MAUREL Octave, Marie, Joseph

Par Jacques Girault

Né 4 janvier 1886 à Bandol (Var), mort le 30 juin 1969 à Bandol ; expéditeur ; maire socialiste SFIO de Bandol (1930-1941, 1944-1965) ; conseiller d’arrondissement (1931-1937), puis conseiller général (1945-1967) du canton d’Ollioules.

Fils d’un tonnelier et d’une couturière, Octave Maurel disait à propos de sa jeunesse : « J’ai été élevé par des parents fort laïques et toute mon éducation, toute mon enfance ont été bercées par l’esprit anticlérical et laïque » (déclaration dans une réunion du comité de la fédération socialiste SFIO, 20 février 1955).
Expéditeur de fleurs dont il assurait la collecte, il se maria à Bandol en 1907 et eut un fils.
Membre du groupe de la « Guerre sociale » en 1902, secrétaire de la section des Jeunesses laïques, il devint secrétaire de la section socialiste SFIO de Bandol (1905-1907) et membre du comité fédéral. Lors d’une élection municipale générale, le 15 octobre 1911, il fut élu conseiller municipal avec 192 voix sur 357 votants. Réélu, le 5 mai 1912, sur la liste du « comité d’Union républicaine et socialiste d’intérêt local » avec 284 voix sur 495 inscrits, mais, n’ayant pas participé à la vie communale pendant la guerre, il ne se représenta pas en 1919.
Mobilisé dans l’infanterie coloniale en 1914 comme fourrier, gazé, Octave Maurel fut réformé avec pension et assura, après la guerre, le secrétariat général de l’Union des poilus de Bandol (devenue association des Anciens combattants et victimes de la guerre). Libre penseur et franc-maçon, il fut secrétaire de la section locale de la Ligue des droits de l’Homme à partir de la fin des années 1920.
Octave Maurel reprit une activité politique lors de l’élection législative de 1928, faisant partie du comité de soutien au candidat socialiste SFIO, engagement qu’il renouvela en 1932. Secrétaire de la section locale socialiste SFIO, il se présenta aux élections municipales de mai 1929 sur une liste "socialiste d’Union des gauches et d’intérêt local", qui, le 5 mai, arrivait en troisième position, Maurel obtenant 174 voix sur 667 inscrits (soit beaucoup plus que ses colistiers). Il fut un des cinq élus de la liste au deuxième tour avec 268 voix et devint premier adjoint avec 9 voix contre 5 à son concurrent. Il participait en outre aux commissions de l’hygiène, des eaux, des finances, des beaux-arts et des écoles. A la suite d’une crise municipale, il devint maire, le 2 mai 1930, après avoir obtenu 6 voix aux deux premiers tours et 8 au troisième. Sa position se renforça par son élection au conseil d’arrondissement pour le canton d’Ollioules le 18 octobre 1931 (seul candidat, 1 149 voix sur 3 031 inscrits). Il devint président du conseil d’arrondissement de Toulon le 3 juillet 1933. Le sous-préfet prévoyait alors qu’il serait « vivement combattu » aux prochaines élections municipales.
En effet, lors de la scission dans le Parti socialiste à la fin de 1933, Octave Maurel passa au Parti socialiste de France et présida le meeting de rentrée politique de Pierre Renaudel à La Seyne, le 6 mai 1934. La police annonça, sans doute à tort, le 14 octobre 1934 qu’il venait de quitter le PSDF imitant ainsi son ami Paul Lemoyne. Pourtant le congrès fédéral du PSDF, en septembre 1935, le plaça en troisième position parmi les candidats possibles pour l’arrondissement de Toulon, pour les prochaines élections sénatoriales. Le 20 octobre 1935, obtenant 74 voix sur 510 inscrits, puis 100 voix au deuxième tour, son désistement assura la victoire du sénateur radical-socialiste sortant René Renoult. La même année, il fonda l’Amicale des maires du Var qu’il présida jusqu’en 1941.
Alors membre du comité fédéral du PSDF, Octave Maurel conduisit la liste qui comprenait aussi, phénomène rare, des membres du Parti socialiste SFIO, aux élections municipales de Bandol, le 5 mai 1935. Élu, en première position, avec 395 voix sur 807 inscrits, il conserva ses fonctions de maire.
Pour les élections législatives de 1936, Octave Maurel ne se prononça pas au premier tour entre les candidats socialistes SFIO et USR. Il s’engagea seulement au deuxième tour en faveur du candidat communiste du Front populaire. Toutefois, à Bandol, ce dernier n’obtint pas la majorité. Maurel réintégra alors le Parti socialiste SFIO. Désigné par le conseil général, le 25 novembre 1936, comme membre du comité départemental des sports et loisirs, il se représenta au conseil d’arrondissement en octobre 1937. Arrivé en deuxième position, avec 681 voix sur 3 593 inscrits, derrière le candidat USR, l’ancien conseiller d’arrondissement Marius Trotobas, il se désista pour le deuxième tour.
Non mobilisé au début de la guerre, Maurel, qui avait cessé de travailler pour se consacrer à son mandat de maire, devait être attaqué en 1940-1941 par les milieux nationalistes et par la section locale de la Légion des combattants français dont il était membre. Ils lui reprochaient notamment, outre ses convictions maçonniques et socialistes, d’avoir refusé de baptiser un quai de la ville du nom du maréchal Pétain. Aussi, avec les autres élus, écrivit-il une lettre de démission où il s’estimait « conscient d’avoir contribué de toutes ses forces à l’œuvre de redressement national » (16 janvier 1941). Cette lettre n’eut pas d’effet immédiat et les attaques redoublèrent. Maurel, le 11 mars 1941, s’adressa au délégué régional de la Légion. Il approuvait « entièrement le message du maréchal du 11 octobre 1940 » (définissant l’État français). Rappelant sa situation de mutilé de guerre, il ajoutait : "Je n’ai aucune leçon à recevoir des dirigeants locaux, ni de patriotisme, ni aussi de moralité" et concluait : « Je reste de tout cœur avec le Maréchal ». La municipalité fut dissoute le 12 mars 1941.
Selon son témoignage en 1957, Maurel aurait été membre pendant quelque temps du groupe local de Francs-tireurs et partisans et l’aurait quitté en raison de l’attitude dominatrice des communistes. Il travailla avec divers réseaux de Résistance. Arrêté par les Italiens le 13 juillet 1943, incarcéré à Modane, il fut libéré le 9 septembre 1943. Il participa à la création du comité local de Libération, encore clandestin et le présida. Dès la Libération, il reprit ses fonctions dirigeantes dans la commune et fut désigné, peu après, à la tête de la délégation municipale provisoire.
Maurel, membre du comité de la Fédération socialiste SFIO à la Libération, présida la Fédération varoise des élus socialistes à sa création en janvier 1946.
Octave Maurel fut, comme socialiste SFIO, réélu maire, désigné le plus souvent par la population par le pseudonyme "Tave", après les élections municipales d’avril 1945, d’octobre 1947, de mai 1953 et de 1959. Il poursuivit son action pour doter la ville des équipements nécessaires à une activité touristique croissante. Selon de nombreux témoignages, exerçant son pouvoir de façon autoritaire, il s’isola progressivement.
En 1945, le conseiller sortant Lemoyne ne se représentant pas, Octave Maurel fut élu conseiller général du canton d’Ollioules, conservant son siège aux deuxièmes tours en 1949 (2 168 voix sur 7 674 inscrits), en 1955 (2 687 voix sur 9 225 inscrits) et en 1961. Le 4 juin, après avoir obtenu 2 208 voix sur 5 401 suffrages exprimés, il était réélu, le dimanche suivant, dans une triangulaire (2 308 voix sur 5 774 suffrages exprimés. Il ne se représenta pas en 1967.
Au conseil général, Maurel siégea à la commission départementale (1945-1952) puis la présida pendant deux ans, puis en redevint seulement membre jusqu’en 1957. Il participa en 1945 aux commissions des finances, des affaires économiques et du ravitaillement, de l’hydraulique (qu’il présida à partir de 1949), des œuvres de sécurité sociale, des HBM et des sinistrés. Il représentait l’assemblée au conseil départemental de l’enseignement primaire (dont il demeura membre par la suite), de l’office des pupilles de la Nation. S’ajoutaient les commissions de la protection des sites, de l’électrification des campagnes (il en était le président) et le syndicat des communes du littoral varois. Par la suite, il représenta l’assemblée au conseil d’administration de l’Office public des HBM. 
A partir de 1951, il ne siégeait plus à la commission des finances (jusqu’en 1953), mais à la deuxième commission (travaux publics, bâtiments départementaux, vicinalité), à la commission du tourisme. Il représentait le Conseil général à la commission de sécurité (incendies), à celle d’appel des lois d’assistance et aux conférences régionales administratives. Il présida la commission départementale (1955-1957), la commission de surveillance de la Maison maternelle départementale. Il était membre de diverses commissions notamment celles des travaux publics, de l’aide sociale. Il représentait l’assemblée aux conseils départementaux de l’enseignement primaire, de l’enseignement technique, de l’institut d’enseignement supérieur. Il fut le délégué du conseil à la commission interdépartementale de l’hydraulique et aux conférences régionales administratives. Vice-président du conseil général en 1957, il conserva la plupart de ses délégations sauf sa présence au conseil départemental de l’enseignement.
Le 20 février 1955, lors de la réunion extraordinaire du comité fédéral socialiste SFIO (dont il ne faisait plus partie), consacrée aux accords entre socialistes SFIO et communistes à Toulon (voir Édouard Le Bellegou), il se déclara contre une alliance avec les communistes, et « davantage » hostile « à une alliance avec les réactionnaires. » Il ajoutait « Sous la réserve que la section de Toulon soit d’accord pour qu’en cas de nouvelles élections elle ne fasse pas liste commune avec les communistes, je serais d’accord pour lui dire qu’elle a bien fait. » Il se prononça au congrès fédéral suivant, le 25 juin 1955, en faveur du rapport du secrétaire fédéral Jean Charlot favorable à l’accord toulonnais. La presse de droite dénonça alors vertement Maurel qui, deux ans plus tard, faisait à nouveau partie du comité fédéral.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121204, notice MAUREL Octave, Marie, Joseph par Jacques Girault, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 mai 2018.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat. F7/13085. — Arch. Dép. Var, 2 M 3 52, 6 25, 7 24 1, 28 1, 32 1, 35 1, 4 M 50, 18 M 35, 87, 97, 3 Z 2 10, 4 19, 14 9. — Arch. Com. Bandol. — Arch. Coop. Midi. — Arch. Jean Charlot (Centre d’histoire sociale du XXeme siècle). — A. Lemonnier, Historique du conseil général.... — Renseignements fournis par le petit-fils de l’intéressé. — Notes de Monsieur Grillon, de Jean-Marie Guillon et de Salvator Liberace.— Sources orales.

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