MENSION Robert

Par Claude Pennetier

Né le 14 juillet 1906 à Paris (Xe arr.), mort le 29 octobre 1986 à Nice (Alpes-Maritimes) ; ouvrier du bâtiment, peintre-décorateur ; militant communiste ; militant du sport ouvrier, secrétaire général (1944-1953) puis président (1953-1954) de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT).

Robert Mension
Robert Mension
Photographie dans son dossier de police

Fils d’un palefrenier adhérent à la CGT avant la Première Guerre mondiale et d’une cuisinière, Robert Mension fréquenta l’école communale de la rue Lépine (XVIIIe arr.) jusqu’à douze ans. Il ne précisait pas s’il avait le certificat d’études mais son appétit de lectures politiques se manifesta avant même son adhésion au Parti communiste. Il consulta très tôt les Cahiers du bolchevisme et l’Internationale communiste. En 1938, il pouvait écrire qu’il avait lu : « tout ce qui est paru en français des œuvres de Lénine et Staline, les quatre premiers tomes du Capital, la Bibliothèque Marxiste du n°1 au 20 et de nombreux autres livres. »

Robert Mension fut très tôt attiré par le sport. Dès l’âge de onze ans, il pratiqua l’athlétisme et se spécialisa dans le 400 mètres et le saut en hauteur. Le rugby fut aussi sa passion et il devint rapidement capitaine de l’équipe travailliste. Pendant son service militaire, il passa en conseil de guerre pour « bris de clôture », en fait pour activité militante, et fut condamné à trois mois de prison avec sursis. L’armée le cassa de son grade de caporal. C’est pendant son service, début 1927, qu’il donna son adhésion au Parti communiste. Il rompit avec sa famille vers 1930.

Ouvrier du bâtiment domicilié dans le XIXe arrondissement de Paris, secrétaire de son syndicat des peintres, Robert Mension fut membre de la commission exécutive du « bâtiment général », de la 13e Région du bâtiment et de la 20e région CGTU où il coopéra avec Raymond Bossus.

Il militait surtout à la Fédération sportive du travail (FST). Il y assura les responsabilités pour la région parisienne de secrétaire sportif en 1929 et de secrétaire général permanent à partir de juin 1932. Partisan de l’unité entre la FST et l’Union des sociétés sportives et gymnique du travail (USSGT), il fut un des artisans du congrès de fusion des 23 et 24 décembre 1934 qui donna naissance à une nouvelle fédération, la FSGT (Fédération sportive et gymnique du travail). À l’issue du congrès, il fut élu à la commission exécutive et retrouva ses fonctions de secrétaire général de la région parisienne. C’est à ce titre qu’il se rendit en 1935 en Union soviétique et qu’il accompagna l’année suivante la délégation française à Barcelone pour les Olympiades populaires. Depuis 1933, il collaborait au Sport ouvrier où il écrivait des articles exprimant les revendications de la fédération.

Membre du comité régional parisien en 1931-1932 et du bureau du 8e rayon, Robert Mension se présenta aux élections législatives de 1932 dans la première circonscription du XIe arrondissement (quartier de la Folie-Méricourt) où il obtint 15,3 % des voix par rapport aux inscrits. Il avait bénéficié du concours de Georges Politzer. Dans cette même circonscription, Henri Lozeray se fit élire en 1936.

Lorsqu’il rédigea son autobiographie de parti le 9 mars 1938, il habitait 53 rue de Belleville à Paris (XIXe arr.). Il se réclamait de Raymond Bossus, Armand Pillot, Maurice Lampe, Georges Politzer, Raymond Guyot et Léonce Granjon.

Ayant refusé de désavouer le Pacte germano-soviétique, Robert Mension fut, ainsi qu’onze autres membres de la commission exécutive, exclu de la FSGT. Mobilisé en 1939, libéré en 1940, il créa, par la suite, avec Auguste Delaune, Sport-libre, mouvement clandestin qui dénonça le carcan de la Charte des sports, puis il fit partie, de février 1943 à la fin 1944, du triangle de direction clandestine des Jeunesses communistes pour les deux zones.

À la Libération, Robert Mension devint secrétaire général de la FSGT et membre du conseil municipal provisoire de Paris (XIXe arr.) où il siégea du 12 mars au 29 avril 1945. Il fut membre de la commission d’organisation désignée par le comité central tenu à Ivry-sur-Seine les 21-23 janvier 1945.

En octobre 1949, il s’insurgea contre le tract anti-titiste que la PCF avait fait imprimer chez Maurice Gleize* pour le match France-Yougoslavie au stade de Colombes. Avec la complicité de ce dernier, il cacha le stock dans son bureau. Ses ennuis politiques commencèrent.

Succédant à Georges Marrane à la présidence de la FSGT au congrès de mars 1953, Robert Mension se démit un an plus tard, pour des raisons personnelles, mais aussi à cause de différends avec la direction du PCF, de ses fonctions de président qu’il confia à René Rousseau. Il se fixa alors sur la côte d’Azur où il tenta d’abord de faire avec son beau-frère, Roland Brice, le céramiste de l’artiste Fernand Léger, des céramiques à thèmes sportifs puis s’installa comme artisan dans le bâtiment. Toujours communiste, son action politique, notamment contre la guerre d’Algérie, lui fit perdre sa clientèle. Il fit alors de la vente de livres de luxe au porte à porte. Il participa à des réunions du groupe Unir. En juin 1970, il signa « l’Appel aux communistes » après la déclaration de Garaudy, Pronteau*, Tillon et Kriegel-Valrimont : « Il n’est plus possible de se taire. »

Marié en 1938 à Paris (XIXe arr.) avec Rose Fuschmann (1911-2009), aide comptable et militante active, qui était sa compagne depuis le début des années 1930, Robert Mension mourut le 29 octobre 1986 à Nice. Il était chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance.

Robert Mension était le père de Jean-Michel Mension, né en septembre 1934, qui fut un dirigeant trotskyste de la LCR sous le nom d’Alexis Violet, et de Maurice, né en avril 1946.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121654, notice MENSION Robert par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er avril 2022.

Par Claude Pennetier

Robert Mension
Robert Mension
Photographie dans son dossier de police
Robert Mension
Robert Mension
Photographie dans son dossier du Komintern

ŒUVRE : Où va le sport français ? Discours prononcé en clôture du XIe congrès national de la FSGT à Marseille, 10 novembre 1953.

SOURCES : RGASPI, 495 270 4571, autobiographie du 3 mars 1938, Paris ; classé A, 5 pages. — Arch. FSGT. — Sport, 1933-1939. — La vie de la FSGT, 1944-1947. — L’Éveil du XXe , 13 avril 1945. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op. cit.Unir-Débat, n° 73. — Jean-Michel Mension, Le temps gage : aventures politiques et artistiques d’un irrégulier à Paris, Noesis, 208 p. — Témoignage de Raoul Gattégno. — Lettre de son neveu, Philippe Fuchsmann, 2013. — État civil. — Maurice Gleize, Image d’un nîmois, 202, p. 100-101. — Notice du DBMOF par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule.

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