MONTCHAMP Maurice dit Marc Laugier

Par René Gaudy

Né le 14 janvier 1920 à Rive-de-Gier (Loire), mort le 14 octobre 1989 à Orbeil (Puy-de-Dôme) ; militant du Parti communiste (PCF) ; syndicaliste CGT de l’électricité et du gaz de la Loire, de l’Isère et la Savoie ; résistant, commandant FTPF ; militant de l’ANACR.

Maurice Montchamp et son épouse, Simone, alias Yoyo dans la Résistance où elle était agent de liaison

Ses deux grands-pères étaient mineurs de fond et son père voiturier. Sa mère éleva ses neuf enfants, Maurice était le huitième. « Nous étions dans un état d’indigence indescriptible », déclara-t-il plus tard. Deux de ses frères moururent en bas âge, trois autres furent ouvriers métallurgistes, l’une de ses sœurs travailla dans une fabrique de jouets. Seul Maurice devint un militant. En 1932, il réussit son certificat d’études. Boursier, il est admis à l’école pratique de l’industrie à Rive-de-Gier ; il obtint un CAP d’ajusteur-mécanicien et son BEI. Admis à l’École des Arts et Métiers de Cluny, il y resta deux ans mais ne put poursuivre ses études, fautes de ressources. Il fut embauché comme employé aux écritures le 1er août 1935 — il avait quinze ans et demi — à l’entreprise Force et Lumière (section de Rive-de-Gier), appelée communément « La Grenobloise » (son siège était à Grenoble).

Il n’y avait pas de syndicat dans cette exploitation. M. Montchamp adhéra à la CGTU, aux Jeunesses communistes début 1934 et au Parti communiste début 1935. Il fut délégué de la Loire au VIIIe congrès national des JC, réuni en mars 1936 à Marseille. Lors des grèves de juin 1936, il fut parmi ceux qui créèrent une section CGT, rattachée au syndicat de l’Énergie industrielle de Grenoble (Force et Lumière en faisait partie). Sportif, il fut secrétaire de la section de Basket-ball de Rive-de-Gier. Il fut membre du secrétariat régional des JC de 1937 à 1939 et s’occupa activement de l’aide à l’Espagne. Il était partisan, avec d’autres, de faire grève le 30 novembre 1938, mais le bureau du syndicat de Grenoble ayant décidé la non-participation, la section syndicale de Rive-de-Gier s’inclina ; Maurice Montchamp a rendu compte de sa déception dans Les Porteurs d’énergie (pp. 106-107).

Mobilisé au moment de la guerre, il fut après août 1940 envoyé aux chantiers de Jeunesse. Quand le chef des chantiers, le général de la Portedu Theil vint à Rumilly (Haute-Savoie), Maurice Montchamp fut un des principaux organisateurs de la grève pour l’accueillir au chant de l’Internationale. En 1941, libéré des chantiers de Jeunesse, la société "la Grenobloise" le mute à Vienne (Isère). Atteint des poumons, dû à la sous-alimentation, il dut interrompre son activité professionnelle et militante. En août 1942, il reprit son travail à Rive-de-Gier et son activité militante. Après l’occupation de la zone sud, il rejoignit le maquis.
Parti au maquis en 1943, il fut finalement affecté au camp Wodli en Haute-Loire près d’Yssingeaux. Début 1944, il arriva dans le Puy-de-Dôme : il fut successivement recruteur régional à l’état-major des FTP du Puy-de-Dôme et du Cantal, et commissaire régional aux effectifs (CER) sous le nom de Marc Laugier, parfois orthographié Logier. Commandant FTP, il devint à la Libération chef du premier bureau de la subdivision militaire du Cantal. Pour son action, il reçut la médaille de la Résistance (JO 15 juin 1945) et la Croix du combattant ainsi que la carte du combattant volontaire de la Résistance (CVR) et du combattant, délivrées en 1957.
Il a été homologué FFI pour la période du 1er janvier 1943 au 28 août 1944.
Démobilisé fin 1945, il devint administrateur du journal Le Cri du peuple puis en mai 1947 il réintégra les industries électriques et gazières nationalisées.

Il devint secrétaire général du syndicat CGT du centre EDF-GDF de Vienne (Isère) de 1951 à 1957, puis du centre EDF-GDF de Chambéry (1958-1968), ainsi que membre du bureau du Groupement national des cadres (GNC) de ce dernier centre. Il fut président des Oeuvres Sociales, le CCAS du Centre de Chambéry jusqu’en 1973, laissant ensuite cette responsabilité à Alain Blanc*. Maurice Montchamp siégea au comité de la Fédération CGT de l’Énergie (1966-1972), au bureau de l’Union départementale CGT de Savoie pendant plusieurs années, fut administrateur de l’URSSAF Savoie (1963-1974) et premier vice-président de l’Union des sociétés mutualistes de Savoie (1963-1974). Il eut également des responsabilités au comité fédéral du PCF en Savoie.

C’est dans la Résistance qu’il avait rencontré sa femme, Marie-Louise Vauris alias Yoyo, agent de liaison. Elle adhéra au Parti communiste en 1945. Le couple eut trois enfants et vint en 1974 habiter à Orbeil (Puy-de-Dôme) d’où était originaire Simone. Secrétaire de la section CGT des agents en inactivité du centre EDF-GDF de Clermont-Ferrand depuis le début de 1984, M. Montchamp habitait Orbeil (Puy-de-Dôme) dont il était conseiller municipal (1977) et dont il devint maire adjoint (1983). Il fut aussi administrateur de la caisse d’Issoire du Crédit-mutuel.
Il fut membre du Comité directeur de l’ANACR du Puy-de-Dôme au moins depuis 1979 jusqu’en 1988, co-président en 1986, responsable aux droits. Il fut aussi membre du Conseil national. Il était membre du comité de la section communiste d’Issoire et il y mourut le 14 octobre 1989.
Vers 1986, il fut proposé par l’ANACR et les FTPF pour siéger à la commission départementale d’attribution des cartes CVR du 63. Il habitait alors Orbeil (Puy-de-Dôme)
Il avait reçu la Légion d’Honneur remise par le Colonel Albert Ouzoulias le 27 juin 1986 à Orbeil, ce dernier assistant plus tard à son enterrement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122882, notice MONTCHAMP Maurice dit Marc Laugier par René Gaudy, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 3 octobre 2023.

Par René Gaudy

Maurice Montchamp et son épouse, Simone, alias Yoyo dans la Résistance où elle était agent de liaison

SOURCES : Renseignements fournis par l’intéressé. — EI-CGT, journal du syndicat CGT de l’Énergie industrielle, région de Grenoble (1936-1939). — R. Gaudy, Les porteurs d’énergie, Paris, Temps Actuels, 1982. — Renseignements recueillis par M. Rault. — Procès-verbaux du Comité directeur de l’ANACR 63 (archives privées Martine Besset). — SHD Vincennes, GR 16 P 427580, dossier résistant pour Maurice Montchamp (nc). — "Maurice Montchamp" Résistance d’Auvergne, n°77, janvier 1990. — SHD GR 19 P 63/1, dossier général. Candidatures présentées par les Associations. Commission de la Carte du CVR, page 35. — Notes d’Eric Panthou. — Sources familiales.

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