MAUGER Charles, Louis, Henri

Par Yves Le Floch

Né le 17 avril 1900 à Cherbourg (Calvados), mort en déportation le 5 novembre 1943 ; Secrétaire général de l’Union locale de Cherbourg (Manche) de 1937 à 1939 ; conseiller municipal communiste d’Octeville en 1935.

Ouvrier aux constructions neuves de l’Arsenal de Cherbourg, demeurant à Octeville, Charles Mauger était en 1928 un des rares militants connu comme « libertaire » du Secours rouge international et des syndicats unitaires. Archiviste du syndicat CGTU de l’Arsenal, il soutint François Jolivel durant la crise qui secoua l’Union locale à la fin de 1929, critiquant violemment la CGT mais s’abstenant de toute démission.

En 1931, après une rupture apparemment totale avec ses premières positions, Mauger était non seulement un militant important de l’Union locale unitaire et du Secours rouge mais également du Parti communiste. Il fut son candidat aux élections législatives de 1932 dans la circonscription de Valognes, où il recueillit 39 voix (0,3 % des suffrages exprimés), et aux élections cantonales d’octobre 1934 à Octeville. Secrétaire adjoint du syndicat CGTU de l’Arsenal de 1931 à la réalisation de l’unité syndicale en 1935, mandaté au congrès fédéral de 1931 et au congrès confédéral de 1933 — où il se situa dans les rangs de la majorité — Mauger remplaça en mars 1933 Lechevalier au secrétariat général de l’Union locale.

Mauger fut en 1935 un protagoniste important de l’unité syndicale, notamment au sein de la commission intersyndicale et de la coordination locale des partis communiste et socialiste. Devenu conseiller du syndicat unifié de l’Arsenal et élu à la commission exécutive de la nouvelle Union départementale CGT au congrès du 22 décembre 1935, puis à la commission administrative au congrès de mai 1936, Mauger vit, dans le cadre de l’unité, ses positions personnelles se dégrader constamment jusqu’à la guerre. Il semble que, contrairement à l’ensemble des ex-unitaires — Pinel mis à part — il n’ait pas été accepté par la majorité composée d’ex-confédérés qui chercha, à partir de 1938, à l’exclure de toute responsabilité. Candidat au secrétariat adjoint de son syndicat en avril 1938, il ne fut pas élu et ne recueillit que 805 voix alors que Defrance, militant communiste, était élu avec 1 679 voix. Le 28 mai, le congrès de l’Union départementale l’élut, bon dernier, membre de la commission exécutive, par 93 voix sur 137, tandis que celui du 2 juillet 1939, où 72 voix se portèrent contre lui, en fit le seul candidat non élu. Les raisons de cet ostracisme restent obscures et tiennent peut-être au reniement de ses convictions libertaires.

Charles Mauger fut d’autre part élu conseiller municipal d’Octeville en 1935 et assuma, à partir de janvier 1937, la gérance de la Lutte antifasciste, organe cherbourgeois du Comité mondial de lutte contre la guerre et le fascisme. Charles Mauger, déchu de son mandat municipal le 29 février 1940 pour appartenance au Parti communiste, fut arrêté par les Allemands, à son domicile, le 19 septembre 1941, interné le 25 septembre 1941 à Gaillon (Guillou ?), transféré le 6 mai 1942 à Compiègne puis déporté le 6 juillet suivant au camp d’Auschwitz, il serait mort dans la nuit du 4 au 5 novembre 1943.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121146, notice MAUGER Charles, Louis, Henri par Yves Le Floch, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Yves Le Floch

SOURCES : Arch. Nat. F7/13001, 13036, 13114 et 13133. — Arch. Dép. Manche, M, sous-préfecture de Cherbourg, 1er bureau, dossiers 39 et 75. — Jean Quellien, Les Élections dans la Manche, étude de sociologie électorale (1919-1969). — CGTU : Congrès confédéral de Paris, 1933. — L’Avenir de la Manche.Cherbourg-Éclair, 8 octobre 1934. — La Normandie populaire, 16 avril 1935. — La lutte antifasciste, 16 janvier 1937. — La Manche syndicaliste. - rens. fournis par la mairie d’Octeville.

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