Par Jean Sagnes
Né le 22 décembre 1898 à Florensac (Hérault), mort le 9 janvier 1945 en déportation à Mauthausen ; ouvrier agricole puis petit métayer ; secrétaire général de la Confédération générale des paysans travailleurs (CGPT), rédacteur en chef de la Terre.
Fils d’un cultivateur, frère de Philomen Mioch, François Mioch connut tout enfant la vie rude des ouvriers agricoles. Avant sa douzième année, il travaillait comme jardinier puis devint ouvrier agricole. Appelé en mai 1917 au 81e régiment d’infanterie de Montpellier, il fut affecté au front. Volontaire pour les coups de main, il fut cité deux fois, fut fait caporal et reçut la Croix de guerre avec palmes. Demeuré sous les drapeaux plusieurs mois après l’armistice, il mit à profit cette période pour faire de nombreuses lectures. A l’automne 1919, il se maria et vint résider à Florensac où il reprit son métier d’ouvrier agricole.
En 1921, Mioch adhéra au syndicat des ouvriers agricoles dont il fut un des principaux animateurs jusqu’en 1933 : secrétaire en 1923, président en 1930. Ce syndicat autonome, regroupait un grand nombre d’ouvriers agricoles. C’est à la veille des élections législatives de 1924 que François Mioch adhéra au Parti communiste dont il lisait la presse depuis quelque temps déjà. Il devint presqu’aussitôt secrétaire de la cellule locale et déploya une grande activité dans la commune. Aux élections municipales de 1925, il fut élu sur une liste composée de socialistes et de communistes. La même année, il fut candidat au conseil général dans le canton de Florensac et, au second tour, appela à voter pour le candidat socialiste arrivé en tête. En août 1925, il présenta un rapport sur la crise viticole au congrès contre la guerre du Maroc tenu à Marseille. En 1926, il fut délégué au congrès national du PC tenu à Lille. Il écrivait alors régulièrement dans le Travailleur du Languedoc, hebdomadaire régional du PC, diffusé dans cinq départements. Membre du bureau de la Région communiste, il fut responsable des questions paysannes de 1927 à 1933. En 1928, il était également responsable du Conseil paysan français à Florensac et diffuseur de la presse communiste. Ses multiples activités militantes l’exposant à la répression patronale, il avait de plus en plus de difficultés à trouver du travail et dut prendre à ferme quelques petits lopins de terre. De 1931 à 1933, il fut rédacteur au Travailleur du Languedoc, dont le siège était à Béziers, sans pour autant cesser toute activité professionnelle et militante à Florensac.
A deux reprises, il fut candidat aux élections législatives : en 1928 dans la circonscription de Lodève où il obtint 410 voix sur 10 741 suffrages exprimés, et en 1932 dans celle de Béziers où 897 voix se portèrent sur son nom (16 359 suffrages exprimés).
Il avait acquis peu à peu une réelle compétence dans les questions agricoles. En juin 1933, il fut appelé à Paris à la section agraire du PC et à la rédaction de la Voix paysanne. Il devint peu après secrétaire général de la Confédération générale des paysans travailleurs et à ce titre fit de fréquentes tournées de réunions dans toute la France. Bien que ne résidant plus dans l’Hérault, il fut encore tête de liste du Bloc ouvrier et paysan aux élections municipales de Florensac en 1935. Parallèlement, il militait au mouvement Amsterdam-Pleyel.
En septembre 1936, il fit une intervention à la conférence agraire de Bruxelles. En mai 1937, la Voix paysanne ayant cessé de paraître, François Mioch devint rédacteur en chef de la Terre créée par le PC le 30 janvier 1937. Outre ses responsabilités à ce journal, Mioch continuait à diriger la CGPT. Il était aussi membre de la commission exécutive de la Fédération nationale des travailleurs de l’Agriculture (CGT) depuis janvier 1937 et membre de la commission consultative interministérielle de la Viticulture depuis le 10 décembre 1938. En 1939, il devint secrétaire du Comité national de défense viticole.
A la fin d’août 1939, après l’interdiction du PC et de la Terre, son logement fut perquisitionné et lui-même fut arrêté. Rapidement relâché, il fut mobilisé aussitôt à Decazeville (Aveyron). Il demeura sous les drapeaux jusqu’au 13 juillet 1940 et la démobilisation le toucha à Aubin (Aveyron). Il revint alors à Florensac comme ouvrier agricole, reprit contact avec le PC clandestin et diffusa sa presse. Le 3 avril 1942, avec son frère Philomen Mioch* et Jean Roux*, il fut arrêté par la gendarmerie française. Torturé dans les locaux de la P J de Montpellier, il comparut devant le tribunal militaire de cette ville le 19 mai 1942. Comme ses deux compagnons, il fut condamné à huit ans de travaux forcés, à la confiscation de ses biens et à la suppression de ses droits civiques. Transféré à la prison de Lodève puis au camp de Mauzac et enfin à la prison du Puy, il s’en évada le 1er octobre 1943 et rejoignit le maquis FTPF de Haute-Loire situé près de La Chaise-Dieu dont il devint le commissaire aux effectifs. En juin 1944, il fut à nouveau arrêté et torturé au fort Saint-Luc de Lyon, avant d’être déporté à Mauthausen. Lors de la libération de Florensac, le 22 août 1944, le comité local de Libération le nomma à l’unanimité au poste de président malgré son absence. Mais il ne devait jamais revenir. Il mourut à Mauthausen le 9 janvier 1945.
Il fut fait lieutenant FFI à titre posthume et promu officier de la Légion d’honneur. Une avenue de sa commune natale porte son nom.
Par Jean Sagnes
ŒUVRE : Propriété culturale et conventions collectives de vente, s.d. — Servir les paysans (rapport au congrès national de la CGPT de Brive, mars 1939, Bourges, s.d.). — Le Statut viticole et la défense des petits vignerons, la brochure populaire, n° 13, juillet 1939.
SOURCES : RGASPI, 495 270 4197, autobiographie, Paris 23 octobre (sans année), peut-être 23 octobre 1933 ; questionnaire de la sous-section d’éducation, sans date. — Arch. Nat. F7/13090. — Arch. Dép. Hérault, 15 M 72 et 73, 75 et 76. — Le Travailleur du Languedoc, 1926-1939. — La Terre, 1937-1939. — Ph. Mioch, « François Mioch, rédacteur en chef du journal paysan La Terre jusqu’à la guerre de 1939-1945 » (article déposé à la Bibliothèque marxiste de Paris : copie communiquée par l’auteur). — Les Communistes de l’Hérault dans la Résistance, Montpellier, s.d. — La Marseillaise du Languedoc, 23 décembre 1974. — Interviews de J. Dô, de P. Mioch et de Madame François Mioch à Florensac. — "François et Philomen Mioch , de Florensac, deux ouvriers agricoles « au devant de la vie »", Études Héraultaises, n° 44 2, 2014.