MASSON Charles, Henri

Par Yves-Claude Lequin

Né le 11 novembre 1905 à Balaiseaux (Jura), mort le 31 mai 1999 à Poligny (Jura) ; instituteur dans le Jura ; militant syndicaliste de la FUE puis du SNI ; militant communiste puis socialiste.

Fils d’une institutrice et d’un artisan sabotier qui était aussi cultivateur (mais ne déclarant pas de profession en 1905), Charles Masson fut très marqué par la Première Guerre mondiale puisque, dans sa famille, deux hommes sur quatre furent tués.

Entré à l’École normale d’instituteurs en 1921, il en sortit en 1924. L’année suivante, il adhérait au groupe des Jeunes du Syndicat unitaire de l’enseignement et s’abonnait à L’École émancipée. En 1926, il effectua son service militaire au Maroc ; par antimilitarisme, il refusa de suivre les cours d’élève-officier. Par la suite, dans les années 1930, il fut cassé du grade de sergent de réserve pour avoir soutenu un ancien combattant qui avait renvoyé son livret militaire.

De retour en France en 1927, il fut nommé instituteur à Plasne (Jura) et y demeura jusqu’en 1940. Il s’y maria le 30 septembre 1929. Le couple eut deux enfants.

Charles Masson se lança dès lors dans l’action militante et fut secrétaire départemental du Secours rouge international. Sur le plan syndical, il fut aussitôt membre du conseil fédéral (1928-1930), secrétaire adjoint et secrétaire (1932-1935) du syndicat unitaire de l’Enseignement du Jura. Membre du secrétariat national du groupe de Jeunes, il en fut le secrétaire général de celui-ci de 1930 à 1932. Il entra en 1928 au bureau fédéral et au conseil fédéral où il représenta le Jura jusqu’en 1930 et participa aux cinq congrès de la Fédération unitaire de l’Enseignement de 1928 à 1932. Depuis 1932 (au moins) il était secrétaire du Cartel unitaire départemental des fonctionnaires et employés des services publics.

Sur le plan politique, il adhéra en 1927 au Parti communiste, sous l’influence de son ami Louis Bougeot et fut le principal organisateur et orateur du parti dans la région de Lons-le-Saunier, pauvre en militants ; en 1932, il était un des principaux dirigeants du rayon de Lons-le-Saunier (voir Gustave Thouvenot* ). Il fut désigné comme membre du bureau de la nouvelle région du Jura par la conférence régionale du 22 décembre 1935.

Après le 6 février 1934, il fut gréviste le 12 février, et assuma de nouvelles responsabilités. Dès 1935, il participa à l’unification syndicale chez les instituteurs et devint membre de la commission exécutive, peut-être même secrétaire adjoint de la section jurassienne du SNI unifié ; il fut en outre élu en 1936 secrétaire de la section jurassienne de la Fédération générale des fonctionnaires CGT. En 1937, il fut élu secrétaire départemental du Syndicat national des instituteurs en remplacement de Gaston Meunier et conduisit la grève du 30 novembre 1938 avant d’être seulement membre du conseil syndical. L’année suivante, il condamna publiquement le Parti communiste qu’il quitta à la suite du Pacte germano-soviétique.

Mobilisé le 24 août 1939 puis démobilisé en juillet 1940, il fut déplacé d’office en septembre 1940, d’abord dans un village du Sud du Jura, puis dans le Cantal en janvier 1941 et enfin à Saint-Bois (Ain), où il resta de septembre 1941 à septembre 1944. À la Libération, il fut nommé à Poligny (Jura) où il termina sa carrière en 1964, ayant en charge la classe de fins d’études dans l’école dont il était le directeur.

Dès 1944, Charles Masson avait repris l’action : chargé, avec Roger Mermet, de reconstituer les syndicats, il devint en octobre 1944 membre de la commission administrative de l’UD-CGT et délégué du personnel ; l’année suivante, il appartint au conseil départemental du SNI et le demeura jusqu’en 1951. Lors de la réunion du conseil national du SNI, les 27-28 mars 1945, il intervint dans le débat sur la réforme de l’enseignement pour défendre la place et le contenu de l’enseignement agricole. Lors de la réunion du conseil national à Pâques 1945, il fit partie de la commission chargée de rédiger la motion laïque. En 1945, il devint aussi secrétaire départemental de la Fédération des œuvres laïques puis vice-président et enfin président, et le demeura jusqu’en 1961. Militant également de la Ligue de l’enseignement, il fut notamment membre de sa direction. Il y lutta en particulier contre toute atteinte, sous quelque prétexte que ce soit, aux principes de laïcité.

Charles Masson adhéra en 1958 à l’Union des forces démocratiques puis, la même année, au Parti socialiste autonome. Devenu membre du Parti socialiste unifié, il le quitta en janvier 1968 pour entrer peu après à la Convention des institutions républicaines et finalement, avec celle-ci, dans le Parti socialiste, en 1969.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120930, notice MASSON Charles, Henri par Yves-Claude Lequin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 26 avril 2021.

Par Yves-Claude Lequin

SOURCES : Arch. Nat. F7/13026. — Arch. Dép. Jura, M suppl. 239, M suppl. 271. — Le Semeur, décembre 1932. — Le Journal de Dole, 11 novembre 1944. — Témoignage de Charles Masson, février 1974 et renseignements fournis à Jacques Girault en 1977. — DBMOF, notice par Y.-Cl. Lequin.

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