Par Jean-Louis Panné
Né et mort à Limoges (Haute-Vienne) : 23 juin 1902-28 juillet 1972. Secrétaire de l’Union départementale CGT de la Haute-Vienne (1937-1944).
Fils d’un calibreur et d’une ouvrière, peintre sur porcelaine, Armand Masbatin, ouvrier cordonnier et militant libertaire, était le neveu de François Masbatin et d’Armand Beaure. Il fut secrétaire du syndicat autonome de la Chaussure, puis de l’Union départementale des syndicats autonomes.
En 1928, il fut l’un des négociateurs avec le patronat de la Chaussure aux côtés des militants confédérés. Il était actionnaire de la coopérative des ouvriers boulangers créée sur l’initiative du militant libertaire Peyroux, en concurrence avec la boulangerie de la coopérative « L’Union » qui dura peu.
Après l’unité de 1935, Masbastin devint secrétaire adjoint de l’Union départementale unifiée des syndicats de la Haute-Vienne. Il était un de ses trois délégués permanents. En 1937, il succéda au secrétariat général à Henri Daudin démissionnaire. Les ex-unitaires ayant réussi à obtenir que la commission exécutive passât de 18 à 36 membres, il eut notamment comme adjoint le communiste Ferdinand Guiraud.
Après la signature du Pacte germano-soviétique, les relations de l’UD avec la confédération furent coupées. Armand Masbatin ne put se faire remettre le courrier retenu par la censure. Le 7 novembre 1939, à l’issue de la réunion de la commission exécutive, fut adoptée une motion condamnant la « trahison soviétique » et l’attaque de la Pologne par l’Armée rouge. Masbatin en était l’un des signataires.
Le 6 octobre 1940, Masbatin participa à Nîmes à une réunion organisée à l’initiative de Roger Bertrand, secrétaire de l’UD-CGT de Dordogne et émissaire officieux du ministère de la Production industrielle et du Travail ; cette réunion regroupa 81 délégués de 29 UD différentes et 11 fédérations professionnelles et donna naissance à un comité syndical de coordination dont Masbatin fut l’un des quatre secrétaires aux côtés de Louis Bertin (Savoie), Roger Bertrand, Raymond Perrier (Puy-de-Dôme). En 1941, il devint conseiller national de Vichy, représentant la Chaussure. Il définit sa position dans un article publié le 18 janvier 1941 par Au Travail et participa au congrès national des « Amis de Au Travail " en tant que secrétaire général de l’UD de la Haute-Vienne. Au Conseil national, il siégea à la 3e commission d’information générale du 25 mars au 1er avril 1942 puis fut chargé de mission à l’office des comités sociaux à Limoges : nommé par arrêté du 16 avril 1943 membre du comité chargé provisoirement de procéder aux nominations et promotions dans l’ordre national du Travail. Par arrêté du 25 août 1943, il fut nommé membre du conseil d’administration du syndicat unique des ouvriers et employés de la famille du cuir de Limoges (circonscription territoriale : Haute-Vienne moins le canton de Saint-Junien (Haute-Vienne), parties non occupées de la Charente et de la Vienne). À sa nomination au Conseil national en 1941 il fut présenté comme "secrétaire général de l’Union des syndicats de la chausse". Le 3 décembre 1942, un Jean Masbatin, conseiller municipal d’Isle, fut nommé vice-président du Conseil départemental de la Haute-Vienne. Serait-ce le même ?
Il fut exclu à vie de toutes organisations syndicales, le 18 octobre 1944.
Armand Masbatin s’était marié en 1930 à Limoges.
Par Jean-Louis Panné
SOURCES : M. Laguionie, Les trois CGT, Histoire du mouvement syndical à Limoges de 1919 à 1939, Éditions Force ouvrière, s.d. — Compte rendu des travaux de la commission nationale de reconstitution des organisations syndicales, Versailles, 1946. — R. Handoutzel, C. Buffest, La collaboration... à gauche aussi, Perrin, 1989. — Notes d’Antoine Perrier et de Jean Maitron. — État civil.