NIVET Joseph

Par André Balent

Né et mort à Saint-Laurent-de-Cerdans (Pyrénées Orientales) : 3 août 1877-21 janvier 1942. Ouvrier trépointeur ; militant socialiste et coopérateur ; conseiller d’arrondissement du canton de Prats-de-Mollo, maire de Saint-Laurent-de-Cerdans (1929-1941).

Joseph Nivet fut pendant l’entre deux-guerres le principal leader ouvrier de Saint-Laurent-de-Cerdans. En mars 1904, un groupe de travailleurs laurentins, auquel il appartenait refonda le syndicat des ouvriers espadrilleurs, trépointeurs et tisseurs (voir Gratacos). Lorsqu’éclata en 1910 la grève des "cluadores" (brodeuses, en catalan), Joseph Nivet était président du syndicat CGT des OETT de Saint-Laurent-de-Cerdans et François Brunet secrétaire. Cette grève fut victorieuse grâce à l’action du syndicat qui appuya des ouvrières si déterminées qu’elles n’hésitèrent pas à se coucher sur la chaussée pour empêcher la circulation des voitures qui portaient de l’ouvrage hors de Saint-Laurent-de-Cerdans.

Des contacts avec Joseph Bazerbe, secrétaire de la Bourse du Travail de Perpignan, avec Daudé-Bancel qui fut pharmacien dans la localité voisine de Prats-de-Mollo, avec Charles Gide et "l’École de Nîmes", l’avaient convaincu des vertus de la coopération. Il présida la réunion constitutive de l’Union des travailleurs syndiqués (29 octobre 1908) et fut élu à son conseil d’administration trésorier lors de la réunion constitutive). Jusqu’en 1940, il fut étroitement associé à sa gestion.

Après la guerre, une puissante section du Parti socialiste se reconstitua à Saint-Laurent-de-Cerdans dont Nivet fit partie. Dans les mois qui précédèrent et suivirent le congrès de Tours, les vieux militants ouvriers laurentins tels Joseph Nivet ou Laurent Poch, plutôt "reconstructeurs" et hostiles à l’adhésion à l’Internationale communiste, furent dépassés, sur leur gauche, par des militants des Jeunesses socialistes qui réussirent à impulser momentanément un important groupe communiste. Toutefois, Joseph Nivet et Laurent Poch restèrent à la tête du syndicat CGT des OETT, puis la SFIO disparut pendant quelques années de la scène politique laurentine.

Joseph Nivet fut à l’origine de la création d’une coopérative de production : l’Union sandalière qui fut constituée pendant l’été et l’automne 1923. Il fut élu à son conseil d’administration. Devenu président, il abandonna bientôt cette tâche à François Brunet car il ne pouvait assumer simultanément la direction des deux coopératives. Contribuant à l’essor de cette coopérative, il vit son prestige personnel parmi les travailleurs laurentins encore rehaussé. Il put enfin songer à mettre sur pied une section socialiste SFIO.

Jean Payra, le grand leader de la SFIO catalane, fut élu conseiller général du canton de Prats-de-Mollo en juillet 1925. Cette élection contribua à la reconstitution ou au renforcement du Parti socialiste dans les diverses communes du canton. Sous l’impulsion de Joseph Nivet, une section socialiste SFIO fut reconstituée à Saint-Laurent-de-Cerdans en 1927. Un des principaux animateurs de la section avec Laurent Poch, il assista à plusieurs congrès fédéraux.

Le 14 octobre 1928, Joseph Nivet fut candidat au conseil d’arrondissement de Céret dans le canton de Prats-de-Mollo. Élu maire de Saint-Laurent-de-Cerdans en mai 1929, à l’issue du scrutin de renouvellement des conseils municipaux, il fut reconduit dans ses fonctions de premier magistrat en mai 1935. Pendant les années trente, la SFIO demeura hégémonique à Saint-Laurent-de-Cerdans, le Parti communiste ne s’y reconstituant qu’aux alentours de 1936.

À la fois responsable de la SFIO, du syndicat CGT des OETT, de la coopérative "Les Travailleurs syndiqués", membre du conseil d’administration de L’Union sandalière, maire de Saint-Laurent-de-Cerdans et conseiller d’arrondissement, Joseph Nivet jouissait d’une grande autorité au sein de la population ouvrière. Hostile à Vichy, Joseph Nivet fut révoqué de son mandat de maire le 31 mars 1941. Son attitude différa de celle de ses camarades et amis, François Brunet et Laurent Poch qui crurent opportun, pour des raisons diverses, de composer avec Vichy.

Joseph Nivet mourut le 21 janvier 1942, moins d’une année après sa révocation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124031, notice NIVET Joseph par André Balent, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 11 novembre 2021.

Par André Balent

SOURCES : Arch. Dép. Pyrénées-Orientales, 2 M 5/282, 302-304 (anciennes cotes) ; 10 M 109 (nouvelles cotes). — Le Cri catalan (1920-1930). — La Dépêche du Midi, 4 septembre 1922. — Hubert-Rouger, Encyclopédie socialiste, t. 2 : Les Fédérations socialistes, op. cit. — H. Chauvet, La politique roussillonnaise (de 1870 à nos jours) Perpignan,1934. — P.-F. Bernard "Un canton montagnard méditerranéen : le Haut-Vallespir", Bulletin de la société languedocienne de géographie, Montpellier, 1958. — L. Giral, "Saint-Laurent-de-Cerdans. Historique du mouvement ouvrier", Le Travailleur catalan, 13 juin 1975.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable