Par Gilles Morin
Né le 16 novembre 1876 à Meyrals (Dordogne), mort le 12 juillet 1962 à Caudéran (Gironde) ; instituteur en Dordogne et en Gironde ; militant syndicaliste de la FNSI ; secrétaire de la fédération SFIO (1932-1936) ; militant socialiste ; adjoint au maire de Caudéran.
Fils d’un maçon, Jean Meunier (qui apparaissait aussi sous le nom de Mureine), instituteur en Dordogne dont Sarlat en 1902, adhéra au Parti ouvrier français en 1903, au syndicat de la Fédération nationale des instituteurs de France en 1905 et au mouvement coopératif en 1914. Il fut secrétaire des groupes de Neuvic et de Borrèze (Dordogne) de 1904 à 1914.
Après la Première Guerre mondiale, instituteur en Gironde (Caudéran puis Bordeaux), Meunier devint membre de la commission administrative de la Fédération socialiste SFIO de Gironde à partir de 1921. Désigné comme membre de la commission des résolutions lors du congrès de la Fédération SFIO de la Gironde, le 1er février 1925, il se présenta en juillet 1925 aux élections cantonales dans le 2e canton de Bordeaux. Malgré le désistement de Nouzarède, radical, au second tour, il fut battu.
Meunier, candidat aux élections législatives d’avril 1928 dans la 1re circonscription de Libourne, recueillit 2 615 voix sur 14 137 suffrages exprimés et 17 368 inscrits. Candidat sans succès aux élections sénatoriales du 16 octobre 1932, il fut désigné secrétaire de la fédération SFIO en 1932-1936 et, à ce titre, dut faire face à la scission néo-socialiste qui vit le départ de six des sept parlementaires, dont Adrien Marquet le maire de Bordeaux et plus de la moitié des militants et autres élus. Aussi fut-il désigné par la SFIO pour affronter notamment le néo-socialiste Talbot et Philippe Henriot à une élection cantonale complémentaire dans le 2e canton de Bordeaux en janvier 1934. Lors d’une réunion publique le 3 janvier, il se présentait ainsi : « Vieux militant, ayant reçu constamment des coups, ayant toujours été à la peine et jamais à l’honneur, il ne veut pas abandonner son idéal ». Il ajoutait : « Je n’ai pas, en ce qui me concerne, la naïveté de penser que je pourrais être élu dans ce canton très spécial, mais j’ai la ferme conviction que sous mon nom les socialistes sauront se grouper et aider la démocratie en péril à se sauver ». Il fut un adversaire irréductible des « néos », critiquant par exemple la gestion de Marquet au cours d’une réunion publique, le 23 novembre 1934, organisée par le Parti socialiste SFIO pour soutenir la candidature de Jean Pommier aux élections cantonales du 2 décembre. Ce combat, dont Meunier était une cheville ouvrière, était mené par un groupe d’élus et de syndicalistes réformistes de la CGT. Dans un courrier à Paul Faure, Robert Vielle citait Fernand Audeguil et Jean Costedoat, Gaston Cabannes, André Meunier dit Mureine, son fils, Papin, Max Estequa, Pierre-Emmanuel Guillet et lui-même. Fondateur d’un nouvel hebdomadaire, L’Unité, devenu en juin 1937 Le Populaire Girondin, Jean Meunier multipliait les éditoriaux contre ses anciens camarades. Mais, rapidement, les socialistes girondins restés au Parti socialiste SFIO durent combattre sur deux fronts. Après le 6 février 1934, ils luttèrent aussi contre les ligues, dénonçant ce qu’ils considéraient comme une tentative de coup d’État fasciste. Dès le 8 février, Meunier et Vielle organisèrent ainsi une manifestation socialiste réussie dans la capitale de la Gironde, avant de prendre part au combat unitaire avec la grève générale du 12 février, sans pour autant relâcher la lutte contre les néos. De 1933 à 1936, Jean Meunier et son fils participèrent régulièrement aux congrès nationaux de la SFIO, signalés, comme Jean et André « Mureine ».
À partir de 1937, un seul « Mureine » était signalé dans les compte rendus de congrès, sans doute s’agissait-il désormais son fils. En effet, devant la division de la fédération de la Gironde, Jean Meunier quitta ses fonctions de secrétaire fédéral. Le poste fut alors partagé exceptionnellement entre des représentants des deux grandes tendances qui se partageaient la fédération : Robert Vielle et son fils, André Meunier. Fin 1938, ce dernier sembla avoir occupé seul le secrétariat fédéral, jusqu’à la défaite de la France, Veille devenant simple adjoint.
Mais, Jean Meunier ne se retira pas de la lutte. En 1938, il signa lui aussi, avec son fils, le projet de motion de la Fédération de la Gironde pour le congrès du 22 mai. Ce projet comportait essentiellement des revendications d’un gouvernement de rassemblement populaire, de réformes de structure et du Sénat, de l’institution du contrôle des changes, de la réouverture de la frontière espagnole du côté républicain et de sa fermeture du côté rebelle et de complète liberté du commerce avec l’Espagne. Surtout, un nouveau combat interne l’attendait : avec la proximité de la guerre, les socialistes se partagèrent, notamment au moment de la conférence de Munich. Avec son fils, Jean Mureine soutenait les positions de Léon Blum, contre l’autre fraction de la fédération qui défendait les positions pacifistes de Paul Faure, dont Robert Vieille et Robert Prieur*, qui fut directeur de cabinet du secrétaire général de la SFIO, lorsque celui-ci devint ministre.
Après la défaite, l’Occupation où Marquet et Lafaye appuyèrent la naissance du régime de Vichy et la politique de collaboration avec l’Allemagne, les Mureine participèrent à la Résistance. Ils contribuèrent à la fondation de Libération-Nord et du Comité d’action socialiste clandestin en Gironde. Déporté par les nazis, André Meunier, son fils, ne devait pas revenir d’Allemagne.
Jean Meunier retrouva son poste de secrétaire fédéral adjoint de 1945 à novembre 1946. Au conseil national du Parti socialiste SFIO de juin 1946, où il siégea à la commission des résolutions, il demanda au nom de sa fédération la fin de la participation des socialistes au gouvernement. Il appartint par la suite à la commission exécutive de la fédération en 1949 et en était membre de droit, comme ancien secrétaire fédéral en 1952-1954.
Meunier fut par ailleurs maire adjoint de Caudéran en 1945-1947, conseiller municipal en 1947-1953 après avoir conduit la liste socialiste, et candidat au conseil général en 1949 dans le 2e canton de Bordeaux.
Meunier se maria le 27 septembre 1902 au Bugue (Dordogne) avec une institutrice, Jeanne Ménéchal (voir Jeanne Meunier), fille d’un entrepreneur. Le couple eut trois garçons.
Par Gilles Morin
SOURCES : Arch. Nat. F7/12988, 12990, 13134, 13265 ; F/1a/3352, 3381, F/1cII/237, 276. 19940500/208. — Archives D. Mayer, 3 MA 28. — Archives de l’OURS, correspondance Gironde. — Conseils généraux, élections, résultats officiels, juillet 1925-octobre 1928, Paris, J.L.L. D’Artrey. — PS-SFIO, Rapports des congrès nationaux, Paris, Librairie populaire, 1933, 1934, 1938. — Compère-Morel, Grand dictionnaire socialiste, op. cit., p. 559. — Maurin (Yannick), Les militants de la SFIO en Gironde, Mémoire, (B. Lachaise), Université de Bordeaux III, 1996-1997. — Anziani (Alain), Cent ans de socialisme en Gironde. — DBMOF, notice par Jean Maitron. — Note de Jacques Girault.