Par Jacques Girault
Né le 6 septembre 1889 à Vallabrègues (Gard) ; mort le 15 avril 1983 à Nîmes (Gard) ; instituteur dans le Gard ; militant syndicaliste ; militant communiste, conseiller municipal de Nîmes, conseiller général.
Son père, ouvrier vannier, socialiste, travaillait dans une organisation coopérative. Sa mère était rempailleuse de chaises. Jules Monleau, élève boursier à l’école primaire supérieure de Beaucaire, échoua à l’Ecole normale d’instituteurs. Il effectua divers travaux d’écritures chez un viticulteur et chez un négociant en vannerie. Il se maria uniquement civilement en janvier 1910 à Beaucaire (Gard) avec une ouvrière en couture. Le couple eut une fille.
Exempté du service militaire à la suite d’un accident, titulaire du brevet élémentaire, il obtint en 1911 un poste d’instituteur en Meurthe-et-Moselle, département déficitaire. Instituteur à Auboué, il réussit en 1913 au certificat d’aptitude pédagogique et revint dans le Gard avec son épouse. Il fut nommé à Carnas. Abonné à l’Humanité depuis 1912, il adhéra à la section socialiste SFIO de Quissac, puis souscrivit pour aider la parution de La Vague, journal de Pierre Brizon*. Mobilisé en août 1917 dans les services auxiliaires de l’Infanterie, il fut affecté comme gardien d’un camp de prisonniers, en 1918 détaché comme garde des hauts-fourneaux de Beaucaire puis comme surveillant des prisonniers employés dans le vignoble.
Démobilisé en juillet 1919, Monleau fut nommé instituteur à Fourques à partir d’octobre 1919. Il participa à la reconstitution de la section socialiste SFIO dont il devint le secrétaire tout en adhérant au Comité de la IIIe Internationale. La majorité des membres de la section vota la motion d’adhésion à l’Internationale communiste et constituèrent une section, puis une cellule, communiste, diffusant une feuille mensuelle Fourques ouvrier et paysan puis distribuant l’Humanité du Midi. En 1925, il demanda sa mutation pour se rapprocher d’un établissement où sa fille pourrait commencer des études secondaires. Il obtint Tamaris près d’Alès. Secrétaire de la cellule communiste des fondeurs, il fit partie du comité du rayon communiste d’Alès, chargé de la rédaction des articles locaux, de certains éditoriaux et articles de politique internationale dans l’hebdomadaire Le Cri du Gard dont il surveillait la fabrication dans l’imprimerie de Nîmes. Nommé au bureau régional, il militait aussi au Secours ouvrier international, dans un Comité de défense de l’Humanité et au comité antifasciste d’Alès.
En 1925, Monleau, seul instituteur communiste du département, adhéra au Syndicat national (CGT). Ils furent par la suite six. Animateurs du groupe de jeunes, ils fondèrent le Syndicat des membres de l’enseignement laïque qui publia un bulletin, Le Syndicaliste, à partir de 1929 dont Monleau fut l’administrateur. Cette double appartenance lui permit de peser lors des élections au Conseil départemental de l’enseignement primaire. En 1930, il obtint personnellement 67, puis 89 voix en 1932, alors que les candidats du SN arrivaient en tête avec 250 voix en moyenne. En 1932, élu membre du conseil syndical de la section départementale du SN, il anima alors l’ « Opposition syndicaliste révolutionnaire des syndicats confédérés et autonomes » en liaison avec l’Internationale des travailleurs de l’Enseignement qui, dans la section, mena une attitude d’opposition systématique. Ils furent exclus en juin 1932 pour avoir mené une grève contre la décision du SNI. Leur réintégration fut décidée en janvier 1933. L’OSR fut active dans d’autres départements et présenta des motions lors des congrès nationaux du SNI. L’unité syndicale se fit dans le Gard à la fin de 1935 et Le Syndicaliste fusionna avec le bulletin du SN. Dans le conseil syndical de la section du Syndicat national des instituteurs ne figura pas de membres de l’OSR jusqu’en novembre 1937 où Léo Rousson* fut élu. Toutefois, Monleau, dans les réunions syndicales, intervenait souvent, réclamant un élargissement du conseil syndical, se prononçant contre les accords de Munich ou pour la grève du 30 novembre 1938 à la suite de laquelle il fut sanctionné d’une retenue de huit jours de salaire comme 109 des 160 grévistes. Pour l’élection du conseil syndical en février 1939, il fit partie de la « liste d’unité confédérale » s’opposant à deux listes se réclamant de l’indépendance du syndicalisme.
L’activité de Monleau s’exerçait surtout sur le terrain politique. Responsable à Alès et dans la région, il fut au cœur des négociations et des actions communes entre socialistes et communistes à partir de 1934. En décembre 1936, il accompagna des volontaires des Brigades internationales jusqu’à Albacete, bénéficiant de la confiance de son inspecteur primaire. Il fut délégué du Gard au congrès d’Arles à la fin de 1937 pour représenter le comité régional Gard-Lozère dont il était membre.
Monleau, pour des raisons familiales, fut nommé à Nîmes à partir d’octobre 1937. Il fit partie du secrétariat de la section communiste de Nîmes et du comité régional en 1939. A partir de 1940, il fit partie du triangle de direction communiste à Nîmes, échappant à plusieurs arrestations. Mais en février 1943, il entra dans la clandestinité, appelé à Lyon, par Roger Roucaute*, pour examiner le contenu de toutes les publications clandestines de la zone Sud-Est et de suivre l’évolution des effectifs des organisations communistes. Désireux de retrouver le Midi et sa famille, il revint à Nîmes à la Libération comme responsable du Cri du Gard qui reparaissait, puis devenant adjoint de Bastide, responsable seulement des pages locales et de la correction des épreuves.
Monleau fut élu au conseil municipal de Nîmes en mai 1945, réélu en 1947, et en 1953 et au Conseil général dans le premier canton de Nîmes de 1945 à 1949, étant battu lors du renouvellement.
Malade au début des années 1960, Monleau interrompit son activité. Il devint par la suite secrétaire d’une cellule communiste dans un quartier périphérique de Nîmes. En 1975, lors de l’enquête sur le syndicalisme enseignant de J. Girault, il écrivit un texte autobiographique de 16 pages qui fut notamment déposé aux archives départementales du Gard.
Par Jacques Girault
SOURCES : RGASPI, 495 270 4517, autobiographie, Nîmes 20 juillet 1938, 517, 1, 1892, 1908. - Presse syndicale et locale. – DBMOF, notice par Jean-Michel Gaillard. - Renseignements fournis par l’intéressé.