Par Jean Lorcin
Né le 25 janvier 1868 à Champdieu (Loire) ; instituteur ; militant syndicaliste et socialiste puis communiste de la Loire.
Fils d’un tailleur d’habits, Antoine Moulin était, dans les premières années du siècle, un militant actif de la Libre pensée de la Loire. À Montbrison, où il enseignait, il assuma la trésorerie du groupe en même temps que le secrétariat adjoint de la Fédération départementale. Nommé en octobre 1908 dans le quartier ouvrier du Soleil, à Saint-Étienne, il devint un dirigeant tout aussi actif de la section socialiste locale. Le 11 mai 1911, il prit l’initiative, à Montbrison, de la réunion qu’il présida et d’où sortit une section départementale du syndicat des instituteurs, dont il fut nommé secrétaire. À ce titre, il fut sanctionné en décembre, par les autorités académiques, d’un "avertissement" pour avoir pris la défense de son collègue Léger, du Rhône ; en octobre 1912, il fut "réprimandé".
Il poursuivait en même temps ses activités politiques et, en 1913, il était secrétaire adjoint de la Fédération socialiste de la Loire. Pendant la guerre, il présida aux destinées de la section stéphanoise ; il y soutint le mouvement minoritaire et créa, en 1918, un groupe des "Amis de la Vague". En 1919, inculpé d’infraction à la loi sur les syndicats, il fut condamné à 16 francs d’amende par le tribunal correctionnel de Saint-Étienne ; Il fut élu adjoint au maire de Saint-Étienne en 1919. A la fin de l’année, il fut désigné pour être le candidat de principe du Bloc des gauches au Sénat. La candidature de ce "révolutionnaire à tendance soviétiste" était "de nature à éloigner un grand nombre de républicains de gauche", estimait le préfet de la Loire, le 30 décembre 1919. Il était en effet en relations avec Fernand Loriot et défendit l’adhésion à la IIIe Internationale.
Après le congrès de Tours, il devint l’un des leaders communistes locaux et, en octobre 1922, fut choisi comme secrétaire de la section du canton nord-est de Saint-Étienne. Après la scission de janvier 1923 qui avait vu le départ des "unitaires", avec Ferdinand Faure, Moulin était toujours membre du comité directeur de la section stéphanoise et de la Fédération départementale du PC-SFIC. Moulin, qui avait pris sa retraite en août 1923, fut candidat communiste aux élections législatives de 1924, comme suppléant, et aux élections municipales de Saint-Étienne en 1925. Sans contacts, depuis sa retraite, avec le gros du corps enseignant, peu connu des organisations ouvrières, il fut vite dépassé par les jeunes cadres du PCF et de la CGTU.
Antoine Moulin s’était marié en 1897 à Montbrison.
Par Jean Lorcin
SOURCES : Arch. Dép. Loire, 3 M 66-67, 10 M 187, M 541. — La Tribune républicaine, 7 mars 1924.