MUXART Louis, Marcelin [sic], Jean

Par André Balent

Né le 2 mai 1903 à Palau-del-Vidre (Pyrénées-Orientales), mort en déportation le 23 décembre 1944 à Flossenbürg (Allemagne) ; jardinier maraîcher à Palau-del-Vidre ; militant communiste puis communiste clandestin ; militant syndicaliste

Le père de Louis Muxart, Marcelin [sic], était âgé de vingt-neuf ans à la naissance de son fils. Il exerçait alors la profession de douanier à Sète [Cette] (Hérault). En 1923, il était établi comme cultivateur ou jardinier (c’est à dire maraîcher horticulteur) à Palau-del-Vidre. La mère de Louis Muxart, Marie Sobrepère était âgée de vingt-trois ans en 1923. À sa naissance, Louis Muxart fut présenté à l’officier de l’état civil de Palau-del-Vidre par son grand-père, Martial Muxart, instituteur à la retraite, âgé de soixante-douze ans. Il avait un frère, sans doute René Muxart qui, domicilié en 1988 à Palau-del-Vidre, reçut du ministère de la Défense le certificat d’homologation, comme service dans les FFI, de la durée de l’internement de Louis en France puis de sa déportation en Allemagne. Louis Muxart demeura célibataire.

Louis Muxart fut incorporé le 15 mai 1924 au 94e régiment d’artillerie de montagne. Il fut renvoyé dans ses foyers le 7 novembre 1925 avec un certificat de bonne conduite. Du 4 juin 1925 au 13 septembre 1925, il participa à une campagne au Maroc.

Louis Muxart, jardinier propriétaire dans sa commune natale, milita au Parti communiste dans les années vingt. Il quitta le PC après 1928 et y réadhéra avant 1934. Il quitta la profession de maraîcher au début des années 1930 et devint marin dans la marine marchande (ingénieur mécanicien ? ). Il reprit sa profession de maraîcher aux alentours de 1936. En 1934, il était un des principaux dirigeants de l’importante cellule de Palau-del-Vidre-Elne, qui groupait alors quatre-vingt-dix adhérents répartis sur plusieurs communes. Plus tard, Louis Muxart fut secrétaire d’une cellule groupant les militants de la seule commune de Palau-del-Vidre. Au début de 1938, il était en outre secrétaire de la section communiste de la Côte Vermeille. Il siégeait au bureau de la Région catalane et fut élu à sa commission paysanne par le comité régional réuni à la mairie de Millas le 9 janvier 1938. Il fut candidat aux élections cantonales du 10 octobre 1937 à Argelès-sur-Mer (Voir Trescases Frédéric). Il fut délégué à deux congrès nationaux du PC de Villeurbane (Rhône) et d’Arles-sur-Rhône (Bouches-du-Rhône) avec André Gendre*, Pierre Terrat*, et Léopold Roque*.

Secrétaire en 1937 du syndicat des maraîchers de Palau-del-Vidre et des communes environnantes, créé le 20 février 1927, Louis Muxart ne limita pas son action aux paysans propriétaires mais l’exerça également en direction des ouvriers agricoles : ainsi, en octobre 1933, le syndicat des ouvriers agricoles de Palau-del-Vidre rattaché à la CGTU groupait quarante membres alors que celui affilié à la CGT ne groupait que deux adhérents. Plus tard le PC dut faire face au PPF qui réussit à s’y implanter, notamment parmi les ouvriers agricoles.

Dans l’exercice de ses responsabilités politiques ou syndicales, Louis Muxart fut à deux reprises condamné par le tribunal correctionnel de Céret (Pyrénées-Orientales) à deux reprises : le 14 décembre 1933, il fut condamné à 25 Fr. d’amende pour outrage à magistrat de l’ordre administratif : le 14 janvier 1937, il fut condamné à seize Fr. D’amende et 200 Fr. De dommages et intérêts pour coups et blessures commis le 11 février 1937 ; cette condamnation fut amnistiée par la loi du 14 juillet 1937.

Le 6 septembre 1939 Louis Muxart fut mobilisé à la 5e batterie du 9e régiment d’artillerie divisionnaire. Inscrit sur la liste des "suspects du point de vue national" de l’arrondissement de Céret en novembre 1939, il était soupçonné de "continuer à faire de la propagande révolutionnaire à son régiment". On l’accusa, à partir d’une dénonciation d’avoir abrité dans sa grange des réfugiés espagnols de la Retirada. Il fut démobilisé le 13 juillet 1940.

Il fut arrêté le 28 juillet 1943 à l’action du PC clandestin dont il était l’un des animateurs locaux : il était membre du « triangle » de direction du parti pour la zone des Albères et de la Côte Vermeille. Avec Raoul Vignettes* et Gence, il était également l’un des responsables du Front national pour le secteur de la Côte Vermeille. Ecroué puis traduit devant la cour de Montpellier (Hérault), il fut condamné à un an de prison. À la suite de cette condamnation, il fut écroué à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne). Ayant pris part à la révolte des prisonniers d’Eysses, il fut déporté en Allemagne.

Il quitta Compiègne pour Dachau par le convoi parti le 18 juin 1944. À Dachau, il fut affecté au commando d’Allach. Par la suite il fut transféré au camp de Flossenbürg, dans le commando d’Hersbruck chargé de la construction d’une usine aéronautique souterraine.

Les périodes passées en internement (du 27 juillet 1943 au 29 mai 1944) et en déportation (du 30 mai 1944 au 18 juin 1945) furent homologuées en services dans les FFI par le ministère de la Défense le 19 avril 1988. Le certificat en date de ce même jour stipulait que Louis Muxart était « mort pour la France ».

Le nom de Louis Muxart a été donné à une rue à Cabestany (Pyrénées-Orientales) et à une impasse à Palau-del-Vidre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123644, notice MUXART Louis, Marcelin [sic], Jean par André Balent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 20 août 2016.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, série M non classée en particulier, liasses concernant le PC en 1934 ; les « suspects du point de vue national » en 1939 ; 1 R 587, registre matricule, f° 510 ; 2 E 4516, état civil de Palau-del-Vidre, acte de naissance de Louis Muxart. — Arch. dép. Lot-et-Garonne, 940 W 104, registre d’écrou (Eysses). — Le Travailleur catalan, 1937-1939. — Michel Cadé, Le Parti communiste dans les Pyrénées-Orientales de sa fondation à sa dissolution (1920-1939), thèse (dir. Rolande Trempé), Toulouse – Le Mirail, 1985, pp. 517, 672, 711. — Ramon Gual & Jean Larrieu, Vichy, l’occupation nazie et la Résistance catalane, II b, De la Résistance à la Libération, Prades, Terra Nostra, 1998, p. 486, p. 1051. — Georges Sentis, Les communistes et la résistance dans les Pyrénées-Orientales. Biographies, Lille, Marxisme / Régions, 1994, 182 p. [p. 162]. — Le Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression consulté sur le site de la FMD ( http://www.bddm.org/liv/index_liv.php ) consulté le 4 octobre 2012. — Notes de Corinne Jaladieu, professeur d’histoire-géographie, Béziers (2008). — Entretiens avec Fernand Cortale, Perpignan, 1974 ; avec Raoul Vignettes, Ortaffa, 1984, 1988.

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