démarrons ! » Toujours membre de la Bataille socialiste, elle était signataire de la motion Blum-Zyromski au congrès fédéral de la Seine de 1939.
Affectée d’octobre 1939 à juillet 1940 au lycée de garçons à Toulouse, elle reprit son poste au cours La Fontaine en octobre 1940, professant dans le même temps au cours Racine à Saint-Mandé, et était correctrice à l’École universelle, boulevard Exelmans.

Elle s’engagea dans la Résistance durant la guerre. Après l’arrestation d’Albert Comba, typographe qui détenait une liste contenant son nom, elle subit deux perquisitions allemandes fin 1940 et début 1941. L’adresse de maitre Nordmann fut trouvée chez elle. Elle participa à la reconstitution du PS clandestin dans la zone nord et fut membre du groupe « Action socialiste ».

À la Libération, chargée de mission à l’Assemblée consultative provisoire, Andrée Marty-Capgras collabora à Franc-Tireur. Elle entra au bureau de la fédération socialiste de la Seine, étant secrétaire aux femmes en novembre 1944. Elle fut nommée membre du Comité directeur par la conférence nationale des Fédérations socialistes reconstituées du 12 novembre 1944 qui la chargea de l’organisation des femmes, des prisonniers et déportés. De plus, elle appartint à la délégation du comité directeur au comité d’entente avec le PCF, désigné en décembre 1944 et reconduite en 1945. Réélue l’année suivante, elle demeura déléguée nationale à la propagande des femmes socialistes jusqu’en juin 1946. Au congrès d’août 1945, elle rapporta sur l’activité de la commission des déportés et emprisonnés et sur celle du secrétariat aux questions féminines. Elle fut candidate à la deuxième Assemblée constituante en juin 1946. Elle adhéra à la Ligue française pour la Palestine libre dans cette période.

Toujours attachée à l’unité ouvrière et au rapprochement avec le PCF, elle fut de la petite équipe qui tenta de ranimer la « Bataille socialiste », s’opposa à l’évolution de la SFIO à l’automne 1947. Elle se solidarisa avec Élie Bloncourt, Haas* et Morin* exclus le 8 janvier 1948, et fut exclue à son tour le 15 janvier suivant. Ensemble, ils fondèrent le Parti socialiste unitaire au début de 1948. Elle fut membre de son comité directeur en septembre 1948 et 1949.

Son itinéraire professionnel fut parallèle à son itinéraire politique ; elle quitta Franc-Tireur en 1948, lors de la crise ouverte entre communisants et partisans du RDR. Elle rejoignit Libération de d’Astier de la Vigerie, où elle fut journaliste parlementaire puis chargée de la rubrique : « Si toutes les femmes du monde...", puis, enfin fut chef du service politique en 1950. Elle milita à l’Union des femmes françaises, dont elle fut membre du bureau directeur, puis l’une des vice-présidentes, au Secours populaire français et participa au Mouvement de la paix, à la Fédération démocratique internationale des femmes et à l’Union des femmes françaises (UFF) dont elle était l’une des vice-présidentes de 1953 à 1963.

Lors du débat sur le contrôle des naissances, André Marty-Capgras défendit le livre de Jacques Derogy (Libération, 13 février 1956) à l’opposé des consignes données aux femmes communistes.

Un de ses derniers actes politiques fut d’être l’une des signataires de la « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », dit "Manifeste des 121".

Victime d’une banale chute, opérée d’urgence, elle ne surmonta pas le choc et mourut à l’âge de 65 ans. Son corps fut exposé dans le hall du journal Libération, puis elle fut inhumée à Montauban.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120767, notice MARTY-CAPGRAS Andrée, Esther par Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 13 décembre 2023.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat, 19910695/2/4389 ; 19980419/23. — Archives Pierre Stibbe. —Arch. de l’OURS, dossier personnel. — Le Monde, 21 juin 1963. — Journaux cités. — Comptes rendus des congrès du Parti socialiste. — William Guéraiche, Les femmes et la République, Editions de l’Atelier, 1999. — Renée Rousseau, Les femmes rouges, Albin Michel, 1983. — Sandra Faolle, L’Union des femmes françaises. Une organisation féminine de masse du Parti communiste français, 1945-1965, thèse, 2005. – Note de Jacques Girault.

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