MICHEL Robert, Auguste, Marius [pseudonymes dans la résistance : Etienne, Savy]

Par Eric Panthou

Né le 30 septembre 1911 à Manglieu (Puy-de-Dôme), mort le 18 janvier 1985 à Cébazat (Puy-de-Dôme) ; agent hospitalier ; élu CGT ; militant communiste, membre du secrétariat fédéral PCF du Puy-de-Dôme ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP), interné.

Fils d’Artur, Annet, instituteur à Loubeyrat (Puy-de-Dôme) et de Marie, Eugénie, Francisca Gardise, sans profession, Michel Robert se maria le 6 août 1938 à Mâcon (Saône-et-Loire) avec Yvonne Billebaud.

Détenteur du brevet élémentaire, Robert Michel était standardiste au sanatorium Sabourin, à Clermont-Ferrand. En 1936, il est secrétaire de la section des hospitaliers du syndicat CGT des employés municipaux et hospitaliers de Clermont-Ferrand, réélu jusqu’à 1939. C’est une figure importante au sein de l’Union locale CGT réunifiée. Le couple habitait 9 avenue du Limousin à Clermont-Ferrand après avoir habité à Parent (Puy-de-Dôme).
Il adhéra au PCF en 1937. Il n’eut pas de mandat au niveau du comité régional avant 1946 mais avant guerre, il était décrit comme s’occupant des éditions du PCF dans la région.

Il fut mobilisé du 3 septembre 1939 au 10 février 1940 au sein de l’unité 13ème Train.
Le 18 novembre 1940 il fut licencié de son poste au Centre hospitalier de Clermont-Ferrand suite au décret Peyrouton du 17 juillet 1940 concernant l’accès aux emplois dans les administrations publiques. Fin 1940, il reprit contact avec le responsable du Parti dans le Puy-de-Dôme, Etienne Néron. Roger Roucaute, alias colonel Lazare, attesta que Robert Michel avait alors rejoint la direction clandestine du PC du département et qu’il avait participé à l’édition et la diffusion de tracts appelant à la lutte contre l’occupant. Il avait aussi, selon la même attestation, été chargé de l’achat et du camouflage de machines et de papier.
Il fut identifié par une imprimeuse comme la personne lui ayant acheté une ramette de papier courant décembre 1940. Il fut donc arrêté le 19 janvier 1941 à son domicile à Clermont-Ferrand pour avoir fourni du papier aux tirages clandestines du PCF. Il a été arrêté en même temps que Jean-Baptiste Ferrière.

Il fut interné administratif à Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) suite à arrêté du préfet du 19 janvier 1941 ordonnant son internement, sur proposition de la Brigade de surveillance du Territoire. Là, il écrivit à son épouse pour qu’elle éconduise tout policier se présentant à leur domicile, déclarant avoir dit tout ce qu’il avait à dire le jour de son arrestation le 19 janvier. Dans ce courrier intercepté il dit ne se faire aucune illusion sur une éventuelle libération par le préfet, bien que se présentant comme innocent.
Il a été transféré à Djelfa (Algérie) le 1er mars 1941 puis à la Redoute de Bossuet (Sidi Bel Abbes, en Algérie) le 18 avril 1941. Il retrouva ici l’un de ses anciens camarades du Puy-de-Dôme, lui-même interné, Jules Ferrari. Atteint du typhus, Robert Michel fut hospitalisé là-bas du 26 juillet au 3 septembre 1941. Ramené en métropole en vue d’un complément d’information et d’une nouvelle inculpation, il est extrait du camp de Saint-Germain-les-Belles (haute-Vienne) où il venait d’être conduit sur ordre du juge du tribunal militaire de Clermont-Ferrand pour être transféré à la prison militaire de Clermont-Ferrand du 5 septembre au 30 octobre 1941. Bénéficiant d’un non lieu du juge d’instruction près le Tribunal militaire de la 13ème Région, les charges relevées contre lui n’ayant pu être maintenues, il est néanmoins transféré de nouveau au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux le 1er novembre 1941. Il est ensuite transféré à Fort Barraux, le 9 mars 1942, puis à Saint-Sulpice-la-Pointe, le 22 novembre 1942. Il s’évade de ce camp le 1er mars 1943. Il rejoint immédiatement la Compagnie FTP Guy Mocquet en Corrèze, adjoint du commandant. Il est sérieusement blessé à la cuisse gauche par une balle de revolver le 22 juin 1943 au cours d’une opération. Il fut soigné par le docteur Peuch au village de Saint-Pardoux-la-Croisille. Son pseudonyme est alors Étienne.

Rétabli après sa convalescence, il est promu commissaire technique de l’état-major de l’Interrégion méditerranéenne (Inter C de la zone sud avec les Bouches du Rhône, Var, Alpes Maritimes, Basses Alpes) du 23 juillet 1943 au 25 décembre 1943, puis même fonction pour les départements de l’Ardèche, Gard, Lozère, Vaucluse, du 26 décembre 1943 au 27 janvier 1944. Son pseudonyme est alors Savy.
Il était responsable de la fourniture de renseignements, armements, équipements, ravitaillement à tous les maquis de l’Interrégion.
Il participe notamment à l’organisation de l’opération de destruction du fichier central à Marseille. Son changement de secteur fut motivé par l’insécurité que faisait régner un traître qui désignait parfois même dans la rue, ceux qu’il avait pu connaître et dont faisait partie Michel qui demeurait à Marseille alors avec son épouse.

Il est arrêté en gare d’Arles le 27 janvier 1944 par la police de Vichy lors d’un contrôle d’identité et alors qu’il a de faux papiers. Il est incarcéré à la prison Chave de Marseille à partir du 29 janvier 1944. Il s’en évade dans la nuit du 22 au 23 mars 1944 avec une douzaine de camarades FTPF et groupes francs de l’Armée secrète. Il exerce ensuite de nouvelles fonctions à Toulouse puis dans les Hautes-Pyrénées. Il dit être du 28 juillet au 23 août 1944 membre de l’état major de l’Inter départementale des Basses et Hautes-Pyrénées . Le 1er octobre 1944 et jusqu’au 30 avril 1945 il a été affecté chef du 4éme Bureau FFI des Hautes-Pyrénées puis adjoint au chef du 4éme bureau de la subdivision militaire de Tarbes, avec le grade de capitaine, du 1 décembre 1944 au 28 février 1945.

En 1947, il est sur la liste d’Union Républicaine et Résistante et de Défense des intérêts de Clermont-Ferrand, présentée par la PCF. Il est alors secrétaire administratif de La Voix du Peuple. La liste eut dix élus. Socialistes et communistes eurent chacun dix élus mais suite à des tractations et manœuvres, les communistes n’eurent aucun adjoint tandis que le socialiste Gabriel Montpied devenait maire.

Il est élu au bureau fédéral en juin 1945. En 1946, il devient secrétaire fédéral à l’organisation pour le PCF du Puy-de-Dôme, invité permanent du bureau fédéral en tant que rédacteur à La Voix du Peuple, l’organe du Parti dans le département. A partir du 23 novembre 1946 il devint gérant de La Voix du Peuple, remplaçant Maurice Helloin. Il n’occupe plus ensuite cette responsabilité mais reste au moins jusqu’en 1957 membre du Comité fédéral. Il dirige par ailleurs la cellule des hospitaliers et est membre du bureau de la CGT des hospitaliers
Il est également membre du comité de direction de la section de Clermont-Ferrand du Parti.
En 1961, il n’est pas réélu au comité fédéral de la 13ème Conférence, aux motifs suivants donnés par le Bureau fédéral : "Militant déjà ancien mais limite son activité. Ne fait pas d’effort pour donner une activité convenable à sa cellule, refuse les délégations dans les sections, ne milite pas comme on doit l’exiger pour un membre du PCF.

Il est titulaire d’une pension d’invalidité à 60% plus 15% comme interné politique. Il était détenteur d’une Carte d’interné politique pour la période du 19 janvier 1941 au 6 mars 1943 (reçue en 1964) et d’une carte d’interné résistant pour la période du 27 janvier 1944 au 23 mars. En novembre 1963, il fit un recours gracieux, en vain, pour obtenir ce titre de déporté résistant pour sa première période d’internement.

En août 1979, il fit une démarche auprès du Ministère des Anciens Combattants pour demander la raison pour laquelle les personnes transférées de la métropole vers l’Algérie sous le Régime de Pétain n’avait pu obtenir le statut de déporté alors que tel avait été le cas pour ceux déportés à la suite de la Commune de Paris. On lui répondit que le statut de déporté ne s’appliquait pas aux personnes transférées pour raison politique. En outre, ces transferts n’avaient pas été le fait de l’ennemi mais des autorités françaises. Michel répondit n’être pas du tout satisfait de cette réponse, les déportations sous Adolphe Thiers étant également faite par les autorités françaises.

La pension d’invalidité a été attribuée à titre politique. L’intéressé a mal évalué les répercussions de cette décision et n’a pas fait appel. En effet, l’administration a refusé d’accorder à sa veuve une pension de reversion en avril 1985, refus confirmé par le secrétariat aux anciens combattants suite à recours, en mars 1986.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122200, notice MICHEL Robert, Auguste, Marius [pseudonymes dans la résistance : Etienne, Savy] par Eric Panthou, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 décembre 2020.

Par Eric Panthou

SOURCE : Archives des Conférences fédérales du PCF du Puy-de-Dôme de 1946 à 1961 .— Note biographique rédigée par Roger Champrobert (archives privées Roger Champrobert) .— “Nos deuils : Robert Michel”, Résistance d’Auvergne, n°58, avril 1985. .— Arch. Dép. du Puy-de-Dôme 1296 W 75 : le commissaire divisionnaire de la surveillance du Territoire à monsieur l’Inspecteur général des Services de la Surveillance du Territoire à Vichy, le 21 janvier 1941 .— Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 75 le commissaire chef de la sûreté au préfet, 27 février 1941. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 900 W 89, dossier d’internement de Robert Michel. — AVCC Caen AC 21 P 598032 .— Bulletin de vote élections municipales de Clermont-Ferrand du 19 octobre 1947 .— La Voix du Peuple, 10 août 1946. — Notice Maitron sur Antoine Prugne.

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