MERCIER Jean, Léon, Marie. Pseudonymes : BERNARD, MAILLARD Pierre

Par Jacques Girault, Odette Hardy-Hémery

Né le 30 octobre 1912 à Sailly-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), mort le 12 mai 1982 à Lille (Nord) ; instituteur dans le Nord ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste ; résistant OSC puis FTP.

Fils d’un douanier socialiste et d’une couturière à domicile catholique pratiquante, Jean Mercier reçut une éducation religieuse mais rompit avec la croyance à l’adolescence, après notamment la lecture des ouvrages d’Émile Zola conseillés par son oncle, instituteur libre penseur. Élève dans les classes primaires du collège d’Armentières, puis à l’école primaire supérieure de Douai, il obtint le brevet élémentaire en 1928. Il travailla comme employé au service publicité du journal Le Progrès du Nord, de 1928 à 1930, tout en suivant les cours par correspondance de l’École universelle. Il devint en 1930 instituteur suppléant mais dut aller soigner un début de tuberculose au sanatorium de Saint-Jean-d’Aulph où il réussit en 1933 au baccalauréat préparé par correspondance. Revenu dans le Nord, il reprit un poste d’instituteur à Armentières et fut titularisé en 1934.

Membre du Syndicat national des instituteurs (CGT) depuis 1931, il était très critique par rapport aux analyses du Syndicat des membres de l’enseignement laïc (affilié à la Fédération unitaire de l’enseignement). Correspondant syndical dans le canton d’Hazebrouck, il devint membre du conseil syndical de la section départementale du SNI unifié en 1936 et le demeura jusqu’à la guerre. Pacifiste jusqu’en 1934, il modifia progressivement ses analyses et s’opposa aux positions de la direction du SNI, notamment au moment des accords de Munich et fut gréviste le 30 novembre 1938.

Sympathisant socialiste, Mercier fut en contact au sanatorium avec des militants communistes qui furent à l’origine de son adhésion au Parti communiste en 1934. Il effectua un voyage en URSS en 1937.

Jena Mercier se maria en mars 1940 à Lille avec une employée.

Réformé, il ne fut pas mobilisé. En septembre 1939, la police vint l’interroger dans sa classe sur ses précédentes activités communistes. Il reprit contact avec Émile Chieus et, de juin à septembre 1940, il participa à la rédaction et à la diffusion de L’Union, organe ronéoté clandestin de la section d’Armentières fondé par Chieus, Émile Pattiniez et Marie Chantecaille. Il y rédigea un article, « Un triste sire » critiquant Gustave Duriez, maire socialiste, qualifié de « caméléon », à la suite de concessions faites à l’enseignement privé.
Il fut nommé à la rentrée d’octobre 1940, directeur intérimaire à l’école Fombelle à Lille, puis adjoint à l’école Voltaire, rue de Colmar en octobre 1941. Dès son arrivée à Lille, il prit contact avec Marcel Bouderiez et Gaucher. Il entra d’abord dans un triangle de base et diffusaL’Enchaîné et les tracts du parti communiste, colla des papillons et établit des liaisons avec les enseignants du Front national, dont Willy Dubois qui allait lancerLa Pensée libre devenue par la suiteLa Pensée française. Jean Mercier visita un certain nombre d’instituteurs qu’il connaissait pour trouver des diffuseurs : certains acceptèrent, d’autres refusèrent.

Lors du 150e anniversaire de la bataille de Valmy, le 26 septembre 1942, il fut arrêté avec une cinquantaine de suspects de la région lilloise. Relâché, il songea à entrer dans la clandestinité. Quelques jours après, Jean Mercier fut à nouveau arrêté avec quelques suspects. Emprisonné à Loos, il fut interné au camp « administratif » d’Écrouves pendant deux mois et demi puis libéré en décembre 1942, après une visite à l’hôpital de Toul pour tuberculose pulmonaire. Il se soigna une semaine chez lui et reprit contact en février 1943 avec le parti. Nouvelle lettre anonyme, nouvelle perquisition. Marcel Bouderiez lui conseilla d’aller à Douai chez René et Suzanne Lanoy, ce qu’il fit au début de mars 1943. Il s’y cacha pendant une dizaine de jours et en sortit avec une fausse carte d’identité au nom de Pierre Maillard, pour se rendre dans la région de Valenciennes.

Hébergé dans une famille communiste de Bruay-sur-l’Escaut, il participa à la direction du secteur Front National de la région de Valenciennes au nom de Pierre Cuvelier. Quelques semaines plus tard, il devint dirigeant départemental du Front National. En liaison permanente avec Pierre Delon, interdépartemental FN, et Louis Lallemand, interrégional du PC, il avait pour rôle de transmettre les directives aux dirigeants des secteurs (Lille, Flandre, Douaisis, Valenciennois, Avesnois), d’organiser la rédaction, l’impression et la diffusion des tracts et organes clandestins, de recruter pour l’organisation militaire du Front National : FTP, pour l’hébergement et le ravitaillement des illégaux, pour l’action des secteurs du Front National : propagande, manifestations patriotiques.

Jean Mercier représenta le Front National à la première réunion du Comité départemental de la Résistance qui allait devenir, quelques mois plus tard, le CDL. Le chef départemental représentant le Front National était alors Maxime Berthe. Dans l’été 1943, Jean Mercier devint dirigeant interdépartemental du Front National à la sécurité et prit contact avec le dirigeant national de la sécurité en se rendant par le train à Paris. Ce dernier l’informa sur le rôle qu’il avait à jouer : informer les cadres départementaux et ceux des secteurs et des sections importantes sur les règles de sécurité, contrôler leur application, particulièrement pour les réunions (lieu sûr, nombre restreint de participants), assurer les liaisons avec d’autres organisations de résistance. Il échappa à l’arrestation lors d’un rendez-vous au bar du Grand Chagnot à Lille avec un dirigeant départemental de l’OCM qui fut fusillé peu après. Il s’occupa de la recherche de « planques » sûres pour les illégaux : parmi celles-ci un artisan menuisier de Bruay, la boulangerie Stiévenard à Anzin, un ingénieur à Raismes, un ouvrier d’Arras, René Debesson, un professeur de mathématiques à Tourcoing, un directeur d’école de Louvroil, le curé de Maing. Il assura également le dépistage des agents de la collaboration en utilisant les listes établies par les délégués à l’information dans les écoles transmises à la Préfecture et comportant, par circonscription, les noms des instituteurs et institutrices avec appréciation de leur comportement politique : le Front National avait intercepté un certain nombre de ces listes. Il effectua de nombreux déplacements en chemin de fer pour les longs trajets, en tramway ou à bicyclette pour les plus courts, passant dans la zone interdite de Dunkerque à l’aide d’agents de liaison.

Après la guerre, Jean Mercier continua à militer dans la section départementale du SNI. Il fut candidat sur la liste communiste aux élections municipales de Lille en 1965, en trente-et-unième position.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121718, notice MERCIER Jean, Léon, Marie. Pseudonymes : BERNARD, MAILLARD Pierre par Jacques Girault, Odette Hardy-Hémery, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 20 août 2021.

Par Jacques Girault, Odette Hardy-Hémery

SOURCES : Arch. du Musée de la Résistance à Denain, dont les notes personnelles de Jean Mercier. Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressé en 1975. — Fusion de deux notices.

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