MODIANO René, Isaac

Par Justinien Raymond

Né le 3 décembre 1910 à Paris (IXe arr.), mort le 18 juillet 2001 à Draveil (Essonne) ; professeur ; militant socialiste, à la SFIO puis au PSOP.

Fils d’un pharmacien, René Modiano fit ses études aux lycées Louis-le-Grand, Henri-IV, puis en Sorbonne. Agrégé de lettres en 1933, il fut nommé au lycée de Saint-Quentin (Aisne). Faut-il attribuer à l’influence d’un de ses maîtres, le philosophe Alain, son précoce engagement politique et son pacifisme inébranlable ? Il adhéra en 1926 à la LAURS (Ligue d’action universitaire républicaine et socialiste) que présidait Pierre Mendès France, en 1927 aux Étudiants socialistes et à la section de Sceaux puis à la XIVe section de Paris du Parti socialiste SFIO. En 1931-1932, il était secrétaire du groupe parisien des Étudiants socialistes, le secrétaire national étant alors Claude Lévi-Strauss. Modiano fut parmi les fondateurs du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) et appartint à son bureau national.

Au sein de la SFIO, son action révolutionnaire et pacifiste le classait à la gauche du parti, dans la tendance de la Bataille socialiste puis dans celle de la Gauche révolutionnaire. Le maintien de la paix était le sujet dominant de ses interventions dans les instances socialistes. Dans ses livres et brochures, dans ses articles de la Bataille socialiste, des Cahiers rouges, de la Gauche révolutionnaire, de l’Étudiant socialiste, de La Vague, de la tribune libre du Populaire, seul ou en collaboration avec sa femme Hélène Modiano, il dénonça les marchands de canons, les trusts internationaux du pétrole, La Presse pourrie aux ordres du capital (Édition du Parti socialiste SFIO, 1936), l’Union sacrée 1914-193... (en coll. avec Alfred Rosmer, Spartacus, 1936). Modiano était membre du comité directeur de la Gauche révolutionnaire quand, en 1937, à l’issue du congrès national du Parti socialiste à Marseille, il entra à la Commission administrative permanente (CAP) de la SFIO.

En juin 1938, au lendemain du congrès national de Royan qui prononça l’exclusion de la Gauche révolutionnaire, il fut un des fondateurs du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP) et entra à sa CAP. Au cours de l’élaboration du programme d’action immédiate du jeune parti, Modiano fit remplacer la formule « dictature du prolétariat » par « dictature des classes travailleuses ». Lorsque la menace de guerre posa sérieusement le problème de la conduite à tenir, Modiano anima la tendance résolument pacifiste du PSOP. Quand la guerre éclata, il se trouvait en Norvège où Marceau Pivert et le PSOP l’avaient envoyé pour seconder Daniel Guérin au secrétariat d’Oslo. Arrêté par l’autorité allemande en avril 1940, il fut libéré huit mois plus tard en vertu des décisions de la commission d’armistice de Wiesbaden.

René Modiano renonça à l’action politique, resta en Suède où il enseigna à l’Université de Göteborg.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122536, notice MODIANO René, Isaac par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 2 décembre 2022.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Brochures citées. — Quatre discours et un programme. Interventions de Marceau Pivert, Lucien Hérard et René Modiano aux conseils nationaux du Parti socialiste à Montrouge (14 février 1937) et à Puteaux (18 février 1937), Cahiers rouges, 1937.

SOURCES : Jean-Paul Joubert, À Contre-courant : le Pivertisme. De la « vieille maison » au « Parti révolutionnaire », Thèse, Institut d’études politiques de Grenoble, 1972. — Compte rendu du congrès national de la SFIO à Marseille (1937). — Fichier des décès de l’INSEE. — Note de Julien Chuzeville.

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