Par Jean Maitron, Claude Pennetier
Né le 31 décembre 1914 à Paris (XIIIe arr.), mort le 4 août 1987 à Gentilly (Seine) ; employé de bureau ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine.
Frère de Victor Michaut*, Roger Michaut, titulaire du Certificat d’études primaires, fréquenta pendant un an un cours complémentaire puis, à l’âge de quatorze ans, entra comme employé à la comptabilité chez un négociant en vins de Bercy. Avec ses frères Louis et Victor, il fréquenta les organisations d’enfants liées au mouvement ouvrier : Pupilles de l’Union des coopérateurs devenus Pupilles socialistes puis communistes et enfin Pionniers.
Son adhésion aux Jeunesses communistes date de janvier 1929. Dès cette époque, il milita au sous-rayon du XIIIe arr. et participa à la propagande auprès des ouvriers de Gnôme-et-Rhône. L’année suivante les JC lui confièrent le secrétariat du sous-rayon des XIIIe et Ve arrondissements. Mais sa mère mourut en 1932, puis son père en 1933 (tuberculose). Lui même fut, en 1932, hospitalisé à l’hôpital Cochin pour un pneumothorax dont il souffrit jusqu’à la fin de 1936. Il vécut chez une tante à La Courneuve, reprit son travail d’employé et devint secrétaire des JC de cette ville de banlieue pendant le Front populaire.
Réformé pour tuberculose, Roger Michaut s’engagea cependant en octobre 1936 comme volontaire dans les Brigades internationales en Espagne. Il fit partie de la 11e Brigade qui arriva en novembre 1936 à Madrid et combattit à la Cité universitaire. Affecté à la 14e Brigade (« la Marseillaise »), commissaire politique de compagnie dans le bataillon « Henri-Barbusse », il devint secrétaire du commandant de la XIVe, le lieutenant-colonel Jules Dumont* puis Marcel Sagnier*. Il participa aux combats de Jarama (février 1937) et Guadalajara (mars 1937). A la fin de cette année, touché par une nouvelle évolution de sa tuberculose, il revint en France et resta en traitement quelques mois dans les Pyrénées-Orientales. Il revint en Espagne au printemps 1938 mais sa maladie le terrassa à nouveau. Le commissariat des B I lui confia alors l’édition française du journal Volontaire de la Liberté. Quelques semaines avant le retrait du front de tous les volontaires internationaux (septembre-octobre 1938), il fut hospitalisé dans la région de Barcelone puis rapatrié en France où il séjourna dans des sanatoriums.
Militant communiste clandestin, Roger Michaut fut arrêté par la police de Vichy, avec son frère Louis, dans un sanatorium le 18 janvier 1941 et interné dans les baraques de « contagieux » des camps de Saint-Germain-les-Belles et Nexon (Haute-Vienne). Courant 1942, l’administration le transféra au sanatorium disciplinaire de La Guiche (Saône-et-Loire) avant de le laisser repartir libre, avec son frère Louis, dans un sanatorium de Savoie. Après avoir séjourné chez une parente à Saint-Étienne (Loire), il tenta de franchir la ligne de démarcation et se retrouva pour dix jours à la prison d’Angoulême. C’est finalement sur une civière et en ambulance qu’il gagna la région parisienne, en octobre 1942, presque paralysé et touché par une tuberculose osseuse qui lui laissa une infirmité permanente d’une jambe. Il finit la période de l’Occupation au sanatorium de Brévannes puis fut opéré à l’hôpital Saint-Antoine en septembre 1944.
Il présida après la Libération la Fédération nationale de lutte antituberculeuse. A partir de mars 1945, Roger Michaut travailla à la commission de presse du Front national. Il fut ensuite journaliste à l’agence UFI (Union française d’information) dont il devint rédacteur en chef adjoint au début de l’année 1951. Une nouvelle rechute interrompit ses activités d’octobre 1953 à février 1955. Il collabora alors à l’administration du journal espagnol Democratia puis participa à la rédaction du bulletin Combat pour la paix, organe du Mouvement de la paix. De mars 1956 à août 1958, il appartint au secrétariat de Frédéric Joliot-Curie, président du Conseil mondial de la paix. Celui-ci le fit entrer comme agent administratif dans son laboratoire à l’Institut du radium. Au moment de sa retraite en 1974, Roger Michaut était représentant élu (sur une liste CGT) du personnel technique et administratif au conseil de l’Université Paris VI.
Membre du comité national de l’AVER (Amicale des anciens volontaires français en Espagne républicaine), il en assura le secrétariat général de 1966 à sa mort survenue en 1987.
Il était marié et père d’un fils.
Par Jean Maitron, Claude Pennetier
SOURCES : Arch. AVER. — Notes de Victor Michaut (1974). — L’Humanité, 7 août 1987. — Paloma Fernandez, Le retour et l’action des anciens volontaires français des Brigades internationales en région parisienne de 1937 à 1945, Mémoire de Maîtrise, Paris I, 1984 — Andreu Castells, Las Brigadas internacionales de la guerra de España, op. cit.