MESLIER Adrien [Charles, Antoine, Adrien]

Par Justinien Raymond

Né le 13 mai 1868 à Lormes (Nièvre), mort le 19 octobre 1915 à L’Isle-sur-Serein (Yonne) ; docteur en médecine ; militant allemaniste ; conseiller municipal de Clichy (1900-1904), député de la Seine (1902-1914), maire adjoint de Saint-Ouen (1912-1915).

Venu à Paris pour ses études, Adrien Meslier ne quitta pas le département de la Seine pour exercer la médecine. Il se maria deux fois, le 5 octobre 1893 à la mairie du 3e arrondissement, puis après avoir divorcé le 27 mai 1910, le 23 mai 1911 à la mairie du 9e où les témoins furent Zéphirin Camélinat et trois députés socialistes, Lucien Voilin, Jean Colly, Léon Thivrier. Il avait milité, notamment en banlieue, dans les rangs du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR) avec lequel il avait adhéré à l’unité en 1905.
Grand et athlétique, personnage haut en couleur, il était un familier de la brasserie Muller à Clichy où il se fit une solide renommée d’habile joueur de cartes, de buveur de bière et de fumeur de pipes. Il avait d’autres penchants. Il étonnait les groupes ou fédérations chez lesquels il allait porter la parole socialiste par un appétit pantagruélique et un amour immodéré du bon vin et de la bonne chère qui le mit parfois dans des situations cocasses ou embarrassantes. Cependant, il était cultivé et doué d’une éloquence fort goûtée des auditoires populaires ; aussi faisait-on souvent appel à lui pour la propagande ou pour porter les couleurs socialistes dans les joutes électorales. Jeune adhérent du POSR, il fut candidat à une élection législative complémentaire à Tonnerre (Yonne), le 3 mai 1895 : il recueillit 1 446 voix.

Mais son activité militante se déploya surtout dans l’union fédérative du Centre et particulièrement à Saint-Ouen (où il demeura longtemps), à Clichy, à Saint-Denis, où le parti allemaniste comptait quelques groupes solides. Un moment conseiller municipal de Clichy, il fut en 1902 le premier député de la nouvelle 3e circonscription (communes de Saint-Ouen, Épinay, L’Ile-Saint-Denis, Asnières et Gennevilliers) de l’arrondissement de Saint-Denis. Ayant réuni le 27 avril, 3462 des 13424 suffrages exprimés, il fut élu au second tour le 11 mai par 7258 contre 5678 au candidat nationaliste. Réélu comme socialiste SFIO dès le premier tour le 6 mai 1906 par 7965 voix sur 15774, il fut avec 7013 sur 16990 le 24 avril 1910, soumis à un ballottage triangulaire qu’il remporta le 8 mai : 7978 sur 19910.
Les raisons de santé qui lui firent refuser la candidature en 1914 ne l’empêchèrent pas de participer activement à la campagne victorieuse d’Alexandre Bachelet, son successeur dans la circonscription, devenue la 4e de l’arrondissement de Saint-Denis. Elles ne le détournèrent pas non plus de répondre à l’ordre de mobilisation. Arrivé à l’ambulance, le 2 août, Meslier fut blessé le 22 en Belgique. Il revint au service, mais la maladie lui imposa au printemps 1915 le repli dans le village de ses beaux-parents, L’Isle-sur-Serein (Yonne) où il mourut le 19 novembre suivant.
Franc-maçon, néo-malthusien convaincu, Meslier avait été un temps, secrétaire du chantier de la Chevalerie du Travail de Clichy.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121879, notice MESLIER Adrien [Charles, Antoine, Adrien] par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er décembre 2022.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Dép. Nièvre, état civil ; 1 R 169, recrutement militaire classe 1888, bureau de Cosne, matricule 1418. Arch. Dép. Yonne, état civil.— Arch. Paris, état civil des 3e et 9e arrondissements. — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., pp. 371-372 et Les Fédérations socialistes III, op. cit., pp. 106, 145 à 150, passim. — Louis Lévy, Vieilles Histoires socialistes, pp. 99 à 102. — M. Dommanget, La Chevalerie du Travail, op. cit.. — Le Matin, 28 avril 1902, p. 1 (BNF, Gallica). — L’Humanité, 7 mai 1906, p. 2, 25 avril 1910, p. 1, 9 mai 1910, p. 1, 21 novembre 1915, p. 2 (BNF, Gallica). — Notes Roland Andréani.

ICONOGRAPHIE : La France socialiste, op. cit., p. 371.

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