MULLER Lucien, Omer, Victor

Par Yves Le Maner

Né et mort à Bailleul (Nord) : 26 février 1901-12 novembre 1985 ; ouvrier du Textile puis du Bâtiment ; militant syndicaliste et communiste du Nord.

Né dans une famille de onze enfants, Lucien Muller fut mis au travail dès l’âge de neuf ans et demi, ne possédant que quelques rudiments de lecture, d’écriture et de calcul. Il fit ses débuts sur le métier à tisser paternel alimenté en matière première par un patron tisseur qui prélevait une forte part des pièces finies. Sa jeunesse fut marquée par la misère, son père ayant perdu son travail pour s’être refusé à contraindre deux de ses fils, âgés de dix-sept et dix-huit ans, à se rendre au patronage dominical, institution étroitement liée au patronat du Textile.

Dès le début de la Première Guerre mondiale, Lucien Muller fut réquisitionné dans les équipes civiles chargées d’entretenir les routes et d’aider les troupes anglaises au creusement de tranchées. L’offensive allemande d’avril 1918 obligea la famille Muller à quitter Bailleul pour se réfugier à Limoges. Ce fut dans cette ville, bastion du socialisme, que le jeune Lucien prit son engagement politique à la CGT et aux Jeunesses socialistes. Revenu dans le Nord en 1919, il s’établit à Caëstre et fut employé à la reconstruction de Bailleul, totalement détruite. Logé dans un baraquement provisoire à Bailleul, il y fit, en 1920, la rencontre de Gilbert Declercq qui allait influencer considérablement son évolution politique.

Appelé sous les drapeaux en 1921, Muller fut affecté au 151e régiment d’infanterie qui était alors stationné dans la Ruhr. Lucien Muller y prit contact avec des syndicalistes allemands, assistant clandestinement à plusieurs réunions à Bochum. Revenu à Bailleul en 1922 après avoir passé quelques mois en garnison en Haute-Silésie, il fut embauché au tissage Brunel. Immédiatement, il s’inscrivit au Parti communiste et fonda avec Julien Hilde l’Union locale CGTU de Bailleul. Après avoir végété pendant plusieurs années, l’UL unitaire prit un nouvel essor à l’issue de la grève des "Assurances sociales"de 1930 qui porta un coup mortel aux syndicats autonomes du Textile de Bailleul, de nombreux militants rejoignant les groupements confédérés ou unitaires. Secrétaire du comité des chômeurs de 1930 à 1934, Lucien Muller assura la direction de l’UL unitaire, puis de l’UL unifiée jusqu’en 1939, malgré les difficultés occasionnées par de multiples licenciements. Il exerça alors les métiers de tisseur, de peintre en bâtiment, de journalier agricole. Actif, prenant progressivement confiance en lui lors des réunions, il mit sur pied plusieurs sections syndicales dans le Textile, le Bâtiment et l’Alimentation.

Membre du comité de la cellule, puis section de Bailleul, Muller fut candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1936 dans la 1re circonscription d’Hazebrouck. Se plaçant constamment dans la ligne décidée par la direction du parti, il se prononça sans hésiter en faveur du Pacte germano-soviétique malgré les sévères tensions apparues au sein de la section locale en septembre 1939. Mobilisé au 3e génie à Arras, il fut emporté par la débâcle de 1940 et échoua sur les plages de Dunkerque. Fait prisonnier, il fut détenu à Emden, puis en Pologne occupée.

Libéré en 1945, il reprit sa place à la tête de l’Union locale CGT de Bailleul malgré la précarité de son état de santé, conséquence directe de sa longue détention. Son activité syndicale ne lui permit pas de trouver la stabilité professionnelle souhaitée et il dut changer d’emploi à plusieurs reprises, dans le Textile et le Bâtiment.

Candidat malheureux à plusieurs reprises dans l’avant-guerre, Lucien Muller accéda au conseil municipal de Bailleul en 1945 et y siégea jusqu’en 1957.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123564, notice MULLER Lucien, Omer, Victor par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 1er août 2021.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 37/90B. — J.-C. Iéras, Mémoire de Maîtrise, Lille III, op. cit. — État civil.

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