Par Jacques Girault
Né le 12 août 1894 à Digne (Basses-Alpes) ; mort le 4 décembre 1986 à Draguignan (Var) ; professeur ; socialiste SFIO ; adjoint au maire (1925-1940) de Draguignan ; conseiller général (1937-1940, 1945-1970) du canton de Comps (Var).
Fils d’un portefaix, puis petit commerçant (fruits et légumes), Ernest Maurel, élève boursier au lycée Gassendi à Digne, titulaire du baccalauréat en 1914 (série mathématiques), surveillant d’internat au lycée de Digne, exempté du service militaire, non mobilisé, en novembre 1914, fut nommé répétiteur au collège de Draguignan en mars 1915. En janvier 1917, délégué comme surveillant d’internat au lycée de Montpellier, il obtint deux certificats de la licence à la faculté des Sciences de Montpellier en 1917 et acheva sa licence à la faculté des sciences de Marseille en 1918.
Il se maria en juillet 1918 à Draguignan. Le couple eut une fille.
Maurel, surveillant d’internat au lycée Thiers de Marseille de la rentrée 1917 à 1919, obtint une délégation pour l’enseignement des mathématiques au collège d’Ajaccio (Corse) en février 1919. Après avoir enseigné au collège de Pézenas (Hérault) en 1919-1921, il devint professeur de mathématiques et de sciences au collège de Draguignan à partir d’octobre 1921.
Ernest Maurel adhéra au Parti socialiste SFIO en 1924. Candidat au conseil municipal le 3 mai 1925 sur la liste du Cartel des gauches, élu, il devint deuxième adjoint. Reconduit le 5 mai 1929 sur la liste d’union des gauches et élu premier adjoint, puis le 5 mai 1935, il conserva ses fonctions de premier adjoint jusqu’à la suspension du conseil municipal le 11 décembre 1940. Il retrouva ses fonctions de conseiller municipal à la Libération mais ne se représenta pas aux élections d’avril 1945.
Membre de la commission exécutive de la section socialiste SFIO de Draguignan, Maurel, comme la plupart de ses camarades dracénois, resta à la SFIO à la fin de 1933 et continua à siéger à la commission exécutive, tout en développant, selon la police, des positions modérées. Il représentait la section de Comps au congrès fédéral de mai 1938. En effet, le maire de Draguignan, Joseph Collomp, conseiller général du canton de Comps, devenu député, « surchargé de travail », « voulut faire bénéficier le canton de Comps de l’activité et du dévouement de son ami Maurel » (L’Avenir, avril 1958). Aux élections du 10 octobre 1937, candidat du Front populaire, son élection au deuxième tour avec une voix de majorité (176 voix sur 441 inscrits), fut annulée par un arrêté du conseil de préfecture de Nice, le 10 décembre 1937, malgré son recours en Conseil d’État. À nouveau élu, au premier tour, le 7 août 1938 (252 voix sur 458 inscrits), membre de la commission des finances et secrétaire de la commission de l’hydraulique, il participa aussi à la commission des finances et fut secrétaire de la commission de l’hydraulique. Il représentait l’assemblée aux conseils départementaux de l’instruction publique, de l’enseignement technique et aux conseils d’administration des écoles normales. En plus des diverses commissions dont il était membre, s’ajoutaient notamment celles de l’électrification des campagnes et des HBM. Il suivait aussi le Comité départemental de la protection des enfants du premier âge.
Au début de la guerre, Ernest Maurel fut la cible des autorités administratives. L’inspecteur d’académie, le 15 octobre 1940, se fondant sur divers rapports de la période précédente, proposa sa révocation pour « faiblesse professionnelle avérée ». Il lui offrit la possibilité d’être nommé sur une suppléance de longue durée à l’école primaire supérieure de Draguignan. Maurel protesta et souhaita une inspection générale qui ne fut pas suivie d’effet. Révoqué de son poste de professeur, le 20 mars 1941, il fut admis d’office à la retraite. S’estimant avoir été « frappé arbitrairemenr par le gouvernement illégal de Vichy », il demanda sa réintégration à la Libération qui fut décidée en décembre 1944. Le Préfet avait résumé par une formule les raisons de l’éviction « insuffisance de rendement ». Quatre ans plus tard, son successeur notait que les causes de son éviction étaient politiques d’autant qu’il n’était pas franc-maçon. Il adhérait par la suite au Syndicat national de l’enseignement secondaire. Il adhérait par la suite au Syndicat national de l’enseignement secondaire.
Selon le comité fédéral du Parti socialiste SFIO du 4 décembre 1944, qui concluait à son maintien au parti, s’appuyant notamment sur les avis de Julien Cazelles et de Edouard Soldani sur Maurel s’était dès 1942 « mis à la disposition de Raoul Textoris pour transporter des journaux clandestins ». Il participa en outre, l’année suivante, à la reconstitution clandestine du Parti socialiste. Selon sa fille, dans l’épicerie qu’il tenait avec son épouse, il acceptait de fournir aux maquis de la région d’Aups (Var) des denrées alimentaires alors qu’il savait que les cartes d’alimentation présentées étaient fausses.
Maintenu dans ses fonctions de conseiller général du canton de Comps par le comité départemental de Libération, Maurel fut constamment réélu aux premiers tours en 1945, en 1951 (374 voix sur 720 inscrits), en 1958 (428 voix sur 655 inscrits) et en 1964. Devenu membre de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, il ne se représenta pas en 1970.
Son activité au Conseil général se partageait entre plusieurs secteurs :
les finances, membre de la première commission (finances), président de celle-ci jusqu’à la fin des années 1950, et diverses autres charges (commissions des allocations militaires, de visite des bâtiments départementaux, d’expropriation des terrains pour des travaux d’utilité publique, d’examen des marchés du département et des communes à partir de 1948, commission contrôle des opérations immobilières à partir de 1955, délégué au conseil d’administration de la Société de crédit immobilier des Bouches-du-Rhône à partir de 1957),
les transports : commissions des transports (désigné comme membre de la commission de l’Hydraulique en 1945, il permuta en cours de mandat) et diverses responsabilités proches (commission de vérification des comptes des services publics automobiles de 1945 à 1948, comité technique départemental des transports à partir de 1955),
l’enseignement : Conseil départemental de l’enseignement primaire, conseils d’administration des écoles normales à partir de 1948, commissions de gestion des fonds de la caisse départementale scolaire (loi Barangé), de surveillance des camps et colonies de vacances à partir de 1955,
secteur social : commission des allocations familiales et de la Médaille de la famille nombreuse à partir de 1951, commission d’études des questions de répartition des dépenses d’aide sociale et d’études du statut du personnel départemental à partir de 1957.
Pendant ces mandats, il participa aussi à la commission départementale en 1958, aux commissions du tourisme à partir de 1951, des transports, de l’hydraulique, du tourisme (à partir de 1951), d’électrification des campagnes (1945-1948), de désignation de jurés de la Cour de Justice d’Aix (1948) et de la Reconstruction (1957).
A la fin des années 1950, Maurel, qui n’enseignait plus depuis 1956, était pendant quelque temps, un des responsables des retraités du SNES. Bien qu’habitant Draguignan, il assurait le secrétariat de la section socialiste de Brovès et pouvait ainsi participer au comité fédéral SFIO.
Par Jacques Girault
Iconographie : Photo d’identité dans les années 1950.
SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 3 52, 5 292, 293, 295, 2 M 7 30 1, 32 1, 35 2, 4 M 49 4 3,50, 18 M 91, Cabinet 862. — Arch. Com. Draguignan. — Arch. Jean Charlot (Centre d’histoire sociale du XXeme siècle). — Procès-verbaux du conseil général.— Renseignements fournis par la fille de l’intéressé.