MILAN Pierre, Antoine

Né le 25 août 1874 à Chazelles-sur-Lyon (Loire), mort le 20 mai 1945 à Paris (XVIIe arr.) ; ouvrier chapelier ; dirigeant de la Fédération nationale de la Chapellerie ; membre du Comité d’information ouvrière et sociale pendant l’Occupation.

Fils d’un chapelier et d’une tisseuse en soie, Pierre Milan fut placé dans une ferme à l’âge de neuf ans. A seize ans, il commença son apprentissage d’ouvrier chapelier ; quatre ans plus tard, il anima une grève et fut renvoyé. Il se rendit alors dans la Creuse mais, à la suite d’un conflit avec son patron, il dut encore partir. Il travailla successivement à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et à Moulins (Allier). En 1900, Milan prit une part active au congrès de la Chapellerie puis travailla au Bugue (Dordogne), à Givors (Rhône) et vint à Paris en 1909.

Milan assista au XIIe congrès national de la CGT, tenu au Havre du 16 au 23 septembre 1912, où il représenta le syndicat des ouvriers en chapellerie de Paris dont il était le secrétaire général.

Le 3 septembre 1914, au plus fort de l’offensive allemande vers Paris, Milan fit partie de la commission exécutive mise en place pour remplacer le comité confédéral défaillant. Il appartint alors au Comité d’action commune, né du rapprochement du Parti socialiste et de cette commission exécutive, qui était chargé de défendre les intérêts des populations ouvrières dans les questions de ravitaillement et du chômage. Mobilisé, il n’en continua pas moins à militer, mais plutôt dans le cadre du Parti socialiste SFIO et de la Fédération nationale des coopératives.

En 1919, il était secrétaire et trésorier de la très ancienne Fédération nationale de la Chapellerie, avant d’en devenir le secrétaire général en 1921. D’emblée, il fut du côté de la majorité lors des débats qui entraînèrent la scission et, en février 1920, il entra à la commission administrative de la CGT, où il fut constamment réélu par la suite. En 1925, il cumulait toujours les fonctions de secrétaire et trésorier de sa fédération. Il fut régulièrement délégué par elle aux congrès nationaux de la CGT (sauf en 1929, 1935 et 1938).

Au début des années 1930, tout en conservant diverses responsabilités, il siégeait comme arbitre à la commission des conflits de la centrale et, depuis juillet 1928, présidait l’Internationale des travailleurs de la Chapellerie, dont le siège était en Allemagne, à Altenburg ; il était également délégué titulaire de la CGT au conseil supérieur de l’enseignement technique. Malgré ses fonctions, il se rendait en tournée dans les petits centres de production, ainsi en 1925 dans le Tarn-et-Garonne, accompagné d’André Delmas*. Il rédigeait lui-même, avec beaucoup de difficultés, le petit organe des chapeliers : Couvre-chef. Selon A. Delmas, Pierre Milan était « foncièrement modeste » et « sa parfaite liberté d’esprit, son jugement indépendant, sa façon de parler sans détour, même à Jouhaux, compensaient largement ses infériorités techniques ». Il militait toujours à la 20e section de Paris du Parti socialiste SFIO

Dès 1933, Milan appuya la carrière de René Belin*. Secrétaire fédéral au moment de la réunification syndicale, il fut désigné comme secrétaire général de la Fédération de la Chapellerie en 1936 et réélu en juillet 1938. Il participa aux réunions organisées par A. Delmas en vue de préparer le congrès de Nantes (14-17 novembre 1938) où il soutint la motion des ex-confédérés hostiles à la montée de l’influence communiste dans la CGT et regroupés autour du journal Syndicats, dont il était l’un des collaborateurs. Avant la Seconde Guerre mondiale, il fut responsable du secrétariat professionnel international de la Chapellerie au sein de la Fédération syndicale mondiale.

Pendant l’Occupation, avec la complicité de René Belin, Milan put sauver de la confiscation l’immeuble de la CGT(rue Lafayette) qui était la propriété de militants groupés en une Société générale du travail, fiction connue de Belin qui la respecta. Il appartenait au Comité d’information ouvrière et sociale constitué en juin 1942 sous les auspices de P. Laval (voir Gabriel Lafaye*), ce qui lui valut le 18 octobre 1944 d’être exclu à vie de toutes les organisations syndicales par la commission nationale de reconstitution de celles-ci.

Il avait été membre du Conseil national économique de 1925 à 1940 ; membre de la commission provisoire d’organisation de la famille professionnelle de l’habillement et du travail des étoffes (20 mars 1942) ; du comité chargé provisoirement de procéder aux nominations et promotions dans l’ordre national du Travail (16 avril 1943) ; du conseil d’administration du syndicat unique des ouvriers et employés de la branche III (industries diverses) de la famille de l’habillement et du travail des étoffes de la région parisienne, dans la section chapellerie pour hommes et dames (12 août 1943). Il fut également président du conseil consultatif placé auprès du centre d’information des ouvriers (11 janvier 1944) ; membre du Conseil supérieur du travail (12 janvier 1944) ; membre ouvrier du conseil tripartite placé auprès du directeur général responsable du comité général d’organisation de l’habillement et du travail des étoffes (20 mai 1944) ; nommé par Déat l’un des représentants ouvriers au Conseil supérieur de la solidarité nationale (2 août 1944) et membre du Conseil supérieur de l’économie industrielle et commerciale (7 août 1944).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122299, notice MILAN Pierre, Antoine , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 24 mai 2016.

SOURCES : Arch. PPo. Ba/1686. — Masse, La CGT à travers son quotidien, Le Peuple, 1934-1936, op. cit. — D. Stephany, Le personnel de la CGT de 1936 à 1939, op. cit. — J. Vial, La coutume chapelière, Paris, 1941, pp. 305-308. — Compte rendu des travaux de la commission nationale de reconstitution des organisations syndicales de travailleurs, Versailles, 1946. — A. Delmas, Mémoires d’un instituteur syndicaliste, Albatros, 1979. — RenéBelin, Du secrétariat de la CGT au gouvernement de Vichy, Albatros, 1978. — A. Rosmer, Le mouvement ouvrier pendant la première guerre mondiale, t. 1, op. cit. — État civil. — Notes d’Yves Lequin et de J.-L. Panné.

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