NICOLLET Paul, Louis, César

Par Justinien Raymond et Charles Sowerwine

Né à Oyonnax (Ain) le 18 décembre 1875, mort à Mézériat (Ain) le 22 novembre 1940 ; docteur en médecine ; militant socialiste dans l’Ain et dans l’Aisne ; député de l’Ain.

Né dans la petite bourgeoisie, fils d’un fabricant de peignes d’Oyonnax, Paul Nicollet fit ses études médicales à Lyon et, gagné aux idées socialistes, vint s’installer au pays natal. Comme rédacteur à L’Éclaireur et comme propagandiste et conférencier, il participa au jeune mouvement socialiste bressan animé par Jean Donier. Il parcourut tout le département pour le rallier à la cause révisionniste au temps de l’Affaire Dreyfus et donna, à cette époque, un grand retentissement à la mort d’un jeune soldat du 23e régiment de ligne de Bourg, mort dont il accusa formellement ses chefs dans l’Éclaireur, sans encourir aucune poursuite. Il s’efforça d’organiser sur le plan corporatif les salariés des rares centres industriels. À la suite d’une de ses conférences publiques à Tenay, en 1898, naquit le syndicat des usines de « schappe » (fils produits à partir des déchets de soie), syndicat, qui dut imposer sa reconnaissance par une grande grève pour être bientôt dispersé par la société anonyme qui succéda au patron Warnery.

Au premier congrès général des organisations socialistes françaises à Paris, salle Japy (3-8 décembre 1899), Nicollet représenta quatre organisations de l’Ain adhérentes du POSR, l’union des travailleurs socialistes indépendants de Bellegarde et les groupes socialistes de Dortan, Sault-Brénaz et Villebois. Après le congrès de Paris, salle Wagram (1900), où il en représenta encore trois groupes, et celui de Lyon (1901) où il ne siégea pas, la fédération de l’Ain adhéra au PSF. Mais alors, Nicollet s’était installé à Guise (Aisne). Il continua à militer, aux côtés de Fourière et de J. Longuet. Il participa à la fondation de la coopérative communiste « la Prospérité », et il fut élu conseiller municipal de Guise.

En 1906, Nicollet regagna l’Ain et exerça tour à tour à Dortan, Oyonnax et Mézériat. Il reprit sa place dans la fédération socialiste SFIO et, en 1907, fut son candidat au conseil d’arr. dans le canton d’Oyonnax où il recueillit 839 voix. L’année suivante, il soutint dans le même canton la candidature de Roussel au conseil général.

Paul Nicollet fut mobilisé comme médecin-major et "faillit succomber" selon sa biographie établie pour les élections législatives de novembre 1919. À ces élections où il fut candidat en seconde position sur la liste du Parti socialiste SFIO (après René Nicod), il recueillit 18 505 voix sur 68 762 votants et fut battu. Il n’eut pas plus de chance lorsqu’il se présenta le 14 décembre suivant au conseil général dans le canton de Châtillon-sur-Chalaronne (Ain).

En 1920, Paul Nicollet eut à se prononcer sur la question de l’adhésion à la IIIe Internationale. Secrétaire du groupe socialiste de Mézériat (Ain), il fut le chef de file de l’opposition. Il préconisa l’union électorale avec les radicaux. Le groupe de Mézériat refusa donc d’accepter la décision du congrès de Tours (décembre 1920) et Nicollet devint un des artisans de la reconstitution de la Fédération SFIO de l’Ain. Voir Bravet Émile.

En 1923, Nicollet fut élu à la suite d’une élection complémentaire au conseil général de Châtillon-sur-Chalaronne. Il fut également élu à la plus forte moyenne aux élections législatives de 1924 avec 37 482 voix sur 78 336 suffrages exprimés. À la Chambre, il n’eut qu’une activité restreinte. Il fit partie des commissions assurance et prévoyance sociale, pensions et hygiène. Il défendit la participation socialiste au ministère Herriot et soutint la politique de Briand.

Les élections législatives de 1928 marquèrent le retour du scrutin d’arrondissement. Nicollet se présenta comme candidat SFIO dans la circonscription de Trévoux. Il se plaça au premier tour en tête des candidats de gauche. Au second tour, il fut élu avec 9 379 voix grâce au désistement des radicaux. Nicollet se rapprocha de plus en plus de ces derniers et, en mars 1931, démissionna du Parti socialiste. Il ne se représenta pas aux élections législatives de 1932.

En 1937, il demanda sa réintégration au Parti socialiste qui lui fut accordée au congrès fédéral du 7 février 1937. Candidat aux élections cantonales d’octobre 1937, il ne recueillit que 507 voix et se retira au second tour.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article123987, notice NICOLLET Paul, Louis, César par Justinien Raymond et Charles Sowerwine, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 28 octobre 2019.

Par Justinien Raymond et Charles Sowerwine

ŒUVRE : P. Nicollet collabora aux organes fédéraux de l’Ain, L’Éclaireur, L’Aurore sociale, et donna quelques articles au Populaire., Le séjour à Cracovie de la mission parlementaire française, septembre 1929, Éditions du Groupe parlementaire franco-polonais, 1930.

SOURCES : Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Arch. Mun. Mézeriat. — Arch. Mun. Oyonnax. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 11 à 20, passim.L’Éclaireur de l’Ain, 1919-1931. — Le Travailleur de l’Ain, février 1937. — Arch. Rivollier.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, op. cit., p. 12.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable