MILLET Maurice

Par Claude Pennetier

Né le 14 octobre 1898 à Saint-Éloy-de-Gy (Cher), mort le 31 octobre 1983 à Bourges (Cher) ; instituteur ; militant syndicaliste, secrétaire du SNI du Loir-et-Cher (1933-1936) puis du Cher (1944-1953) ; militant socialiste.

Fils d’un courrier des postes et d’une lingère qui étaient en même temps cultivateurs, Maurice Millet eut pour instituteur un militant socialiste, puis fut élève de l’école primaire supérieure de Bourges. Il entra à l’École normale d’instituteurs de Bourges en 1915 où il suivit la préparation militaire mais refusa de passer le brevet en fin d’année. Mobilisé en avril 1917, il combattit sur le front, fut blessé et gazé. Avec ses camarades de régiment, il accueillit avec enthousiasme l’annonce de la Révolution russe en octobre 1917. De retour dans le Cher en mai 1920, Millet donna son adhésion au syndicat des membres de l’Enseignement laïque du Cher, et, par la suite à l’Union fédérale des anciens combattants. Son refus des ingérences politiques dans le syndicalisme l’écarta du Parti socialiste. Il enseigna à Henrichemont (1920), Nérondes (1911-1923), Allogny (1923), puis sur sa demande fut nommé à Salbris, dans le Loir-et-Cher en 1926 pour y rejoindre sa femme, institutrice titulaire dans ce département, qu’il avait épousée religieusement, par obligation familiale, le 4 août 1923 à Saint-Martin d’Auxigny (Cher) où son beau-père était maréchal-ferrant. Ils eurent un garçon en 1925 qui ne reçut pas de sacrements religieux.

Il adhéra à la section socialiste SFIO de Salbris en 1927, mais resta surtout un syndicaliste influencé par La Révolution prolétarienne. Il assura le secrétariat adjoint du syndicat unitaire de l’enseignement du Loir-et-Cher à partir de 1930 et, l’année suivante, fut secrétaire du comité départemental pour l’unité syndicale. En 1932, il suivit Georges Thomas* de l’Indre et Jean Cornec* du Finistère au Syndicat national (CGT) et devint secrétaire de sa section départementale le 23 décembre 1933. Il avait assisté au congrès national de Clermont-Ferrand en août 1933. 

Millet fut l’un des organisateurs de la grève du 12 février 1934 dans le Loir-et-Cher. La municipalité de Mont-Près-Chambord ayant voté un blâme aux instituteurs et institutrices grévistes, il organisa avec Charles Ruche* une réunion publique de protestation dont le retentissement fut grand. Le 25 octobre 1934, les syndicats unitaires et confédérés fusionnèrent et le maintinrent au secrétariat général de la section départementale du Syndicat national des instituteurs. Son activité syndicale ne se limitait pas à l’enseignement : son influence dans les milieux ouvriers de Salbris lui permit de créer le 16 mai 1936, l’Union locale CGT qui compta mille deux cents syndiqués (dont deux cents femmes) sur quatre mille habitants. Il en fut le secrétaire. Millet participa activement à la constitution du Front populaire dans le Loir-et-Cher. Il était alors un partisan de Marceau Pivert* qu’il avait logé à Salbris en 1933. D’autre part, il participa à la création d’une auberge de jeunesse. Pratiqaunt (pratiquant) le rugby, il anima la vie sportive dans diverses localités.

A sa demande, Millet fut nommé à Massay dans le Cher en octobre 1936, puis à Villequiers, enfin à Bourges en 1938 où il termina sa carrière comme directeur.

Il créa une section SFIO à Massay mais elle ne groupait que quatre ou cinq militants et disparut rapidement. L’année suivante, il participa à la section de Villequiers puis à celle de Bourges en 1938-1939. Élu au conseil syndical le 24 février 1938, il devint secrétaire de la rédaction du bulletin lors de la réunion du conseil syndical, le 3 mars et fut élu au Conseil départemental de l’enseignement primaire, le 28 mars 1938. La collaboration était très difficile avec le secrétaire général de la section du Cher, Raymond Beuzelin*. Millet fit la grève du 30 novembre 1938 avec quatorze collègues de Bourges. Selon son propre témoignage, il n’était pas « chaud partisan » du mouvement et n’y participa que par discipline syndicale. Pacifiste convaincu, Millet approuvait la lutte contre la guerre menée par la direction du SNI. Il approuva les accords de Munich et se sépara des comités Amsterdam-Pleyel jugés trop belliqueux.

Mobilisé du 24 août 1939 au 21 juillet 1940, Millet reprit ensuite ses fonctions à Bourges. Il rompit avec Beuzelin qui l’avait contacté pour créer une organisation syndicale légale. Cela ne l’empêcha pas de défendre ce dernier à la Libération « car s’il était pacifiste (tendance Émery*), ce qui l’honore, il n’était pas collaborateur ». Millet entra dans le réseau de Résistance Libération-Nord en juillet 1943 et recréa, avec des militants socialistes, un bureau clandestin du SNI. Bourges fut libéré le 6 septembre 1944 ; deux jours plus tard, la presse publiait une liste des membres du conseil syndical provisoire de la section SNI du Cher composée essentiellement de militants proches de Millet. Selon sa propre formule, il « prenait le pouvoir » pour gagner de vitesse les communistes. Le conseil syndical définitif le désigna comme secrétaire général. Il assura cette fonction jusqu’à sa retraite en 1953. Lors du congrès du SNI, le 26 décembre 1945, il fut assesseur et lors de la réunion du conseil national, le 27 décembre 1946, il donna son point de vue sur la question du reclassement des instituteurs parmi les fonctionnaires. Cette année-là, au congrès national du SNI à Pau, le 17 juillet, dans son intervention, il souhaita une meilleure prise en compte par le syndicat de la question du logement des instituteurs.

Millet fut secrétaire de l’Amicale Libé-Nord du Cher, de janvier 1945 à 1953, puis son président. Il adhérait depuis sa jeunesse à la Ligue des droits de l’Homme et cessa son appartenance en mai 1958 à la suite d’un désaccord avec les communistes après le retour du général de Gaulle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122364, notice MILLET Maurice par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 25 novembre 2018.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Loir-et-Cher, fonds de la Bourse du Travail. — Arch. Dép. Cher, 6 T. — Arch. du syndicat unitaire de l’enseignement du Cher. — Arch. SNI, Cher. — Bulletins syndicaux du Cher et du Loir-et-Cher. — Presse syndicale nationale. — Le Cri du peuple, 19 août 1931. — Témoignage de Maurice Millet (les renseignements sur ses activités dans le Loir-et-Cher ont été recueillis par P. Foulet). — Renseignements fournis par l’intéressé à Jacques Girault en 1975-1976.

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