MOUSSINAC Léon, Pierre, Guillaume, dit PEYRALBE Jean, MIGENNES Pierre, AYMÉ Jacques d’

Par Nicole Racine

Né le 19 janvier 1890 à Migennes (Yonne), mort le 10 mars 1964 à Paris. Écrivain, journaliste, historien et théoricien du cinéma. Directeur de l’Institut des hautes études cinématographiques (1948-1950), directeur de l’École des arts décoratifs (1950-1959). Membre du PCF de 1924 à sa mort. Créateur des "Amis de Spartacus" (1928). Fondateur de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (1932), directeur de l’hebdomadaire Regards (1935-1939), directeur littéraire de l’Humanité, directeur des Éditions sociales internationales (1935-1939), membre puis président du Comité directeur du Comité national des écrivains.

La veillée du corps lors de la cérémonie d’obsèques de Léon Moussinac au siège du journal l’Humanité avec, à gauche du cercueil, Louis Aragon, Jean Marcenac, Léonard Sainville, Arthur Adamov, G.A Astre et, à droite, Elsa Triolet, Guillevic, Georges Soria, Georges Sadoul, Georges Georges Govy.
L’homme à droite derrière Georges Sadoul et Georges Govy est Jean Lods, le neveu de Moussinac
Au premier plan, assis, René Clair.
Source, HISTOIRE DU JOURNAL L’HUMANITÉ.

Léon Moussinac — dont la famille de souche parisienne était originaire du Lot — naquit exactement dans la gare de Laroche-Migennes. Son père, inspecteur des chemins de fer travaillait à la Compagnie du PLM ; peu après, il en démissionna et s’installa à Paris où il participa à la création d’un syndicat et d’un bureau de détaxation. À Paris, Léon Moussinac fit ses études au lycée Charlemagne ; il s’y lia avec Louis Delluc qui l’entraîna à écrire, à fréquenter les théâtres, les concerts ; plus tard celui-ci lui fit partager son enthousiasme pour le cinéma. À la mort de son père en 1907 ou 1908, Léon Moussinac qui n’avait que dix-sept ans, dut travailler le matin dans un contencieux pour faire vivre sa mère et lui-même. Il commença à écrire tout en suivant des cours de peinture et de musique. Son premier article de critique d’art parut en 1908. Il entreprit cependant des études de droit qu’il poursuivit jusqu’à la licence. À cette époque, Léon Moussinac sympathisa avec les idées socialistes. Il suivit les cours du soir de l’École socialiste, écouta Jean Jaurès et Lévy-Bruhl mais il n’entra dans aucune organisation. Sa femme a raconté plus tard que pris dans une rafle d’étudiants avec sa carte des Sociétés savantes sur lui, il fut signalé comme anarchiste à son incorporation en 1911, ce qui ne l’empêcha pas, la deuxième année de son service, de devenir secrétaire du général commandant la région. Il se fiança en 1912 à Jeane Lods qu’il épousa en 1916. Elle était née à Vesoul dans une famille protestante, son père était fonctionnaire à l’inspection académique.

"Libéré en novembre 1913 — rappelle Jeanne Moussinac — il écrit dans la France, le journal d’Émile Buré, et mène des enquêtes (vote des femmes, révision de la Constitution, etc.) qui passionnaient l’opinion à cette époque. Présenté par Buré au député socialiste indépendant de Kerguézec, il sera son secrétaire particulier pendant la campagne électorale à Guingamp, belle leçon politique pour lui, campagne qui servira de thème central à son premier roman, La Tête la première paru en 1931". Quelques mois après, à la déclaration de la guerre, Moussinac fut de nouveau mobilisé ; il passa donc plus de sept ans sous les drapeaux. Versé dans l’infanterie en 1915, il fit toute la guerre sur le front. Son état d’esprit durant la guerre transparaît dans son roman semi-autobiographique, La Tête la première. Jeanne Moussinac rapporte qu’en août 1914, l’opposition de Léon Moussinac à la guerre fut immédiate. "Alors qu’il était profondément pacifiste, il était traité de défaitiste parce qu’il osait m’écrire que la guerre serait longue et difficile, dit Jeanne Moussinac. Changé quatre fois de régiment pour faiblesse cardiaque, il fut finalement versé dans la défense contre avions (DCA), puis fit dans l’administration militaire, comme sous-officier, les mois supplémentaires de l’armée d’occupation en Rhénanie. Il avait alors près de vingt-neuf ans !"

Ce fut à Strasbourg en 1919, qu’encore mobilisé, il écrivit son premier article pour la revue le Film que dirigeait son ami Louis Delluc. Après sa démobilisation en août 1919, il devint critique de films au Mercure de France, seule grande revue littéraire à avoir une rubrique consacrée au cinéma. En même temps, il devint rédacteur en chef du Comœdia Illustré (qu’il quitta en 1921), secrétaire de la rédaction d’Art et Décoration (1919-1922), dirigea de façon éphémère une collection, "La lampe merveilleuse", aux éditions de la Sirène de Paul Laffitte, envisagea un projet d’encyclopédie du cinéma, enfin devint secrétaire général aux éditions Albert Lévy auxquelles un contrat le lia pendant huit ans. Ce fut pour cette maison d’édition qu’il écrivit ses Tendances nouvelles du théâtre (1931). De 1921 à 1939, il fut secrétaire général de la Librairie centrale des arts décoratifs.

Acquis avant la guerre aux idées socialistes, pacifiste, Léon Moussinac suivit l’itinéraire vers le communisme de nombreux intellectuels combattants. Il adhéra à l’Association des écrivains combattants, dont il démissionna en 1922, ainsi que Jean Bernier et Paul Vaillant-Couturier auquel il se lia. Il collabora à Clarté en 1922-1923, y donnant des articles sur le cinéma et le théâtre. Dès 1922, il inaugura à la demande de Marcel Martinet, directeur littéraire de l’Humanité, une rubrique cinématographique hebdomadaire qu’il tint pendant dix ans. En avril 1924, Léon Moussinac donna son adhésion au PCF. Il expliquera les raisons de son adhésion en janvier 1941, au juge d’instruction chargé de le déférer devant un tribunal militaire de Vichy : "Lorsque, en 1924, j’ai décidé d’adhérer au Parti communiste, j’étais parvenu au terme d’un débat difficile commencé bien des années auparavant et que la guerre avait rendu pathétique. Et plus encore, la paix de Versailles (...) J’arrivai peu à peu à cette conclusion que le communisme seul était capable de préserver de la destruction les plus grandes richesses matérielles et les plus hautes valeurs spirituelles de mon pays" (Le Radeau de la méduse, p. 276). En 1925, Léon Moussinac publia Naissance du cinéma, rassemblant notamment des textes parus entre 1920 et 1924, dans le Mercure de France, la Gazette des Sept Arts, Clarté, l’Humanité. Dédié à son ami Louis Delluc qui venait de mourir, Naissance du cinéma fut un des premiers ouvrages (selon G. Sadoul, le premier) à aborder de façon synthétique les problèmes théoriques du 7e art, technique et syntaxe du film, rapports du cinéma avec les autres arts, du cinéma et de la société. Vaillant-Couturier salua l’importance de cet ouvrage dans l’Humanité du 21 mars 1926.

Avec Louis Delluc, Léon Moussinac fut un des initiateurs du mouvement des ciné-clubs (l’expression était due à Louis Delluc). En 1925, il fut rapporteur du jury international du théâtre qui statua sur les œuvres présentées à l’Exposition internationale des arts décoratifs à Paris. Il tint à ce que figurent dans la sélection des films du jeune cinéma soviétique (S. M. Eisenstein, D. Vertov). Il participa activement au "Ciné-club de France", fondé par Germaine Dulac, en devint le vice-président avec Jacques Feyder. Il s’efforça de faire connaître au public français les films soviétiques. Le 13 novembre 1926, au cours d’une séance mémorable du ciné-club, il fit présenter au cinéma "L’Artistic", rue de Douai, "Le Cuirassé Potemkine" de S. Eisenstein qu’il avait sous-titré en français. "Ce fut un triomphe dont il n’y a guère d’équivalent dans l’histoire du cinéma, écrit Georges Sadoul. Du jour au lendemain le nom d’Eisenstein devint célèbre dans toute la France, et l’on se passionna pour le cinéma soviétique dont la vigilante censure française interdit presque tous les films importants." En 1925, il fut nommé par le gouvernement rapporteur général du Jury international du Théâtre à l’exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes.

Léon Moussinac créa alors en mai 1928 un ciné-club d’un genre nouveau "Les Amis de Spartacus" dont la direction fut assurée par son beau-frère, le réalisateur Jean Lods. En quelques semaines, rappelle Jeanne Moussinac, les Amis de Spartacus connurent un grand succès : 15 000 membres à Paris, 19 000 en banlieue. L’organisation essaima en province, se dota d’un journal du même nom et présenta en premier lieu les films soviétiques interdits par la censure. Après six mois d’existence, les Amis de Spartacus furent interdits par la préfecture de police.

En novembre 1927, Moussinac fut invité aux fêtes du 10e anniversaire de la Révolution à Moscou, comme membre du SOI selon son autobiographie. Il rencontra en URSS de nombreux cinéastes soviétiques, Eisenstein, Poudovkine, Dziga Vertov, Dovjenko. Il rapporta de ce voyage Le Cinéma soviétique qui traitait aussi bien de l’organisation que des théories et des œuvres ; il concluait ainsi cet ouvrage : "Le cinématographe connaît une naissance véritable dans la Russie révolutionnaire qui a déjà fixé les premières formes expressives, profondes, populaires, en un mot sociales du film. Moyen d’expression nouveau à l’échelle d’un nouveau monde, aux destins sans limites."

Léon Moussinac contribua à faire admettre les droits de la critique cinématographique. Un procès retentissant l’opposa à Jean Sapène du Matin et des Ciné-Romans pour avoir écrit qu’il avait trouvé mauvais le film américain "Jim le harponneur" ; Moussinac fut condamné en première instance à 100 000 francs d’amende. Il gagna en appel (après plaidoiries de Paul Vienney, Marcel Willard, Pierre Loewel). La décision de la Cour d’appel fit jurisprudence en reconnaissant pour la première fois aux critiques de cinéma, les droits généraux de la critique. En septembre 1929, Léon Moussinac assista au congrès du film indépendant à La Sarraz en Suisse où se rendit Eisenstein.

Au début 1932, Léon Moussinac participa avec Paul Vaillant-Couturier, Francis Jourdain, Jean Fréville à la création de l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR), section française de l’Union internationale des écrivains révolutionnaires fondée à Moscou. Moussinac joua un rôle actif dans la naissance de l’AEAR qui s’était faite d’abord sur la base des thèses de la conférence des écrivains révolutionnaires réunie à la fin 1930 à Kharkov : création d’une "littérature prolétarienne révolutionnaire", défense de l’URSS. Ce fut lui qui, sous le pseudonyme de Jean Peyralbe (le nom de sa grand-mère), commenta dans l’Humanité du 11 février 1932, le manifeste de la conférence de Kharkov, "À tous les artistes révolutionnaires du monde". Avant la fondation officielle de l’AEAR (17 mars 1932), il signa dans l’Humanité, toujours sous le pseudonyme de Peyralbe, plusieurs articles (18 et 26 février, 3 mars) pour tenter d’organiser, en conformité avec les directives de Kharkov, les sections artistiques.

Léon Moussinac s’intéressa aussi au théâtre et à la mise en scène (voir Les Tendances nouvelles du théâtre, 1930). Il participa en 1931-1932 à la création de la Fédération du théâtre ouvrier français (FTOF) qui réunissait des troupes comme celles de "Prémices" et du groupe "Octobre". En 1932, il fonda le Théâtre d’action international (TAI) et lança les Cahiers du Théâtre d’action international (n° 1, octobre 1932). Les buts du TAI étaient de faire connaître en France les œuvres représentatives de l’art révolutionnaire, de permettre l’éclosion d’un art révolutionnaire et de montrer comment l’URSS favorisait la naissance d’un théâtre nouveau. Le TAI créa aux Bouffes-du-Nord, le 7 octobre 1932, "Miracle à Verdun" de Hans Chlumberg, dans une mise en scène de V. Ivanov. Cependant le théâtre dut fermer ses portes à la fin de 1932 à cause d’un lourd déficit (que Moussinac tint personnellement à combler en parti) et du peu d’intérêt rencontré par ses tentatives au sein du parti français. Une lettre de lui adressée à Maurice Thorez le 10 novembre 1932, après une critique négative parue dans l’Humanité, se plaignait du manque de soutien du journal communiste (RGASPI, Moscou, 517 1 1397). Après la fermeture du TAI, il envoya à l’UIER une copie d’un rapport sur le théâtre international dans lequel il dénonçait le désintérêt du PCF. Après avoir écrit le roman Manifestation interdite (qui évoquait les manifestations en France en faveur de Sacco et Vanzetti), Moussinac partit en 1933 pour Moscou comme délégué français à l’UIER, en remplacement d’Aragon. Sa femme Jeanne travailla comme traductrice au Journal de Moscou. Il y resta un an, revint à Paris, puis fut sollicité par le théâtre juif d’État de Moscou pour monter une pièce française. Il retourna à Moscou et choisit de mettre en scène "Les trente millions de Gladiator" d’E. Labiche (donnée pour la première fois le 12 novembre 1934). Moussinac avait accompagné de Moscou à Tiflis un groupe du théâtre juif d’État en tournée (Avec les comédiens soviétiques en tournée). Sa femme séjourna plus de deux ans en URSS et collabora au Journal de Moscou, créé pour favoriser le rapprochement franco-soviétique.

Moussinac retrouva Paris en 1934 au moment où s’organisait le mouvement antifasciste. Le parti lui confia la direction des Éditions sociales internationales (qui éditaient Commune, revue de l’AEAR). Il créa avec Arlette Dreyfus de Jouvenel une section musicale, "Le Chant du Monde", qui édita les premiers disques de chants de la guerre d’Espagne ainsi que de nombreux morceaux dus à des musiciens contemporains, dirigés par Roger Désormière. Il écrivit en 1938, sur une musique de G. Auric, les paroles de la chanson "Chantons, jeunes filles", destinée à l’Union des jeunes filles de France. Il devint responsable de la page littéraire de l’Humanité et fut durant quelque temps secrétaire du Comité pour l’aide à l’Espagne républicaine. Il était au comité de rédaction de Ciné-Liberté. Il écrivait dans Commune, dans Europe et dans Soutes.

Il prit la parole le 17 mars 1936 à l’Association internationale des écrivains (son discours "Réalisme socialiste" fut publié dans Europe le 15 juin 1936). Il fit partie du jury du Prix Ciment qui distingua l’Acier d’André Philippe qui fut publié aux ESI en 1937. Il devint en 1935 directeur de l’hebdomadaire communiste Regards, ouvert aux journalistes et écrivains compagnons de route. Moussinac fit de Regards un des meilleurs hebdomadaires illustrés français de l’époque ; il engagea le peintre Édouard Pignon comme metteur en page et fit appel à des photographes encore inconnus comme Robert Capa (qui photographia la guerre d’Espagne), Chim, Cartier-Bresson. Durant la drôle de guerre, l’hebdomadaire Regards ne fut pas interdit à l’instar de toute la presse communiste. Moussinac continua d’en assurer la direction ainsi que celle des Éditions sociales internationales.

Après le Pacte germano-soviétique, Moussinac resta au parti et demanda à Henriette Nizan de désavouer publiquement son mari. Dès juillet 1940, au cours d’une réunion clandestine de communistes au camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques) où il était incarcéré, il reconnaissait l’erreur qui avait été la sienne en septembre 1939 : croire quelques jours "qu’il pouvait y avoir une véritable guerre antifasciste faite par la France et l’Angleterre quoique l’URSS n’y participât point, et malgré des hommes tels que Chamberlain et Daladier qui avaient signé les "accords" de Munich. La guerre finno-soviétique a ouvert plus tard les yeux des plus aveugles" (le Radeau de la Méduse). En avril 1940 en effet, Moussinac avait été arrêté, incarcéré à la Santé d’où il était envoyé au camp de Gurs. Transféré à Périgueux en novembre 1940, il fut mis en liberté provisoire par le Tribunal militaire de la XIIe région, astreint à résider à Périgueux. Aragon et Elsa Triolet accoururent pour le voir ; Aragon évoqua cette rencontre dans Blanche ou l’oubli. En mai 1941, Moussinac fut acquitté par le Tribunal militaire ; menacé d’internement administratif, il quitta immédiatement Périgueux, trouvant refuge chez Madame de Molène à Plazac (Dordogne), puis chez Renaud de Jouvenel au château de Varetz près de Brive-la-Gaillarde. Puis il trouva un nouveau refuge à Saint-Michel-Loubejou, berceau de sa famille. Durant toute cette période, sa santé ébranlée par les dures conditions de sa détention, resta fragile et nécessita une hospitalisation à l’hôpital de Saint-Céré.

Léon Moussinac publia dans Poésie 41 et Fontaine sous le pseudonyme de Jacques d’Aymé des poèmes qui furent réunis en 1945 dans Poèmes impurs 1939-1944, avec une préface d’Aragon écrite fin 1944 (reproduite dans le 1er tome de L’homme communiste en 1946). "Je reconnais dans ces vers un effort insensé de maintenir la dignité humaine, cet appel du fond de l’abîme de l’homme tombé, ce refus d’accepter le destin des vaincus..." Après la Libération, Moussinac dirigea à Toulouse le Centre national des intellectuels. Il devint en 1947 directeur de l’Institut des hautes études cinématographiques (IDHEC), puis en 1950 directeur de l’École des arts décoratifs où il resta jusqu’en 1959. Il publia de nombreux ouvrages sur le cinéma et le théâtre, en 1947 L’âge ingrat du cinéma (recueil de textes s’échelonnant de 1920 à 1945), un Traité de la mise en scène (1948), une histoire du Théâtre des origines à nos jours (1957), un Eisenstein (1964).

Léon Moussinac resta toujours un militant fidèle à la ligne du Parti auquel il avait adhéré dans les années vingt. À l’occasion du 50e anniversaire de Maurice Thorez, il écrivit une chanson "Fils du peuple" (sur une musique de Roger Désormière) qui fut publiée dans l’Humanité-Dimanche (16 avril 1950) et enregistrée au Chant du Monde. Il composa, sous le pseudonyme de Paul Migennes, de nombreuses chansons pour le Mouvement de la Paix et les mouvements des jeunes. Cependant cette fidélité n’alla pas sans déchirements intimes. J. Bouissounouse raconte que le rapport Khrouchtchev auquel d’abord, lui et sa femme, ne voulurent pas croire, les avait terriblement atteints. Il eut pourtant comme créateur, comme amateur d’art à subir l’incompréhension de certains milieux du parti. En 1947 son premier tome des Cahiers de E. J. Couderc, Les Statues de sel heurta le conformisme moral et esthétique de ces milieux. Pierre Daix, dans J’ai cru au matin, raconte comment Jean Jérome, reprochant à Moussinac "sa complaisance pour les aventures scabreuses" mit au point un plan de boycottage de l’ouvrage par les organisations du parti. La "disgrâce" de Moussinac prit fin après la chute de Lecœur, mais il n’écrivit jamais le deuxième tome des Cahiers de E. J. Couderc.

Le 10 mars 1964, Léon Moussinac mourut à Paris d’une crise cardiaque. Le parti fit des obsèques solennelles au vieux militant. La foule défila dans le hall de l’Humanité devant son cercueil et le conduisit au Père-Lachaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123457, notice MOUSSINAC Léon, Pierre, Guillaume, dit PEYRALBE Jean, MIGENNES Pierre, AYMÉ Jacques d' par Nicole Racine, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 septembre 2022.

Par Nicole Racine

Léon Moussinac
Léon Moussinac
La veillée du corps lors de la cérémonie d’obsèques de Léon Moussinac au siège du journal l’Humanité avec, à gauche du cercueil, Louis Aragon, Jean Marcenac, Léonard Sainville, Arthur Adamov, G.A Astre et, à droite, Elsa Triolet, Guillevic, Georges Soria, Georges Sadoul, Georges Georges Govy.
L’homme à droite derrière Georges Sadoul et Georges Govy est Jean Lods, le neveu de Moussinac
Au premier plan, assis, René Clair.
Source, HISTOIRE DU JOURNAL L’HUMANITÉ.

ŒUVRE CHOISIE : Naissance du Cinéma, Povolovsky, 1925. — Cinéma : Expression sociale, Alcan, 1927. — (Avec P. Vaillant-Couturier), Le Père Juillet, tragi-farce en deux parties et un intermède, Au Sans Pareil, 1927. — Le Cinéma soviétique, Gallimard, 1928. — Panoramique du cinéma, Au Sans Pareil, 1929. — Tendances nouvelles du Théâtre, Albert Lévy, 1931. — La Tête la première, Flammarion, 1931. — Des ouvriers dans leur usine. Les Chantiers de constructions navales et mécaniques "André Marty", à Léningrad, Bureau d’éditions, 1933. — Avec les comédiens soviétiques en tournée. Notes de voyage, Éditions sociales internationales, 1935. — Manifestation interdite, id. — Préface à Paul Vaillant-Couturier, Poésie. œuvres choisies, id., 1938. — Aubes clandestines, Toulouse, Comité national des écrivains, Centre des intellectuels (Bibliothèque française. Ciréa, 1945). — Poèmes impurs 1934-1944. Préf. d’Aragon, Éd. du Sagittaire, 1945. — Le Radeau de la Méduse. Journal d’un prisonnier politique, 1940-1941, Éd. Hier et Aujourd’hui, 1945. — Les Champs-de-Moé, La Bibliothèque française, 1945. — Les Cahiers de E.-J. Couderc. 1. Les Statues de sel, Éd. Hier et Aujourd’hui, 1947. — L’âge ingrat du cinéma, Le Sagittaire, 1947. (réédition avec préf. de G. Sadoul, Éditeurs français réunis, 1967.). — Traité de la mise en scène, C. Massin, 1948. — Le théâtre des origines à nos jours, Le Livre contemporain, 1957. — Serge Eisenstein, Seghers, 1964. — Le théâtre des origines à nos jours, Flammarion, 1966. — Un intellectuel communiste Léon Moussinac, AFRHC, 2014 ; 2 volumes.

SOURCES : Arch. PPo. B/A/1715. — RGASPI, Moscou, 517 1 1397 et dossier personnel, 495 270 2245, autobiographie, février 1937. — CAC 19960325 article 1, rapport RG PCF 1950 (communiqué par l’IHTP). — Biographie parue dans L. Moussinac, Aubes clandestines, Toulouse, Comité national des écrivains, Centre des intellectuels, s.d. — L. Moussinac, Le Radeau de la Méduse, op. cit. — G. Cogniot, "Hommage à L. Moussinac", La Nouvelle critique, avril 1954. — L. Daquin, "Hommage à L. Moussinac", id., février 1960. — Préf. de G. Sadoul à L. Moussinac, L’âge ingrat du cinéma, Éditeurs français réunis, 1967. — Interview de Jeanne Moussinac par Cl. Willard, Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, n° 9, 1er trimestre 1968, p. 65-72. — P. Seghers, La Résistance et ses poètes. France 1940-1945, Seghers, 1975. — P. Daix, J’ai cru au matin, Laffont, 1976. — G. Sadoul, Journal de guerre (2 septembre 1939-20 juillet 1940), Éditeurs français réunis, 1977. — Janine Bouissounouse, La Nuit d’Autun : le temps des illusions, Calmann-Lévy, 1977. — Robert Brécy, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au Front populaire, Éd. Hier et Demain, 1978. — Les Lettres françaises du 12 au 18 mars 1964 et du 19 au 25 mars 1964 (articles de Pierre Daix). — Entretien avec Robert Brécy (8 novembre 1982). — J.-M. Péru, Des ouvriers écrivent. Le débat sur la littérature prolétarienne en France (1925-1935), Thèse de doctorat, Paris VII, 1987. — Henriettte Nizan, Libres mémoires, R. Laffont, 1989. — À voix nue : Henriette Nizan, France Culture, 22 mars 1990. — Fonds Elsa Triolet-Aragon (CNRS). — Note de Jean-Pierre Ravery.

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