MONTEL Eugène, Georges, Léopold, Sully

Par Robert Debant

Né le 5 juin 1885 à Montbazin (Hérault) ; mort le 21 janvier 1966 à Colomiers (Haute-Garonne) ; instituteur ; militant socialiste de l’Aude, maire de Colomiers (1945-1966), président du Conseil général de Haute Garonne (1947-1966), député socialiste de Haute-Garonne (1951 à 1966).

Eugène Montel
Eugène Montel
Vincent Auriol, Léon Blum et Eugène Montel

Eugène Montel naquit au sein d’une famille protestante, dont le père, Isaac Montel, était cordonnier et sa mère Clorinde Baudasse, sans profession. Il fut élevé par sa tante, directrice de l’école Jean-Jaurès à Narbonne (Aude), et devint instituteur à Narbonne où il devait résider jusqu’en 1940.

De 1925 à la veille de la guerre, il fut le leader incontesté du Parti socialiste dans le Narbonnais en tant que secrétaire fédéral. Membre de la section narbonnaise de la Ligue des droits de l’Homme dont il devint président, il appartenait également à la loge maçonnique locale.

En 1925, il arracha au Parti radical le siège de conseiller général de Coursan. Montel représenta cette circonscription jusqu’en 1931, date à laquelle Léon Blum, conseiller général de Narbonne depuis 1929, jugea opportun de le laisser solliciter son propre siège, où la place d’un militant aussi populaire semblait tout à fait désignée. Élu, les habitants de Narbonne lui renouvelèrent leur confiance jusqu’en 1939.

Lors des élections législatives de 1928, le Parti socialiste lui demanda, malgré ses vives réticences, de se présenter dans la circonscription de Lézignan plus difficile à conquérir. Contre son adversaire principal, le radical socialiste Castel, dont l’opportunisme et les relations avec certains milieux conservateurs étaient notoires, Eugène Montel concentra l’effort de sa propagande sur la défense de la viticulture et de la coopération, exaltant la création de la Confédération générale des vignerons par Ferroul, ainsi que sur la dénonciation de la stérile dictature exercée par les radicaux locaux. Eugène Montel obtint 3 532 voix (environ 29 % des suffrages exprimés). Léon Castel fut élu au premier tour avec 6 227 voix. À l’encontre des instructions de Poincaré sur la réserve nécessaire des fonctionnaires dans la lutte électorale, il avait revendiqué, dans une lettre ouverte au préfet, le droit de critique "sous la forme vive, hardie et occasionnellement violente qui m’est particulière".

Lorsque son ami Yvan Pélissier, qui avait été élu député de Narbonne en 1928, mourut prématurément l’année suivante, il semblait normal que Montel sollicitât sa succession. Il s’effaça devant Léon Blum qui, après avoir été battu dans la Seine par [ Jacques Duclos, put ainsi reprendre sa place au Palais-Bourbon. Le leader socialiste, tout au long de son mandat, ne s’en déchargea pas moins sur lui du soin des affaires locales, auxquelles il n’accordait qu’un intérêt fort lointain. Montel posa à nouveau sa candidature à Lézignan, lors des élections de 1932. Il obtint 4 111 voix et près de 34 % des suffrages exprimés mais n’en fut pas moins nettement vaincu par Léon Castel, qui l’emporta dès le premier tour avec 6 396 voix. Il s’efforça cependant de renforcer le socialisme dans la région en lançant en 1933 le Populaire des Corbières, hebdomadaire du dimanche.

Eugène Montel fut l’un des artisans de la création du Rassemblement, puis du Front populaire dans le Narbonnais. Il anima en 1934 le Comité de lutte contre la guerre et le fascisme et conduisit à ce titre l’importante manifestation du 12 février. Il dirigea longtemps l’organe local de son parti, la République sociale. En 1935, il fut élu conseiller municipal de Narbonne.

Il se retira pendant la guerre à Colomiers, près de Toulouse. Il participa à la reconstitution clandestine du Parti socialiste SFIO, avant d’être arrêté en 1941 puis interné finalement à Vals-les-Bains (Ardèche) d’où il s’évada en 1944 et prit activement part à la Résistance.

Membre du mouvement "Libérer et fédérer", il fut élu maire de Colomiers à la Libération, et se porta candidat à l’Assemblée constituante sur la liste du Parti socialiste SFIO. Presque toute sa carrière politique se déroula dans la Haute-Garonne, au conseil général dont il devint le président en 1947, succédant à Vincent Auriol, devenu président de l’Assemblée nationale puis président de la République. Il fut en outre député du 17 juin 1951 à 1966. Il s’apposa au retour au pouvoir du général de Gaulle. Ses contacts politiques et industriels lui permettent alors de lancer à 73 ans un projet de ville nouvelle, planifié par l’architecte Viguier, prévoyant pour faire passer sa commune rurale de 3 500 habitants à 40 000, grâce à l’industrie aéronautique, dont il confia le développement à son adjoint et successeur Alex Raymond.

Eugène Montel était chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la rosette de la Résistance. Le lycée professionnel de Colomiers porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article122900, notice MONTEL Eugène, Georges, Léopold, Sully par Robert Debant, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 23 avril 2021.

Par Robert Debant

Eugène Montel
Eugène Montel
Vincent Auriol, Léon Blum et Eugène Montel
Député

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch ; Dép ; Hérault, état civil. — Arch. Dép. Aude, 2 et 5 M. — La République sociale. — Le Midi socialiste. — Enquête de U. Gibert. — Le Monde, 15 janvier 1966. — Marc Sadoun, Les socialistes sous l’Occupation, Paris, 1982, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, pp. 234. — Notes d’Alain Dalançon.

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