MOUFLARD Gaston

Par Francis Colbac, Dominique Cottel

Né le 22 juin 1886 à Paris (XIIe arr.), mort le 19 septembre 1962 à Paris (XIIe arr.) ; secrétaire du syndicat des ouvriers de la Poudrerie nationale de Bergerac (Dordogne) de 1917 à 1918 ; syndicaliste ; pacifiste ; un temps militant communiste de Pantin (Seine, Seine-Saint-Denis).

Le Journal, 23 août 1921

De parents bouchers, Gaston Mouflard, ouvrier électricien, bien qu’appartenant à la classe 1906, fut incorporé en octobre 1908 ; il fut nommé caporal en 1909, sergent de réserve en 1910. Déclaré insoumis en septembre 1913, il se présenta en août 1914 à son bureau de recrutement ; il bénéficia de la loi d’amnistie et fut incorporé au 46e Régiment d’infanterie. Il fut cassé de son grade en 1915 et détaché à la Poudrerie d’Angoulême, puis à celle de Saint-Médard-en-Jalle, puis au 108e d’infanterie de Bergerac (affecté à la Poudrerie).

Affecté à la Poudrerie nationale de Bergerac où il arriva le 23 avril 1917, il devint immédiatement un des animateurs du syndicat, en voie de constitution, qui allait déployer dans les mois suivants une activité considérable, dépasser au plus fort de ses effectifs cinq mille adhérents et marquer de façon durable le mouvement ouvrier bergeracois. Lors de la structuration définitive du syndicat (août 1917), Mouflard en fut élu secrétaire et le resta jusqu’à son arrestation en décembre. Il prit part aux nombreuses réunions publiques organisées par le syndicat, souvent en commun avec le groupe socialiste (minoritaire) de Bergerac, comme le 25 septembre 1917, avec la participation de Frossard. Il joua durant cette période un rôle déterminant dans l’action revendicative, la bataille pour une orientation révolutionnaire de la CGT et la lutte pour une "paix immédiate, sans annexions, sans conquêtes, sans indemnités". Il fit partie de délégations qui se rendirent à Paris auprès du gouvernement et des groupes parlementaires pour y débattre des revendications des travailleurs de la poudrerie. Le 5 décembre, la commission exécutive du syndicat le désigna (avec Dumas), comme délégué au congrès de l’Union départementale qui se tint trois jours plus tard à Périgueux. Gaston Mouflard ne s’y rendit pas. Le 8 au matin en effet, il était arrêté. Depuis plusieurs semaines il était inquiété et le 2 décembre une réunion de protestation avait été organisée contre les menaces dont il était l’objet. Le motif de son arrestation était de se livrer à de la propagande pacifiste et "défaitiste". Il était en liaison avec l’institutrice Hélène Brion, militante pacifiste, dont il était d’ailleurs le filleul de guerre. Le jour même de son arrestation, la commission exécutive du syndicat se réunit pour protester contre celle-ci et ses conditions de détention. Lors de tous les meetings et réunions ultérieurs, des motions de soutien en sa faveur furent adoptées, accompagnées de collectes. En tant que co-accusé d’Hélène Brion, il fut jugé en conseil de guerre fin mars 1918 et, sous l’inculpation de "propagande défaitiste par la diffusion de tracts et de brochures", condamné à six mois de prison avec sursis. En fait les seules charges qui avaient pu être retenues contre lui étaient d’être en possession de brochures zimmerwaldiennes que lui avait fait parvenir H. Brion. Envoyé au front, il y fut trois fois blessé. Le 23 novembre 1918, en permission de convalescence, il assista à la première assemblée générale d’après l’armistice du syndicat, où, après que Loubradou eut fait son éloge, il intervint pour remercier ses camarades de leur solidarité et appeler à "la construction d’une société plus juste".

En 1919, il épousa à Pantin Jeanne Séguin, institutrice (dont il divorcera). En 1920, il était secrétaire du Parti communiste de Pantin et administrateur délégué de la société intercommunale de ravitaillement. En 1921, il disparaît avec - selon les journaux - entre 93 000 et 100 000 Francs. Condamné par contumace à 10 ans de réclusion, il est jugé le 10 mars 1934 par la Cour d’assises de la Seine et condamné à cinq ans avec sursis pour abus de confiance.
Un Gaston Mouflard apparaît dans les milieux ouvriers sensibles aux sirène de Vichy, mais nous n’avons pas la preuve formelle qu’il s’agit de lui. En 1942, le journal Le Matin du 15 avril 1942 indique que Gaston Mouflard, chef du Front du travail "indique la position de la Ligue française". Le 17 avril, Le Progrès de la Côte d’ Or annonce que Gaston Mouflard, "vieux militant syndicaliste ", traitera "une question brûlante, celle de la Charte du Travail".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123308, notice MOUFLARD Gaston par Francis Colbac, Dominique Cottel, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 10 septembre 2022.

Par Francis Colbac, Dominique Cottel

Le Journal, 23 août 1921

SOURCES : Arch. Dép. Dordogne, 1 M 76 ; 4 M 210. — Le Journal, 23 août 1921. — Le Populaire du Centre, 8 décembre 1917.

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