NAZZI Victor, Raymond

Par Antoine Olivesi

Né le 12 novembre 1902 à San-Miniato (Italie), docker à Marseille (Bouches-du-Rhône), Victor Nazzi, fut naturalisé français en avril 1925 et ajourné pour le service militaire. Déjà connu pour ses opinions communistes, il les manifesta davantage encore après avoir acquis la nationalité française. Il participa au congrès des Jeunesses communistes le 25 octobre 1925 à Marseille. Il était, à la même époque, trésorier de la cellule des dockers. L’année suivante, candidat de la CGTU à la commission administrative de la bourse du travail, il représenta les jeunes ouvriers à la commission exécutive de la 8e Union régionale unitaire lorsque celle-ci fut créée, puis fut délégué par les Jeunesses communistes, en juin, au congrès de Beaucaire.

En 1927, Nazzi, devenu trésorier du syndicat CGTU des dockers de Marseille, fut délégué au congrès de Bordeaux qui eut lieu du 19 au 24 septembre. Il fut condamné le 6 octobre en correctionnelle à Aix à deux mois de prison avec sursis et trois cents francs d’amende pour s’être opposé au débarquement d’un navire mis à l’index par les dockers de Port-de-Bouc. Peu après, en janvier 1928, Nazzi essaya d’organiser une manifestation sur les quais de Marseille en faveur des mutins de Calvi lorsque le navire conduisant ces derniers aborda Marseille où leur procès devait avoir lieu. Mais il ne put rassembler qu’une vingtaine de personnes.

Au cours de l’année 1928, Nazzi et Ciavaldini furent en conflit avec la direction régionale du PC. Duprat reprocha à Nazzi son action insuffisante en direction de la main-d’œuvre étrangère. De son côté, dans une réunion du rayon de Marseille, Nazzi critiqua Roques, le bureau régional et aussi le comité central, rendus responsables de la mauvaise situation du rayon et des médiocres résultats obtenus par le PC aux élections législatives à Marseille.

Ce conflit s’aggrava l’année suivante, et Nazzi fut condamné par Duisabou le 13 août 1929, pour "avoir trahi le prolétariat" lors de la journée du 1er août à Marseille. Il vota avec la minorité contre le rapport moral au congrès départemental de la CGTU en septembre.

En 1930-1931, Victor Nazzi se prononça pour l’indépendance du syndicalisme (cf. le Cri du peuple, 2 avril 1930). Il approuva le mouvement dit des "22" et participa à la conférence que tint ce mouvement à la Bourse du Travail de Paris le 11 janvier 1931.

Par la suite, il n’appartint plus au PC et rejoignit les sabianistes. De graves accusations furent portées contre lui autour des années trente, aussi bien de la part des communistes que du syndicat des dockers confédérés, par Manot notamment. Il contrôlait pourtant toujours le syndicat unitaire des dockers, en 1934, en qualité de secrétaire administratif, et fit appel à la grève pour le 1er Mai.

En juin 1934, Rouge-Midi le plaçait parmi "les saboteurs de la CGTU" qui avaient fait du syndicat leur propriété personnelle. Mais à partir de juin 1934, dans le contexte de la réunification syndicale et du Rassemblement populaire, les rapports de force évoluèrent. À cette époque, il y avait à Marseille trois syndicats de dockers : celui des confédérés (voir Baptistin Manot et Hippolyte Filliol), celui des unitaires, enfin celui des ex-unitaires dissidents majoritaires avec Ciavaldini et Nazzi. Assez rapidement, les communistes dirigés par Victor Gagnaire redevinrent majoritaires dans la plupart des syndicats portuaires. Et, le 9 avril 1935, à l’issue du congrès des ports de Marseille qui s’était tenu le 29 mars précédent, une assemblée générale des dockers décida l’exclusion de Nazzi et de Ciavaldini du conseil syndical, puis, le 18 mai, du syndicat lui-même, accusés de vols au préjudice de l’organisation. Le conflit ne fut dévoilé qu’en novembre par Rouge-Midi. Nazzi essaya de se réconcilier avec les confédérés et fut même encore élu au nouveau conseil de l’Union syndicale unifiée des Ports et Docks en décembre. Qualifié de "dirigeant corrompu et déconsidéré", Nazzi se trouva éliminé à la veille du congrès de réunification syndicale. Il résidait alors dans le quartier ouvrier de Saint-Mauront.

Il semble, que par la suite, il se soit tenu à l’écart de toute activité politique. En décembre 1939, Nazzi était inscrit au carnet B.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123786, notice NAZZI Victor, Raymond par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Nat. F7/12976 et 13050. — Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6/10803-10804, 10806, 10807-10808, 11249. — Arch. Dép. Gironde, 1 M 577. — Arch. Com. de Marseille. — Le Cri du peuple, avril 1930, 14 janvier 1931. — Rouge-Midi, 9 juin 1934, 21 décembre 1935, 6 janvier 1936. — Le Petit Provençal, 28 octobre 1925, 29 avril 1934. — Le Midi syndicaliste, 1933. — C. Tillon, On chantait rouge, op. cit. — N. Laier, Rouge-Midi, Mémoire de Maîtrise, op. cit. — Renseignements communiqués par l’actuel syndicat CGT des dockers de Marseille et interviews de vétérans.

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