MOIGNE Charles, Joseph

Par Gilles Pichavant

Né le 6 janvier 1894 à Brest (Finistère), mort le 28 novembre 1980 à Brest ; ajusteur, dessinateur, employé communal, cafetier ; militant socialiste puis communiste ; militant de l’ARAC

Charles Moigne naquit le 6 janvier 1894, fils de Paul Moigne, menuisier au port, et de Perrine Jacolot, ménagère, avant dernier enfant d’une famille de quatre, dont deux, un frère et une sœur, devinrent instituteurs, un troisième employé communal. Charles devint ajusteur après de solides études à l’École pratique d’industrie et de commerce de Brest, où il obtint un prix d’excellence en 1908.

Mobilisé en 1914, il fut blessé à l’avant bras et à la main gauche, le 1er juillet 1916 à Fleury-devant-Douaumont pendant la bataille de Verdun, et en resta infirme. Après deux ans d’hôpital, il fut réformé définitif avec pension 30% pour fracture du cubitus gauche consolidé mais avec trouble grave à la main gauche et notamment du pouce et les 3 doigts suivants, le dernier ne fonctionnant plus, restant en crochet. Il dût abandonner l’idée de poursuivre son métier d’ajusteur, puis celui de dessinateur. En 1922, Charles Moigne acheta un petit café, 7 rue Louis Pasteur à Brest, appelé le « Bar Brestois » et devint cafetier.

Membre du Parti socialiste SFIO avant le congrès de Tours, puis du Parti communiste, Charles Moigne devint en janvier 1921, membre du bureau de la section de Brest (Finistère) du Parti socialiste devenu SFIC. Le nouveau bureau de la section réorganisé suite à la défection de la plus grande partie des élus qui refusaient la décision du congrès de Tours, se composait ainsi : Secrétaire : J. Le Meur ; Secrétaire-adjoint : Le Rubrus ; Trésorier : Berthou. Membres du bureau : Nardon H, Le Tréis, Guiban, Huguen*, Goaran*, Derrien, Lavenant*, Goadic* et Vibert et Charles Moigne. Rapidement il remplaça le trésorier et devint administrateur du journal communiste « Germinal »

La même année, il anima le secrétariat de la commission exécutive de l’ARAC du Finistère et, en janvier 1922, la trésorerie de la section locale du PC. Au congrès national de l’ARAC (Levallois, août 1921) il entra comme suppléant du comité central. Le 13 janvier 1924, il fut élu au comité fédéral du PC par le congrès de Quimper. Il était également trésorier de la Maison du Peuple de Brest.

Le 24 novembre 1938, il refusa, dans le cadre des exercices de la défense passive, d’éteindre la lumière et de fermer le rideau de fer de son café. En réalité il avait éteint les lumières de la devanture, mais laissé allumé une lampe à l’intérieur de son établissement. D’après La Dépèche de Brest il fut agressé par une foule de « plus de 500 personnes qui conspuèrent le récalcitrant ». Il fut, selon d’autres sources, traité de « juif » et « d’allemand », tandis que des projectiles commençaient à pleuvoir sur sa devanture, le sous-préfet et le commissaire présents, refusant de protéger un récalcitrant qui « n’était pas français ». D’après La Dépêche de Brest le commissaire de police serait finalement intervenu pour décider Charles Moigne à baisser le rideau de fer de sa devanture. A la suite de cette affaire il fut poursuivi en correctionnelle pour « infraction à arrêtés municipaux », et condamné à 16 francs d’amende le 20 juillet suivant.

Arrêté en juillet 1941, Charles Moigne fut interné au camp de Châteaubriant. Il fit partie d’une liste de 18 personnes devant être libérées, publiée dans Ouest-Éclair le 21 août 1941, mais il semble avoir disparu.

Herveline Moigne*, sa sœur, institutrice à l’école Vauban à Recouvrance (Brest), fut inquiétée et suspendue de service le 22 novembre 1941. Elle fut finalement mutée dans les Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor).

En 1922 il habitait 15 rue Fautras à Brest.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122550, notice MOIGNE Charles, Joseph par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 20 juin 2020.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : E. Kerbaul, 1640 militants du Finistère, op. cit. — M. Lazar, L’ARAC, une organisation du mouvement ouvrier, Mémoire de Maîtrise, Paris I. — Arch. Mun. de Brest, Liste électorale de 1935. — La Dépèche de Brest, 1er juillet 1908, 25 janvier 1922, 3 août 1922, 25 novembre 1938. — Germinal de Brest, 5 février 1921, 1er février 1922. — Arch. Dép. Registre Matricule. — Témoignage de Simone Pichavant. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable