MASSON Simone

Par Robert Aimé

Née le 19 juin 1902 dans la Somme, morte le 12 juin 1993 à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), fonctionnaire en Algérie (1938-1963) ; militante communiste ; animatrice d’activités culturelles dès 1930.

Suite à la disparition du père (1910), la mère et ses deux filles, l’aînée, Suzanne Masson , était née le 10 juillet 1901, viennent vivre à Courbevoie (Seine) où le grand-père fut percepteur. La guerre — et la mort de la grand-mère — obligèrent leur mère à trouver un emploi (auxiliaire au ministère des Pensions, 1917).

Après l’école communale, Simone Masson suivit une formation « histoire et géographie » grâce à sa sœur Suzanne qui lui donna sa bourse d’études obtenue en 1913 ; Simone arrêta néanmoins ses études un an avant la licence.

Après un premier emploi à la Maison du Livre français (un an). 1925, elle travailla au Touring-Club de France (TCF) au « Service itinéraire et villégiature ». En 1930, elle accéda, par concours, au « Service commission tourisme en montagne » ; le président Charles Valot la choisit comme secrétaire, elle acquit vite la conviction que tourisme et culture allaient de pair. En 1936, Simone Masson rejoignit son mari en Algérie (mariage en 1935), nommé professeur au lycée d’Alger. Elle fut tout de suite désignée déléguée du Touring-Club (bénévole). En 1938, elle divorça, fit un bref séjour à Paris où le TCF lui proposa un emploi, à condition qu’elle se sépare de sa sœur Suzanne, du fait de ses activité politique au parti communiste et syndicaliste à la CGT chez Rateau à La Courneuve (Seine). Elle déclina l’offre et retourna en Algérie ou elle fut embauchée au gouvernement général d’Alger comme auxiliaire, puis titularisée en 1941. Sa mère la rejoignit.

En 1942, la famille fut durement éprouvée : Suzanne Masson fut arrêtée le 5 février par la police française, emprisonnée à Paris puis remise à la Gestapo et transférée en Allemagne. Jugée à Lübeck par la cour martiale, le 26 juin 1943 elle fut condamnée à mort par décapitation à la hache et exécutée le 1er novembre 1943 à Hambourg.

Cette même année 1943, Simone Masson fut sollicitée — en Algérie — par Étienne Fajon et Roger Garaudy pour collaborer à L’Université nouvelle qu’ils avaient créée à Alger. Le siège était chez elle, L’Université nouvelle connaît un grand succès.

En septembre 1944, Simone Masson se rendit en France — en avion présidentiel — travaillant alors au secrétariat de Louis Joxe (secrétaire général du Comité de Libération nationale depuis 1943) qu’elle avait connu à la Sorbonne, ainsi que Pierre Mendès France. Ce dernier la sollicita, mais elle déclina l’offre pour accepter celle de François Billoux (elle était membre du PCF), ministre de la Santé publique.

En juillet 1945, Simone Masson reprit son poste au gouvernement général d’Alger, nommée « directeur des Offices du Travail », elle créa le service médico-social. Au début de 1945, Henri de Segogne, commissaire général au Tourisme, avait contacté le gouvernement général en vue de constituer Tourisme et Travail en Algérie. Le nom de Simone Masson fut avancé. Paoletti, président de Tourisme et Travail parvint à la convaincre d’accepter le poste de « déléguée générale Tourisme et Travail de l’Afrique du Nord » (lettre du 31 mai 1945) ; elle reçut le soutien du gouverneur général, Yves Chataigneau,, qui proposa le siège en ces lieux. En février 1947, la délégation devint Tourisme et Travail-Travail et Culture ; Simone Masson réalisait ainsi son vieux souhait d’associer tourisme et culture. Trois délégations furent crées à Alger, Oran, Constantine ainsi que des sous-délégations à Blida, Tlemcen, Mostaganem et des sections locales ou correspondants dans d’autres villes. Simone Masson saura s’entourer d’une équipe efficace qu’il convient de citer ici : André Mandouze, professeur au Collège de France, en fonction à Alger, qu’elle sollicita pour la présidence, Georgette Arnollet, qui, dès le début, l’orienta vers les activités culturelles, Madeleine Michon, institutrice, sa fille Odile Michon, professeur au collège Bencheneb, Mme Isnard, trésorière, Henri Nisard, Ligue de l’enseignement, Jean Garoby, président du groupe TEC, Mohamed Abdelli, professeur de philosophie, Barthélemy Amengual, instituteur, ciné-club, Madeleine Chaumat...

De 1945 à 1956, les délégations TT-TEC offriront une gamme d’activités de qualité : voyages en métropole et inversement, bibliothèques, conférences tous sujets, ciné-club, théâtre, visites de musées, monuments, usines, chorales, marionnettes, « soirées culturelles du mercredi » toutes disciplines, activités pour enfants, etc. Bien que l’activité soit plus intense en Algérie, Simone Masson parviendra à mettre sur pied une délégation au Maroc ainsi qu’en Tunisie où elle se rendait deux fois par an.

De 1957 à 1962 (les « années dures »), l’activité devient difficile. Simone Masson fut expulsée d’Algérie, Madeleine Chaumat et Mohamed Abdelli furent arrêtés ; les autres militants continuèrent courageusement à faire vivre l’association et parvinrent à conserver, non sans mal, leur local d’Alger. En novembre 1962, Simone Masson revint en Algérie et tenta — en accord avec le secrétariat national TT — - de « transformer Tourisme et Travail en une association algérienne représentative du tourisme populaire dans ce pays » (courrier Simone Masson à TT Paris du 28 décembre 1962). Le 14 mars 1963, une nouvelle lettre, cosignée par Simone Masson, Barthélemy Amengual, Mohamed Abdelli, indiquait entre autres : « Il faut bien convenir que les conditions ne sont pas remplies pour qu’une organisation comparable à TT puisse s’épanouir en Algérie ».

De retour en France, Simone, à soixante-et-un ans, prit sa retraite. Elle milita activement au PCF sur la commune de Montreuil (Seine) et porta le poids douloureux que constitua la mort de sa sœur Suzanne. Elle en défendra constamment la mémoire et sera présente lors des nombreux hommages qui lui seront rendus ; c’est ainsi qu’elle reçu, le 4 juillet 1954 par le général Petit, la croix de guerre et la Légion d’honneur attribuées à Suzanne Masson à titre posthume. Simone Masson mourut à l’âge de quatre-vingt-onze ans et fut incinérée au cimetière du Père-Lachaise où une foule nombreuse vint rendre hommage à cette ardente militante.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article120948, notice MASSON Simone par Robert Aimé, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Robert Aimé

SOURCE : D’après les entretiens avec Simone Masson, 1985-1986.

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