NÉGRIN Christian [NÉGRIN Paul, Christian]. Pseudonyme : CHAPUIS Raymond et Christian

Né le 8 février 1902 à Orthez (Basses-Pyrénées), mort en septembre 1992 ; employé ; militant communiste de la Seine.

Issu d’une famille protestante de paysans sans terre, fils d’un maître d’hôtel et d’une domestique, Christian Négrin fut reçu en 1914 au Certificat d’études primaires. Doté d’une bourse et ayant fréquenté jusqu’en 1918 une école primaire supérieure d’Avallon, il entra au Comptoir national d’escompte de Paris où il travailla jusqu’à son incorporation au Maroc en 1923. De santé délicate, il n’y resta que trois semaines.

En mai 1925, Christian Négrin adhéra, avec son ami Jean Oswald (voir Jean Dorval), à la 4e Entente (région parisienne) des Jeunesses communistes et prit le pseudonyme de Christian Chapuis (le nom de sa grand-mère). Il devint secrétaire du 12e rayon des JC. S’étant fixé à Clichy-la-Garenne (Seine), il appartint au 7e rayon du PC.

Il entra en 1926 à la Banque ouvrière et paysanne dont le président était Georges Marrane. Chef du porte-feuille d’escompte, il fut chargé d’établir des dossiers sur des clients à la recherche de crédits bancaires. Il menait la lutte sur le terrain syndical comme secrétaire adjoint du syndicat CGTU des employés de banque et de bourse et avait la responsabilité du journal le Cri de la banque. Peu à peu, des difficultés au sein de la BOP l’amenèrent à rédiger un rapport avec son camarade Jean Dorval (Jean Oswald) qu’il remit à G. Marrane qui le transmit au comité central. Cela lui valut d’être renvoyé. L’affaire Négrin-Chapuis eut d’autant plus de résonances que la BOP fut déclarée en faillite le 27 juillet 1929.

Entre temps, le 5 mai 1929, Christian Négrin dit Chapuis avait été élu conseiller municipal de Clichy sur la liste conduite par Charles Auffray et avait accédé aux fonctions de quatrième adjoint. Il était en fait l’observateur de la direction du parti dans la municipalité Négrin entra vite en conflit avec le maire et la majorité des élus. Accusé de malversations et en raison de son licenciement de la BOP, il fut privé de sa délégation d’adjoint. En riposte, le rayon communiste décida l’exclusion des élus communistes qui avaient voté cette décision. Ceux-ci rejoignirent à la fin de 1929 le Parti ouvrier et paysan. En 1930, la Commission centrale de contrôle politique considéra que ses accusateurs n’avaient par apporté de preuves de collusion avec la police et qu’on pouvait tout au plus lui reprocher des maladresses ; elle nota que les dénonciations venaient de militants ayant quitté le parti. On retrouve cependant des mentions de cette affaire pendant plusieurs année : Lepetit évoque avec Duclos l’idée de lui confier la direction de la trésorerie du parti mais Fried hésite et note que Posner a refusé de l’employer à la Banque du Nord.

Négrin devint comptable. Il continuait à fréquenter les réunions du conseil municipal de Clichy et constituait avec cinq autres édiles la minorité "bolchevique" du conseil comme les qualifiait Auffray dans son journal, le Prolétaire de Clichy.

Il vint habiter en 1930 dans le IXe arr., quartier de Rochechouart, et se maria en 1931 avec une ouvrière cartonnière, originaire de Bessarabie. Il s’occupait de la rédaction des journaux de cellule et de la confection des affiches. Il collabora avec Robert Blache à la rédaction du Bulletin d’information du Secours rouge international et à son journal la Défense. Il le remplaça quelques semaines dans ses fonctions de secrétaire-dactylographe au siège du comité central du PC. Il fut secrétaire adjoint du comité de Front populaire du IXe arr. Négrin était alors jugé sévèrement par le secrétariat de la région Paris-Ville : « C’est un élément particulièrement sectaire et autoritaire. Dans la section du IXe arr., il fut membre du bureau de la section. Il a fait un travail aboutissant à une certaine désorganisation provenant de ses méthodes mécaniques. » (Leduc, 18 novembre 1937). À partir de 1937, Christian Négrin vint habiter la cité-jardin de la Butte rouge à Châtenay-Malabry et participa aux activités de l’Amicale des locataires.

Mobilisé dans un régiment du génie à Versailles, déplacé au début de 1940 au dépôt de Cercy-la-Tour (Nièvre), il termina la guerre dans le Lot. Ayant regagné son domicile, il participa à l’activité clandestine des communistes locaux. Sur le point d’être arrêté, il parvint à s’échapper et se réfugia dans le Béarn où sa femme devait mourir en août 1944.

Revenu à Châtenay-Malabry, il fut élu conseiller municipal communiste le 29 avril 1945. Devenu vice-président de l’Office d’HBM en 1946, il conserva son siège à l’issue des élections municipales d’avril 1947 et d’avril 1953.

Remarié en 1947 à Châtenay-Malabry avec une résistante communiste ancienne déportée, d’origine polonaise, Christian Négrin s’installa en 1958 à Paris d’abord à la porte de Vincennes puis dans le quartier de Charonne (XXe arr.). Il milita pendant de nombreuses années à la commission administrative de la Fédération des locataires du XXe arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123827, notice NÉGRIN Christian [NÉGRIN Paul, Christian]. Pseudonyme : CHAPUIS Raymond et Christian , version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

SOURCES : RGASPI, 495 270 5227. — Arch. Nat. F7/13119. — Arch. Dép. Seine, DM3 ; versement 10451/76/1. — Le Prolétaire de Clichy, 14 novembre 1930, 17 février, 10 novembre 1933. — Témoignage autobiographique. — Jacques Girault, Les militants de Châtenay-Malabry entre les deux guerres, op. cit. — État civil.

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