MOUGIN Henri [MOUGIN Charles, Henri]. Pseudonyme : BARTOLI Jacques

Par Nicole Racine

Né le 6 février 1912 à Roanne (Saône-et-Loire), mort le 11 juillet 1946 à Paris ; philosophe ; membre du Parti communiste.

Le père d’Henri Mougin était un instituteur champenois qui était devenu professeur de mathématiques et avait enseigné aux lycées de Roanne et d’Arcueil. Sa mère, d’origine corse, agrégée de l’université, était également professeur de lycée. Henri Mougin entra à l’École normale supérieure en 1930, la première fois qu’il s’y présenta, à l’âge de dix-huit ans. Agrégé de philosophie, boursier de la Caisse de recherche scientifique, il entreprit une thèse et des recherches sur les écrivains sociaux du XIXe siècle. En 1936, Georges Cogniot, vice-président de la commission de l’Enseignement à la Chambre, demanda à Henri Mougin, alors professeur au Prytanée militaire de La Flèche et secrétaire de la section locale du Parti communiste, un rapport sur la réforme du Prytanée.

Sous le pseudonyme de Jacques Bartoli, il fut collaborateur de la revue Commune ; il y donna des articles et des chroniques dénonçant le spiritualisme et l’idéalisme de la pensée bourgeoise ; il écrivit aussi dans Europe. Il publia en 1938, aux Éditions sociales internationales, une étude sur Pierre Leroux. À l’occasion du 150e anniversaire de la Révolution française, il publia une petite brochure sur le Faubourg Saint-Marcel et sa tradition révolutionnaire. Il fut un des fondateurs de la Pensée en 1939 et y signa des comptes rendus dans les deux premiers numéros.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut mobilisé comme capitaine de réserve puis fait prisonnier. Il écrivit en captivité un recueil de poésies, Les Trois bornes de cristal. À son retour, il déploya une intense activité. Outre ses cours au lycée Lakanal, il devint secrétaire général de l’Encyclopédie de la Renaissance française.

Il publia dans la Pensée dont il fut un collaborateur assidu, de nombreux articles philosophiques. Citons les articles polémiques contre Heidegger et surtout la série sur "L’Esprit encyclopédique et la tradition philosophique française" dans lesquels Henri Mougin remontait à la source de la tradition philosophique française, la pensée de Descartes. Henri Mougin voulait travailler à la fondation de ce rationalisme moderne dont le matérialisme dialectique était pour lui l’aboutissement. Il travaillait à une étude sur l’existentialisme lorsque la mort le surprit. Plusieurs chapitres en avaient paru dans la Pensée sous le titre : "Courte histoire de l’existentialisme" dédiée à la mémoire de Georges Politzer. Le manuscrit inédit de l’ouvrage fut publié en 1947, par les soins de Jean Kanapa qui lui donna pour titre La Sainte Famille existentialiste.

Au lendemain de sa mort subite, le 11 juillet 1946, due à une double perforation intestinale, l’Humanité publia un communiqué du Comité central du Parti communiste : "Le Parti communiste perd, en Henri Mougin, un intellectuel de la lignée de Georges Politzer, qui, dans le communisme, avait trouvé sa raison de vivre et de combattre ; il perd un des jeunes maîtres de la pensée philosophique et de l’université française." Des obsèques solennelles lui furent faites le 15 juillet 1946, place de la Sorbonne. des discours furent prononcés par Léon Séror, directeur du collège Chaptal, René Maublanc, au nom de la Pensée, Georges Lefebvre, au nom de l’Union française universitaire, Louis Aragon, Georges Gosnat, sous secrétaire d’État à l’Armement au nom de ses compagnons de captivité et Roger Garaudy au nom de l’Encyclopédie française et du Comité central. La Pensée reproduisit les discours de R. Maublanc et Roger Garaudy dans son Hommage à Henri Mougin (juillet-août 1946).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123320, notice MOUGIN Henri [MOUGIN Charles, Henri]. Pseudonyme : BARTOLI Jacques par Nicole Racine, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 15 août 2022.

Par Nicole Racine

ŒUVRE CHOISIE : Pierre Leroux. Suivi de textes choisis de Pierre Leroux, Paris, ESI, 1938, 304 p. (collection "Socialisme et Culture"). — Le Faubourg Saint-Marcel et la section des Gobelins. Rivaux du Faubourg Saint-Antoine en héroïsme et en gloire révolutionnaires. Préface d’A. Marty (Le XIIIe arr. à l’avant-garde de Paris), Arcueil, M. Hallouin, 47 p. — Trois bornes de cristal, Paris, Seghers, 1944, 80 p. Poésie 44, n° 6. — La Sainte Famille existentialiste (Avertissement de Jean Kanapa), Éditions sociales, 1947, 189 p. — Présentation de K. Marx, Misère de la philosophie. Réponse à la philosophie de la misère de M. Proudhon, Éditions sociales, 1961, 221 p.

SOURCES : L’Humanité, 12 juillet 1946. — Les Lettres françaises, 19 juillet 1946 (article d’Aragon). — "Henri Mougin", Action, 19 juillet 1946 — "Hommage à Henri Mougin", La Pensée, n° 8, juillet-août 1946. — Georges Cogniot, Au Service du Parti. t. I. D’une guerre mondiale à l’autre. t. II. De la Libération au Programme commun, Éditions sociales, 1978. — État civil.

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