NILLÈS Louis

Par Robert Grimm, Pierre Schill

Né le 12 décembre 1893 à Metz (Lorraine annexée), mort le 25 juin 1950 à Metz (Moselle) ; ajusteur à la manufacture des tabacs de Metz (Moselle) ; secrétaire de l’UD CGT de la Moselle ; membre du comité confédéral national de la CGT.

Louis Nillès
Louis Nillès
À une réunion des instances nationales de la CGT à Paris vers 1937-1938 : Louis Nillès est à la première table, de face, la main sous le menton (collection de Jean-Louis Pillot).

Louis Nillès était le fils d’un photographe. Après la Première Guerre mondiale, Louis Nillès travailla à Metz. Il entra en 1918 à l’usine d’électricité puis à la Manufacture des tabacs de Metz comme ajusteur et où il termina sa carrière professionnelle.

Dès 1918, il devint secrétaire du syndicat des Métaux de l’usine d’électricité, puis en 1921, du syndicat des ouvriers et ouvrières de la Manufacture des tabacs. En 1925, il fut élu secrétaire général de l’UD-CGT de la Moselle, poste qu’il occupa jusqu’en 1931 puis, à nouveau, de 1937 à 1940. Il fut l’auteur de la motion votée lors de la conférence interdépartementale des syndicats des départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin, et de la Moselle, tenue en 1938, soulignant les dangers des menées hitlériennes qui mettaient en péril la vie des travailleurs et les frontières de la Moselle et de la Sarre. Cette motion fut reprise par l’ensemble de la presse française.

De 1922 à 1940, il fut un militant de premier plan des Assurances sociales. Porte-parole de la fraction ouvrière au sein de la délégation de la caisse locale générale des malades de Metz-ville, il fut élu rapporteur de la commission du Bâtiment, chargée de la construction du nouvel immeuble de la caisse, terminé en 1932.
En janvier 1934, il anima plusieurs réunions organisées par la section messine de la Ligue française de l’enseignement. Elle venait d’être créée par la LDH, la SFIO et les partis radicaux et radicaux-socialistes. Il défendait notamment l’introduction en Alsace et en Moselle des lois laïques en vigueur dans le reste de la France.

Il fut l’un des instigateurs de la manifestation antifasciste du 12 février 1934 à Metz organisée par la CGT et la CGTU, en réponse à l’émeute parisienne du 6 février. Il participa notamment à un rassemblement devant les ateliers de chemins de fer de Montigny-lès-Metz et fut appréhendé par la police.

A la fin du mois de juin 1934, il anima plusieurs réunions publiques organisées à Metz par la CGTU, la CGT et les Indépendants pour protester contre les décrets-lois gouvernementaux. Louis Nillès était souvent l’un des orateurs les plus virulents contre le gouvernement.

Louis Nillès fut membre du comité confédéral national de la CGT à partir de 1937.

Son nom figurait dans le compte rendu d’interrogatoire d’Alphonse Rieth* arrêté par la Gestapo en octobre 1940. Le secrétaire général du Syndicat confédéré des mineurs de Moselle y décrivait dans le détail les structures de la CGT mosellane et donnait donc l’identité du secrétaire général de l’UD.

Louis Nillès se réfugia à Toulouse du 16 juin 1940 au 22 février 1945. En 1943, il fit l’objet d’une arrestation de quelques jours pour faits de résistance.

Après les élections législatives d’octobre 1945, il fit partie du Comité de patronage du parti socialiste mosellan qui devait renforcer l’assise politique de la SFIO dans un département où elle représentait alors peu de chose.

En 1938, il participa aux travaux de la commission interdépartementale pour l’étude de la fusion du régime local et du régime général des Assurances sociales et, après la Libération, à l’élaboration des mesures d’application de la législation de Sécurité sociale édictées par le ministère du Travail. En 1946, il fut élu président de la caisse primaire de Sécurité sociale de Metz, poste qu’il occupa jusqu’à son décès. Il fut en outre administrateur de la caisse régionale de Sécurité sociale de Strasbourg, de la commission régionale d’action sanitaire et sociale et de la commission régionale d’agrément des établissements sanitaires. Au plan national il fut administrateur de la Fédération nationale des organismes de Sécurité sociale, de la caisse nationale de Sécurité sociale, membre de la commission des conventions et tarifs, de la commission d’homologation des tarifs du conseil supérieur de la Sécurité sociale, de la commission de gestion des fonds de prévoyance contre les accidents du travail.

Au premier congrès départemental d’après-guerre de la CGT, organisé le 23 mars 1946 à Metz, Pierre Muller*, alors secrétaire général du syndicat des mineurs de charbon, appuya l’arrivée au secrétariat général de l’Union départementale de Paul Entzmann *, secrétaire à la propagande du Parti communiste qui était opposé à Louis Nillès. Ce soutien fut décisif puisque Paul Entzmann obtint onze voix, contre dix à Louis Nillès, sur les vingt-deux membres de la commission administrative de l’Union départementale. Louis Nillès ne participa pas au vote. Les critiques des communistes contre le secrétaire général socialiste de la CGT portaient sur le non-respect de consignes issues du siège central de la confédération. Son éviction était en fait une manœuvre préméditée des communistes mosellans puisque le fédération des mineurs qui n’avait plus cotisé depuis la Libération versa en bloc ses arriérés une semaine avant le congrès pour disposer du droit de vote.
D’après les renseignements généraux, Louis Nillès avait une « influence indiscutable » auprès « des milieux ouvriers et patronaux et des pouvoirs publics » de Moselle notamment en raison de « sa parfaite connaissance des problèmes sociaux et économiques » et de son « intégrité unanimement reconnue par tous ».

Louis Nillès était chevalier de la Légion d’honneur et officier du Mérite social.

Il s’était marié en 1918 avec Germaine née George dont il eut une fille, qui fut candidate sur la liste SFIO aux élections municipales de 1947 à Metz.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124012, notice NILLÈS Louis par Robert Grimm, Pierre Schill, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 8 novembre 2013.

Par Robert Grimm, Pierre Schill

Louis Nillès
Louis Nillès
À une réunion des instances nationales de la CGT à Paris vers 1937-1938 : Louis Nillès est à la première table, de face, la main sous le menton (collection de Jean-Louis Pillot).

SOURCES : Archives départementales de la Moselle : 301 M 80 ; 310 M 67 ; 150 W 190 ; 151 W 191 ; 24 Z 16. — Archives de la famille Pillot. — Le Républicain Lorrain, 27 juin 1950. – Renseignements fournis par Jean-Louis Pillot, son petit-fils et par Ralph Konopnicki. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1992, 2 tomes. — Luitwin Bies, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000. — Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Editions Serpenoise, 2006.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable