MAURIN Maurice [MAURIN Jean dit Maurice]

Par Jean Maitron, Justinien Raymond

Né le 19 mai 1879 à Saint-Germain-d’Esteuil (Gironde), mort le 23 juillet 1943 à Paris ; militant socialiste, membre de la CAP du Parti socialiste (1918-1926).

Maurice Maurin
Maurice Maurin

Fils d’un tonnelier, Maurice Maurin entra après concours comme correcteur à l’Imprimerie nationale. Il y fut élu secrétaire général de la commission ouvrière mais fut poursuivi administrativement et rétrogradé pour avoir dénoncé le gaspillage. Il dut alors porter son activité professionnelle à la commandite ouvrière des correcteurs de la Chambre des députés. Secrétaire de la 12e section socialiste de la Seine, il fut, pendant deux ans, membre du conseil d’administration de l’Humanité de Jaurès puis l’un des fondateurs et le premier gérant du Populaire créé autour de Jean Longuet. Il adhéra au Comité pour la reprise des relations internationales créé début 1916. Réformé n° 2, il ne fut pas mobilisé.

Au congrès fédéral tenu le 10 février 1918, porteur de 290 mandats, il fut rapporteur d’une motion demandant la paix immédiate, le refus des crédits militaires, la démission des socialistes du gouvernement. Membre de la CAP depuis 1918, il fut confirmé à cette fonction par le congrès de Strasbourg en février 1920.

Candidat dans la deuxième circonscription de Paris en 1919 (liste Léon Blum-Paul-Boncour), il obtint 43 263 voix sur une moyenne de 48 707 et ne fut pas élu. Membre de la commission de la résolution du Comité de reconstruction de l’Internationale, il signa la déclaration du CRI parue dans l’Humanité du 16 décembre 1920. Délégué de la Seine au congrès de Strasbourg (février 1920) et de la Seine-et-Oise au congrès de Tours, en décembre de la même année, il y prit la parole à deux reprises dans un sens favorable aux « centristes » qui avaient signé le manifeste pour la reconstruction de l’Internationale ; il fut assesseur de la séance du 26 décembre 1920.

Pendant les années de l’immédiat après-guerre, il s’attacha à la défense des locataires et fonda leur Union confédérale. Fin mars 1919, en tant que trésorier, il présenta un rapport au congrès national extraordinaire des locataires. En 1920, il fut secrétaire général (secrétaire adjoint : L. Muller, trésorier : J. -B. Laroche) et l’Union comptait 300 000 membres. Maurin fut exclu en mai 1921, l’Union étant couverte de dettes et il fut accusé de s’être servi de son titre dans l’association au cours de sa candidature dans la 2e circonscription de la Seine. Il se serait approprié le journal l’Éveil des locataires, remplacé d’ailleurs par le Réveil des locataires. Il aurait retrouvé ses fonctions en août 1923. Toujours est-il qu’un article parut dans le Populaire le 15 novembre 1922 à l’occasion du VIe congrès national de l’Union confédérale des locataires, signé M. Maurin, secrétaire général.

Membre de la nouvelle commission administrative permanente du Parti socialiste SFIO de 1921 à 1931 (suppléant en 1925, 1930 et 1931), Maurin se situait à l’extrême gauche du parti. Il fonda l’Étincelle socialiste pour défendre cette tendance favorable au Front unique proposé par les communistes.Les documents trouvés dans la serviette que Georges Marrane avait perdue prouvaient que Maurin recevait une aide financière de la part du Parti communiste pour publier son journal : 4 500 F. par mois. L’intéressé nia catégoriquement. Albert Vassart reçut confirmation du fait par Jean Cremet.

Délégué au XXIVe congrès national (Lyon, 17-20 avril 1927), Maurin fut interpellé par Jean Longuet à propos de son accord avec le Front unique proposé par les communistes. Il s’en expliqua au cours d’une séance suivante, rappelant en particulier la politique de l’Internationale ouvrière socialiste dans les années 1922-1923 qui était, selon lui, favorable à cette tactique. Vincent Auriol le prit à partie ouvertement sur la question de l’orientation de l’Étincelle. Néanmoins Maurin resta membre de la CAP Il fut exclu du Parti socialiste en 1933. Pendant quinze ans, il avait assuré les charges de membre du conseil de direction du Parti socialiste SFIO et de délégué permanent à la propagande générale dans toute la France.

A trois reprises, il fut candidat aux élections municipales dans le IVe arr. de Paris : en 1919 dans le quartier Saint-Gervais et en 1925 et 1929 dans le quartier Notre-Dame. Avec un des chefs de file de la droite du Parti socialiste, Georges Mauranges, Maurin fut candidat à l’élection législative partielle dans la 2e circonscription de la Seine, le 1er mars 1921, deux mois après la scission de Tours. Il recueillit 12 939 voix (Mauranges, 13 022) et tous deux se désistèrent pour Loriot et Souvarine, candidats du PC alors emprisonnés. En 1932, membre de la commission administrative de la Fédération du Parti socialiste SFIO de l’Oise, c’est dans ce département, dans la circonscription de Clermont, que Maurin tenta sa chance : il échoua, recueillant 2 118 voix (1 618 de moins que le candidat socialiste de 1928) sur 21 536 inscrits. La même année, au congrès fédéral, il se déclara contre la participation socialiste au ministère radical-socialiste.

Au congrès fédéral extraordinaire de 1933, il signa la motion d’extrême-gauche de « L’Action socialiste » présentée par Louis Alleaume. Il se présenta à l’élection partielle de 1934 dans la circonscription de Remiremont (Vosges). Est-ce lui qui, réintégré dans la SFIO, obtint aux élections législatives de 1936, 3 934 suffrages sur 37 180 inscrits dans la 2e circonscription de Saint-Denis (Noisy-le-Sec) ?

Maurin, qui avait été admis au syndicat des correcteurs le 1er janvier 1911, fit partie du comité syndical de 1912 à 1917 et de nouveau en 1942 et 1943.

Maurice Maurin s’était marié en 1907 à Paris (IIIe arr.) avec Thérèse Pomayrol (voir Thérèse Maurin).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121257, notice MAURIN Maurice [MAURIN Jean dit Maurice] par Jean Maitron, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 5 décembre 2020.

Par Jean Maitron, Justinien Raymond

Maurice Maurin
Maurice Maurin

SOURCES : Arch. Nat. F7/13574, 13755. — Arch. Dép. Vosges, 13 M 77. — Arch. Dép. Seine, D2 M2 , n° 52. — G. Lefranc, Le Mouvement socialiste sous la IIIe République, p. 314. — L’Étincelle socialiste, 29 mai 1934. — Y. Blondeau, Le Syndicat des correcteurs, op. cit. — G. Lachapelle, Les élections législatives, 1919, 1932 et 1936. — Notes de Susanna Magri et de Jacques Girault. — Souvenirs d’Albert Vassart. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, pp. 155, 215 et 216.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 215.

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