MORNEAU Fernand, Alphonse, Georges

Par Odette Hardy-Hémery, Laurent Thiery

Né le 11 mai 1920 à Saultain (Nord), fusillé le 24 août 1944 au fort de Seclin (Nord) ; chef de service aux Ponts et Chaussées ; agent du réseau Mithridate puis membre des FTPF du Nord.

Fils d’Alphonse Morneau, marchand de cycles, et de Fernande Brunet, ménagère, Fernand Morneau était un ancien élève du lycée de garçons de Valenciennes (Nord). Il s’était marié en décembre 1940 à Saultain avec Reine Duhem. Le 10 octobre 1939, il s’engagea volontaire pour la durée de la guerre, d’abord au 318e DEP d’artillerie lourde, puis le 17 mars 1940 au 194e RALT. Au cours des opérations, son unité fut encerclée par les unités blindées allemandes mais, grâce à son audace, une partie de la colonne put rejoindre les lignes françaises ; il prit part aux batailles de la Somme et de la Seine et s’y distingua par sa bravoure. En juin 1940, ayant été fait prisonnier, il s’évada quelques jours après, se dirigea vers Nîmes et rejoignit la famille de ses grands-parents dans le Cher à Charost où il se fit démobiliser.
Il revint alors à son foyer à Saultain et entra, en octobre 1940, aux Ponts et Chaussées à Valenciennes où il assuma une certaine responsabilité dans les services de la reconstruction. Étant, de par ses fonctions, en contact avec plusieurs chefs responsables de différentes formations de résistance, et ayant répondu à l’appel du général de Gaulle en juin 1940, il fut engagé dans le réseau de renseignements Mithridate comme chargé de mission de troisième classe sous les ordres du colonel Dulac. Il déploya une grande activité et ses renseignements furent précieux aux Alliés. En outre, en janvier 1944, il s’engagea aux côtés des Francs-tireurs et partisans (FTP). Il participa à de nombreux sabotages, à des opérations de récupération d’armes et de munitions dans le Valenciennois. Son activité lui valut d’être pris en filature par la GFP, la police militaire allemande. Quelques jours après le débarquement allié, il fut arrêté le 20 juin 1944 à son domicile de Saultain par la GFP de Valenciennes. Il fut interné à Valenciennes, jusque vers 18 heures, puis transféré à la prison Saint-Nicaise d’Arras et enfin à celle de Loos-lès-Lille, le 22 août 1944, au terme de l’instruction.
Le 24 août 1944, il comparaissait avec ses camarades Pierre Chauchoy, René Stahl, Jean Tison et Robert Vecchierini qui appartenaient au même groupe que lui devant un tribunal militaire allemand réuni à la citadelle de Lille. Selon toute vraisemblance, il s’agit de la cour martiale du 65e corps d’armée allemand, le tribunal de « l’ange gardien des V1 ». Inculpé d’espionnage, Fernand Morneau reconnut alors avoir fourni des plans de ponts et se vit condamné à mort à l’instar de Stahl et de Vecchierini.
Le jour même et dans le plus grand secret, Fernand Morneau fut exécuté, vers midi, avec ses deux camarades dans les fossés du fort de Seclin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123238, notice MORNEAU Fernand, Alphonse, Georges par Odette Hardy-Hémery, Laurent Thiery, version mise en ligne le 8 décembre 2014, dernière modification le 28 novembre 2018.

Par Odette Hardy-Hémery, Laurent Thiery

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. – DAVCC, Caen. – Fonds « Michel Rousseau » (La Coupole). – Laurent Thiery, La répression allemande dans le Nord de la France (1940-1944), Lille, Presses du Septentrion, 2013, p. 239-256. – État civil.

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