MÉTRA Félix, Marius

Par Maurice Moissonnier

Né le 26 septembre 1896 à Lyon (Ier arr.), mort le 4 mai 1977 à Autun (Saône-et-Loire) ; instituteur ; militant socialiste du Rhône, puis l’un des fondateurs du Parti communiste à Lyon.

Membre du Parti socialiste SFIO avant la Première Guerre mondiale, Félix Métra se classa rapidement dans les rangs des minoritaires du parti et, en février 1918, milita au second Comité lyonnais pour la reprise des relations internationales. Comme celui de Paris, ce comité se transforma en mai 1919 en Comité de la IIIe Internationale et Félix Métra en devint secrétaire. Il prônait une « épuration modérée de la SFIO ». Le 16 juillet 1919, à un meeting destiné à soutenir la grève de la CGT prévue pour le 21 juillet (et rapportée au dernier moment par Léon Jouhaux), il proposa de « créer un Parti communiste avec les bolchevistes de la SFIO et les anarchistes ». Le 31 juillet 1920, il présida un meeting de deux mille personnes convoqué pour célébrer la mémoire de Jaurès avec pour orateurs le député Georges Lévy et Pierre Brizon.

Quelques semaines après, à la suite du départ de Pierre Dumas , il devint secrétaire de la Fédération socialiste du Rhône et, à l’issue du congrès fédéral qui se tint à la mairie du VIe arr. de Lyon, fut désigné pour participer à la délégation du Rhône au congrès de Tours (il avait déjà été délégué au congrès de Strasbourg, février 1920). Mandaté par une large majorité en faveur de l’adhésion à la IIIe Internationale, il assura aussi la représentation de l’Ardèche qui avait adopté une attitude semblable. Personnellement, Métra désirait la conciliation avec le groupe de Longuet. Au retour du congrès de Tours, il joua un rôle essentiel dans la préparation du congrès fédéral destiné à mettre en place le nouveau parti SFIC et c’est lui qui, le 23 janvier 1921, présenta le rapport au congrès. Il fut élu au comité exécutif du Rhône et ce dernier le désigna au poste de secrétaire fédéral. En avril, il fut en outre délégué au conseil national du parti pour l’année 1921. Il avait tendance à durcir la ligne politique du jeune parti et à l’affirmer par des actions spectaculaires. Le 6 mai 1921, lors de la venue du général Sarrail invité par la Ligue des droits de l’Homme, il organisa avec des militants de l’ARAC une opération pour s’emparer de la tribune, puis conduisit ensuite une manifestation qui se heurta à la police place de la Guillotière. Ce fut lui aussi qui s’en prit avec violence à Paul Cuminal.

Félix Métra assura le secrétariat de l’Union interfédérale communiste regroupant l’Ardèche, la Loire, l’Ain, la Drôme, la Saône-et-Loire, le Rhône, l’Isère, le Jura, la Savoie et la Haute-Savoie. Au congrès fédéral extraordinaire du 28 août 1921, il mit en cause les éléments « mal dégagés de l’esprit de la IIe Internationale » et, contre Pierre Dumas, lui aussi membre de la direction fédérale, il affirma avec éclat ses positions qui tendaient à « anéantir les frontières doctrinales qui séparent syndicalistes et communistes » et à subordonner les syndicats au parti. Ses positions et son style tranché lui assurèrent de solides inimitiés dans le parti. En octobre 1921, à la suite d’une assemblée fédérale où s’était dégagée contre lui une forte minorité, il démissionna de ses fonctions. « Je vous demanderai, déclara-t-il, de penser que nous n’avons sans doute pas trop de militants et que notre goût à les molester est peut-être néfaste s’il les décourage et les éloigne parfois de l’action. » Il quitta ensuite le Parti communiste en désaccord, semble-t-il, avec le mot d’ordre de Front unique.

Félix Métra se maria à Lyon (IIe arr.) en 1932.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article121943, notice MÉTRA Félix, Marius par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 16 avril 2020.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13091. — Arch. Dép. Rhône, 10 M 82. — Lyon communiste, 1920. — Le Cri du peuple du Sud-est, 1921. — L’Humanité, 8 mai 1921. — Le Progrès, 7 mai 1921. — Lyon républicain, 7 mai 1921. — Notes de Jacques Girault.

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