MICHELAT Auguste, Louis

Par Robert Estier

Né le 27 mai 1885 à Vanves (Seine), mort le 7 mars 1964 à Roanne (Loire) ; ouvrier fraiseur ; secrétaire du syndicat de l’Arsenal de Roanne (Loire).

Fils d’un forgeron et d’une journalière, Auguste Michelat, ouvrier fraiseur originaire de Paris, fut mobilisé aux Établissements militaires de Bourges pendant la Première Guerre mondiale. L’autorité militaire le muta à l’Arsenal de Roanne (Loire) après les grèves de mai 1918. Auguste Michelat s’opposa vite à l’action modérée du syndicat de l’Arsenal qui « sous la direction de son secrétaire Morelle, était, aux dires du sous-préfet, un élément de pondération dans l’organisation ouvrière de Roanne ». Il organisa du 13 au 17 juin 1919, un mouvement de protestation (dit grève des bras croisés) pour un relèvement des salaires qui déboucha sur l’envoi au ministère de la Guerre d’une lettre de revendications et le vote d’une résolution « en faveur d’une grève au premier appel de la CGT dans toutes démonstrations qu’elle croirait devoir faire pour obtenir le retrait des troupes de Russie ». Il fut peu après élu secrétaire du syndicat de l’Arsenal, et, à la tête d’une commission, présenta le 15 août 1919 un rapport, d’esprit très « autogestionnaire » et décentralisateur, sur l’organisation des établissements de l’État, qui demandait notamment l’autonomie complète d’organisation et de gestion de chaque établissement, le droit pour la représentation syndicale de contrôler le directoire.

Partisan de la « grève à outrances qui peut seule liquider le régime pourri de la bourgeoisie » (déclaration à la Bourse du Travail, le 23 mars 1920), Michelat dirigea la grève générale de mai, où 1 300 ouvriers de l’Arsenal arrêtèrent le travail le 10. Très opposé à la reprise du travail, à l’inverse du secrétaire de la Bourse du Travail Roche, il multiplia les interventions antimilitaristes favorables à l’amnistie des marins de la mer Noire, et dénonça violemment l’attitude de la CGT. Il fut révoqué avec soixante-quatorze camarades de l’Arsenal, mais réintégré dès 1921. Face aux communistes, il apparaissait alors au sein de la commission exécutive de l’Union départementale dont il était membre, comme un farouche défenseur de l’indépendance syndicale, mais en 1924, la tendance anarcho-syndicaliste fut battue par les communistes qui écartèrent Henri Lorduron* au profit de Frachon. Lui-même fut éliminé de la direction du syndicat de l’Arsenal et remplacé par le communiste Thévenoux dont il combattit vigoureusement l’influence pendant l’entre-deux-guerres, en créant un conseil syndical de l’Arsenal. Il fut par ailleurs secrétaire du puissant syndicat des Métaux de Roanne resté aux mains des confédérés et l’un des principaux dirigeants de la Bourse du Travail confédérée.

Il redevint secrétaire adjoint du syndicat réunifié de l’Arsenal en avril 1936, et fit partie de la nouvelle commission exécutive de l’Union départementale de la Loire, constituée au lendemain du congrès de fusion, le 19 janvier 1936 à Saint-Étienne. Mais, pacifiste convaincu comme ses amis Gastal et Ponchon, adhérent à la tendance « Syndicats » de Belin, il se heurta dès 1937, et surtout en 1938 sur le problème de l’intervention en Espagne aux ex-unitaires. Dans un article du 11 juillet 1938, sous le titre « Démocratie syndicale » signé par les ex-confédérés du syndicat de l’Arsenal, il dénonça les atteintes faites, selon lui, par les communistes à l’indépendance syndicale depuis la réunification, en les accusant d’avoir fait tardivement leurs certaines idées-forces de la CGT comme le plan de réorganisation économique lancé en 1934. Il leur reprochait également l’abandon des campagnes contre les deux ans, après le voyage de Laval à Moscou en 1935, contre les Assurances sociales, contre la loi des retraites : « Nous regrettons que la démocratie mise en vigueur dans notre syndicat nous oblige à nous servir de la presse pour faire entendre notre voix mais que ceux qui sont responsables fassent leur mea-culpa."

Michelat redevint secrétaire de l’Arsenal après l’exclusion des communistes de la Bourse du Travail de Roanne dont il fut élu le 29 octobre 1939 membre de la commission exécutive provisoire. Il conserva ses fonctions sous l’Occupation durant laquelle il approuva la politique sociale de Vichy. Inquiété à la Libération, il fut condamné à l’indignité nationale.

Auguste Michelat s’était marié en mars 1909 à Paris (XIIIe arr.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122203, notice MICHELAT Auguste, Louis par Robert Estier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 14 février 2020.

Par Robert Estier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13358. — Arch. Dép. Loire, M 1, 3 M 75, 93 M 15, 450 M Tr 438/2. — Le Cri du peuple, 21 juillet 1938. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable