MARZIN Pierre [MARZIN Francis, Pierre]

Par Yann Le Floc’h, Alain Prigent, François Prigent

Né le 15 décembre 1904 à Saint-Samson (Morbihan), mort accidentellement le 30 juin 1967 à Domfront (Orne) ; boulanger, tôlier, cultivateur ; dirigeant de la CGPT et du PC dans les Côtes-du-Nord et dans le Finistère.

Pierre Marzin
Pierre Marzin

Issu d’une famille de petits commerçants (père entrepreneur de travaux publics puis commerçant et cultivateur, mère commerçante), frère de Gustave Marzin et de Madeleine Marzin, Francis Marzin dut travailler dès l’âge de quatorze ans comme ouvrier boulanger à Plouaret (Côtes-du-Nord). Puis il apprit le métier d’ouvrier tôlier lors de séjours successifs à Orléans, Rennes et Pontchâteau (Loire-Inférieure) où il créa un syndicat de métallurgistes et adhéra aux Jeunesses communistes. Licencié en 1932, il revint à Plouaret où il s’établit comme carrossier automobile au Rhun, hameau de Plouaret. L’ouest du département des Côtes-du-Nord était alors, de la part des petits fermiers appuyés par l’extrême-gauche, le théâtre de larges luttes contre les ventes-saisies.

En 1933, Marzin était, avec le socialiste Philippe Le Maux, responsable de la CGPT (Confédération générale des paysans travailleurs) pour l’arrondissement de Guingamp. En février 1934, Marcel Cachin vint le chercher pour représenter les fermiers bretons au grand meeting antifasciste de Bullier, à Paris. Il fut arrêté le mois suivant à l’occasion d’une action anti-saisie à Pont-Melvez et fut condamné par le tribunal correctionnel de Guingamp à six jours de prison pour violences à agents et entrave à la liberté des enchères. En décembre 1935, faisant office de secrétaire départemental, il écrivit une lettre à François Tanguy-Prigent, pour lui proposer la fusion de la Fédération du Finistère de la CNP avec les UD des Côtes-du-Nord et du Morbihan de la CGPT, lettre qui resta sans réponse malgré la conjoncture politique et la collaboration des socialistes de la région de Lannion avec la CGPT. Marzin fut blessé peu après lors des échauffourées qui suivirent le meeting de Dorgères à Bégard le 26 janvier 1936. Cela lui valut une interdiction de séjour dans le département.

Candidat communiste dans la première circonscription de Guingamp aux élections législatives de 1936, il recueillit 13.1 % des voix puis seconda Georges Voisin, secrétaire fédéral socialiste et responsable CGT pour la ville, durant les grèves qui suivirent. Il fut un des principaux organisateurs du meeting du 3 janvier 1937 du syndicat CGPT de l’arrondissement qui inquiéta beaucoup les autorités et mobilisa un important service d’ordre mais qui se solda par un demi-échec, marquant la fin du vaste mouvement paysan qui avait pris son essor en 1932. Marzin multiplia les réunions, participa aux actions antifascistes unitaires de la gauche, notamment en août 1937 contre le PSF à Bourbriac et contre le PPF à Guingamp, et prit une importance croissante dans le Parti communiste. Secondant Yves Flouriot, secrétaire régional, il intervint dans plusieurs réunions pour l’application intégrale du programme de Front populaire, réunions au cours desquelles il critiquait la SFIO. En septembre 1937, au nom du Secours populaire de France, Francis Marzin et Louis Guilloux s’investirent totalement dans l’aide aux Espagnols arrivés en masse dans le département. Après de difficiles négociations, le préfet leur accorda une autorisation pour rendre visite aux réfugiés espagnols. Ils furent accompagnés par Mme Cochet, Mme Schwinckert et Joseph Allainmat.

Francis Marzin, candidat du PC, obtint aux cantonales à Plestin-les-Grèves, le 10 octobre 1937, 436 voix sur 2464 suffrages exprimés soit 17.7 %. Le candidat du PSF Guyomard avec 1054 voix (42.8 %) obligea le conseiller général sortant radical-socialiste Louis Cornic à un second tour (973 voix et 39.5 %). Marzin se désista pour le radical obtint qui l’emporta étant le seul candidat.

Le Parti communiste lui fit suivre une école centrale d’un mois puis une de six mois en 1938 où il fut apprécié.

En 1939, malade, il prit du recul par rapport à la vie militante, démissionnant de son rôle de propagandiste. Il travailla alors dans un garage de Lannion avant de se marier le 24 juillet 1939 à Paule. Mobilisé en 1939 dans les "Travailleurs militaires", il fut affecté spécial comme ouvrier tôlier dans un garage de Laval. Lors d’une perquisition effectuée le 2 avril 1940 chez sa mère à Plouaret, la police sembla surprise de sa présence. Marzin affirma avoir détruit toute sa documentation sur les conseils de Gitton, membre du comité central. Interné à Fort-Barraux (Isère), il fut signalé comme déserteur le 20 août 1940.

Arrêté le 25 avril 1941 à Lannion, il fut écroué à la maison d’arrêt pour désertion. Le 3 mai 1941, il profita d’une permission accordée pour l’accouchement de son épouse pour s’évader. Il fut recherché à Port-Vendres (Pyrénées Orientales). Il se cacha ensuite à Paule, dans la commune de son épouse. Sans avoir de relations approfondies avec les réseaux communistes en 1943-1944, il participa à la libération de Carhaix avec une unité de FTP des Côtes-du-Nord en août 1944. Il fut question de son retour à la direction de la fédération communiste des Côtes-du-Nord en 1949 mais il dut faire face à une fronde des militants du Sud-Ouest du département qui lui reprochèrent son manque d’engagement en 1943. Installé comme tôlier à Carhaix (Finistère), il intégra le comité de la fédération du PCF du Finistère en février 1952, en janvier 1953.

Il décéda en 1967 dans un accident de la route en Normandie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120796, notice MARZIN Pierre [MARZIN Francis, Pierre] par Yann Le Floc’h, Alain Prigent, François Prigent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 22 juillet 2022.

Par Yann Le Floc’h, Alain Prigent, François Prigent

Pierre Marzin
Pierre Marzin

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 4281. — Arch. Dép. Côtes d’Armor, 1M362, 4M287 (Réfugiés espagnols), 2W132, 12W28, 1043W24. — Arch. PPo. GB 190 (photo). — Arch. Seine-Saint-Denis, ex-BMP (Bibliothèque marxiste de Paris), Bobine. — Arch. comité national du PCF. — L’Aube Nouvelle, hebdomadaire de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1945-1951). — Christian Bougeard, Les forces politiques en Bretagne. Notables, élus et militants (1914-1946), Presses Universitaires de Rennes, 2011. — Marcel Cachin, Carnets, Tome 4, CNRS, 1997. — François Guégan, Le Parti communiste, la SFIO et le mouvement paysan et ouvrier de 1930 à 1939 dans les Côtes-du-Nord, mémoire de Maîtrise, Paris I, 1974. — Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, chez l’auteur, 2002. — Jean-Pierre Le Foll, Campagnes rouges de Bretagne centrale : l’implantation communiste en Trégor intérieur et Haute-Cornouaille (1944-1958), maîtrise d’Histoire, Université de Bretagne occidentale, 1989. — Alain Prigent, Le meeting de Dorgères à Bégard, Le Trégor, janvier 1996. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Alain Prigent et François Prigent, « les trajectoires militantes dans l’œuvre de Louis Guilloux », in Confrontations, Actes du colloque d’octobre 2012, Société des Amis de Louis Guilloux, Saint-Brieuc. — François Prigent, Un socialisme d’extrême gauche dans le Trégor, La Charrue Rouge d’Augustin Hamon et Philippe Le Maux (1930-1937), mémoire de maîtrise, 2000, Rennes II. — Le Maitron, notice de Yann Le Floc’h in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (DBMOF), période 1919-1939. — Louis Guilloux, Carnets, Tome 1, Gallimard. — Entretien d’Alain Prigent avec son frère Gustave en 1984. — État civil.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 190.

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