MENDRÈS Jacob

Par Gilles Pichavant

Né le 20 novembre 1916 à Saint-Évarzec (Finistère), mort le 18 mai 2012 à Quimper (Finistère) ; maçon ; syndicaliste CGT, coopérateur ; communiste, résistant FTPF

Fils de Jacob, maréchal-ferrant, et de Jeanne, née Cloarec, Jacob Mendrès avait dix-huit mois lorsque son père mourut en 1918. Père de 5 filles, il avait été mobilisé en mobilisé en 1914, puis rendu à la vie civile pour maladie, en février 1916, et fut déclaré "Mort pour la France, d’une maladie aggravée au service". Déclaré pupille de la Nation en 1920, Jacob Mendrès perdit sa mère deux ans plus tard. Il avait 4 ans et demi, et il fut pris en charge par Catherine sa sœur ainée, elle et son autre sœur Marie ayant été instituées tutrices conjointes. En 1928, âgé de onze ans et demi, il quitta l’école pour travailler dans une ferme à Saint-Évarzec (Finistère). En 1930, à la suite du mariage de sa sœur aînée, il la rejoignit à Quimper (Finistère), et apprit le métier de maçon. En 1934, son diplôme en poche, il s’installa à Brest. Ouvrier maçon-cimentier, il militait en 1936 au syndicat CGT du Bâtiment. L’année suivante, il adhéra au Parti communiste, rencontra Germain Riou*, de Saint-Goazec (Finistère), et le rejoignit à la cellule Lambézellec. En 1939, était membre du comité de section de la ville de Brest. Pendant cette période, prenant conscience de l’insuffisance de sa formation, il suivit les cours du soir organisés par Marcel Hamon, futur colonel Courtois dans la Résistance.

Il fit son service militaire en 1937, au 2e Régiment d’infanterie coloniale, et y passa ses permis de conduire poids lourds. Mobilisé en 1939, il fut dirigé sur le camp de Bitche, près de Strasbourg, et assista à l’évacuation de la ville. En juin 1940, son régiment menacé d’être encerclé dans la région d’Amiens, il refusa avec d’autres d’être fait prisonnier, et rejoignit Montauban (Tarn-et-Garonne), avec 200 hommes et une vingtaine de camions. Démobilisé en septembre, il rejoignit Brest où il renoua les contacts avec les militants du PC clandestin. Il forma avec Jean Goasguen et Germain Riou* le premier triangle de Résistance du bâtiment, en contact avec Charles De Bortoli, chargé par le triangle de direction de réorganiser le bâtiment, et Eugène Kerbaul, ancien responsable des Jeunesses Communistes. et entra dans la Résistance : diffusion de tracts et de journaux, dégradation de véhicules allemands, sabotage sur les chantiers.

Jacob Mendrès intégra les rangs des FTP à leur création. Il participa au sabotage des sous-stations électriques de l’arsenal de Brest et de la base sous-marine qui eurent lieu le 27 mars 1942. Jacob et Albert Rannou travaillaient comme chefs de chantiers à la base sous-marine c’est à cet endroit qu’ils opérèrent. Albert Rannou, ancien lieutenant des Brigades Internationales transporta et utilisa la dynamite, sous la protection de Jacob. Après le départ de Pierre Corre, recherché et muté, Jacob Mendrès le remplaça et entra au triangle de direction des FTP de Brest, dont faisait partie, Gabriel Paul, de l’Arsenal, futur député communiste du Finistère.

Dans la nuit du 13 au 14juillet 1943, dans un groupe de quatre résistants — dont Germain Riou*, Georges Larvor* et le jeune Louis-François Berthou qui fut abattu le 14 juillet 1944 à Saint-Méen (Finistère) — il pavoisa aux couleurs bleu-blanc-rouge, la rue principale et le bourg de Lambézellec (Finistère) (commune aujourd’hui intégré à la Ville de Brest).

Son absence de Brest pendant 3 ans de service militaire et guerre, son absence de foyer familial, sa prudence, firent qu’il ne fut pas repéré pendant longtemps, malgré une très haute taille assez remarquable. Mais en fin 1943 il échappa de peu à une arrestation, et quitta Brest pour s’installer à Tourc’h dans le Sud-Finistère, où il fut hébergé chez un camarade de chantier. Il changea d’identité, et intégra le maquis de Saint-Goazec-Spézet, créé en juillet 1943 par Jean-Louis Berthélémé*, Marcel Cariou*, Hippolyte Le Balch*, Yves Legall*, Daniel Trellu et Jean Guyomarc’h*. Créé au fond d’un bois des montagnes Noires, près de Kervigoudou, au bord d’un simple ruisseau qui séparait les communes de Saint-Goazec et Spézet, ce n’était pas un maquis de type militaire, avec une forte concentration d’hommes, de matériel, tels Saint-Marcel ou le Vercors, mais un maquis de guérilla. Comme le mercure ou vif-argent, métal liquide, le maquis devait être fluide, rapide, mobile, insaisissable, capable de se fractionner, puis de se regrouper avec la même vélocité qu’une goutte de mercure. Ce fut d’abord l’isolement, marqué par l’absence d’armes, les difficultés de ravitaillement, et les rafles. Les maquisards subirent des coups très durs. En cause, l’inexpérience, l’imprudence mais aussi les dénonciations. Jacob Mendrès, avec tous les membres de ce maquis, intégra le 2e bataillon Stalingrad FFI-FTP, créé fin juillet 1944, et participa aux combats de la Libération du Finistère, notamment l’attaque du château de Trévarez (Finistère), lieu de repos des mains de la Kriegsmarine de la base sous-marine allemande de Brest. Le bataillon fut dissous deux mois plus tard alors qu’il culminait à 650 combattants. Jacob Mendrès, chef de la section Lénigrad, fut homologué lieutenant.

Jacob Mendrès fut nommé à l’État-major à Quimper comme Commissaire à la Sécurité, mais il refusa le grade de capitaine qui y était associé. Il ne porta jamais ses galons de lieutenant, simplement son brassard. Il rejoignit à l’état-major, le lieutenant colonel Chevalier — Daniel Trellu, chef des FTP du Finistère — et le commandant André, responsable FTP pour le sud-Finistère, sous les ordres de Berthaud*, chef des FFI du Finistère. Assure les liaisons entre l’État-major et les bataillons Stalingrad et Normandie, ainsi que le transports d’armes.

Jacob Mendrès se maria en avril 1942 à Saint-Goazec (Finistère) avec Françoise Guéguen, cousine de Germain Riou*. Ils eurent trois enfants, dont Anne Friant-Mendrès, qui était présidente de l’association des Amis de l’Anacr du Finistère en 2016.

Après la guerre, il créa une coopérative ouvrière de production dans le bâtiment et les travaux publics, la Scor (Société Coopérative "Aux ouvriers réunis"), qui participa à la reconstruction de la ville de Brest dans l’après-guerre. Il dirigea la coopérative jusqu’à sa retraite. De 10 membres à sa création, en 1946, l’entreprise comptait 270 personnes à son départ, dont une centaine de coopérateurs. De nombreux résistants et républicains espagnols y travaillèrent. S’ajoutant à ceux de Brest, la Scor assura des travaux pour la ville de Quimper (Finistère) : Lycées, halles, l’abri anti-atomique de la préfecture, etc. Parallèlement, Jacob Mendrès avait constitué un groupement des coopératives BTP de l’Ouest.

Dans les années soixante, Jacob Mendrès ne reprit plus sa carte du parti communiste à la suite d’un conflit douloureux avec la direction Brestoise du PC, mais en resta un « compagnon de route » toute sa vie,

En 1954, Jacob Mendrès fut l’un des fondateur du comité ANACR du Finistère, avec Auguste Le Guillou*. Il en devint le président d’honneur du comité départemental, et président du comité de Fouesnant (Finistère). Il fut le président d’honneur du comité ANACR Sud-Cornouaille, et le parrain du Pôle Jean Moulin, pour la sauvegarde des archives de la Résistance.

Il mourut à Quimper (Finistère) le 18 mai 2012. Son corps fut incinéré le 22 mai.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121610, notice MENDRÈS Jacob par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 19 janvier 2016, dernière modification le 20 août 2022.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : E. Kerbaul, 1 640 militants du Finistère, op. cit.Le Télégramme, avis de décès du 19 mai 2012. — Témoignages d’Anne Friant-Mendrès, présidente du comité du Finistère de l’Anacr, résistants et amis. — État civil.

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