NOULIN Armand, Alfred

Par Thérèse Burel

Né le 18 juillet 1886 à Saint-Sulpice (Loir-et-Cher), mort le 11 août 1966 à Blois. Ouvrier cordonnier ; secrétaire du syndicat CGT de la Chaussure du Loir-et-Cher de 1919 à août 1936.

Ouvrier cordonnier à l’usine Rousset à Blois, appelée au début du siècle "La Grande fabrique" parce qu’elle employait plus de 1 000 salariés, Armand Noulin fut de 1919 à août 1936 secrétaire du syndicat de la Chaussure de Blois. La ville était, au lendemain de la Première Guerre mondiale, un important centre de la chaussure. Le 10 juillet 1919, Armand Noulin contraignit les patrons de deux des usines de chaussures à appliquer rétroactivement (à partir du 1er juin) les tarifs décidés pour chaque catégorie. En 1920, il apparut comme le principal animateur des grèves de Blois (18 mars-10 mai) qui eurent le caractère d’une grève générale : environ 2 500 ouvriers de la chaussure, mais aussi de la fabrique de chocolat Poulain et du Bâtiment revendiquant la hausse des salaires horaires, cessèrent le travail. Dès le 17 mars, les ouvriers de la chocolaterie Poulain et ceux de la chaussure formèrent un comité de grève, dirigé par Armand Noulin. Le 19 mars, à une réunion publique du syndicat de la Chaussure à Blois, il annonça l’organisation de soupes populaires et la constitution d’un comité de vigilance à l’entrée des usines. Il interdit tout acte de violence, toute entrave à la liberté du travail et conseilla de boycotter les commerçants blésois qui dénigraient la grève. Armand Noulin participa à toutes les réunions de l’intersyndicale des trois corporations en grève et aux réunions des ouvriers de la chaussure. Le 24 mars, Armand Noulin put annoncer que deux contremaîtres de l’usine de chaussures Rousset, dont le renvoi figurait dans le programme de revendications des ouvriers, pris de peur, avaient quitté Blois. Le 28 mars, à l’issue d’une réunion de l’intersyndicale, une manifestation en ville, sans emblème, ni chant, ni cri, rassembla environ huit cents personnes.

Cependant dès le 12 avril, un certain nombre d’ouvriers étaient déjà rentrés ; un cortège de six cents personnes, dont la moitié de femmes, se constitua, défila en ville en chantant l’Internationale et, quelques vitres d’usines furent brisées. Le maire prit alors un arrêté interdisant tout rassemblement et toute manifestation en ville. Les jours suivants, Armand Noulin, malgré les rentrées, d’abord chez Poulain, puis, dans la chaussure, s’efforça de prolonger la grève jusqu’au 1er mai. Le 7 mai, il fit le point au cours d’une réunion en ce qui concernait le syndicat de la chaussure en Loir-et-Cher : sur 827 adhérents au début de la grève, il restait 629 syndiqués, dont 340 étaient présents dans la salle. Malgré un vote largement majoritaire en faveur de la grève, Armand Noulin engagea les ouvriers à rentrer le lundi suivant 10 mai "pour sauver l’organisation syndicale". La reprise du travail fut votée à main levée et des secours prévus pour les quinze révoqués.

Les soupes communistes avaient fonctionné sur l’initiative d’Armand Noulin et de sa femme du 27 mars au 8 mai. Le 9 mai, les bilans des recettes et dépenses générales des comités grèves étaient établis par Armand Noulin. Après ces grèves, sans travail, il fit de la vente à domicile, d’abord pour la maison Aubrun de Bourges puis pour les Nouvelles Galeries. Il réussit, au prix de grands efforts, à se créer une clientèle.

Au congrès départemental de la CGT qui se tint le 19 septembre 1920, il combattit la thèse exposée par Gaillard à savoir "qu’aucune grève ne devait être déclenchée avant d’avoir pris l’avis du bureau de l’Union". Il prétendit que cette thèse portait atteinte à l’autonomie des syndicats et, peut être est-ce lui qui s’abstint (il n’y eut qu’une abstention) lors du vote de la motion approuvant l’action de la CGT. Il fut désigné, à ce congrès, comme membre de la commission de contrôle de l’UD. Assistant, le 21 décembre 1921, à la réunion du comité régional des syndicalistes révolutionnaires à Blois, il fut accusé par Jatteau d’être responsable de l’échec de la grève de la Chaussure et de la quasi disparition du syndicat (vingt-deux adhérents en 1924).

En 1928, Armand Noulin était secrétaire adjoint de l’UD-CGT, délégué à la propagande, et le demeura jusqu’en 1932. Il seconda Lapierre, responsable de la CGT pour la constitution en 1928, des Unions locales de Vendôme et de Romorantin. À Salbris, il contribua à la formation du syndicat des travailleurs de l’État.

En 1932, Il fut l’un des représentants de l’UD à l’Office de placement et de chômage et au conseil d’administration de la Caisse d’assurances sociales. Il était, en même temps, délégué régional de la Fédération nationale des Cuirs et Peaux, durant l’exercice 1931-1935 et fit à ce titre, des tournées de propagande en 1933. Le 26 juin 1936, ce fut lui qui signa, au nom du syndicat de la Chaussure, un accord avec la direction de l’usine de chaussures Leroux, qui acceptait les accords Matignon. L’année suivante, en avril, il déclara cependant, dans une lettre au secrétariat de l’UD que "des manœuvres de discrédit" de représentants de l’UD et de l’UL, menées jusqu’au plan national, l’avaient obligé en 1936 "à résilier le secrétariat du syndicat de la Chaussure" et que, cette fois, il ne sollicitait pas le renouvellement du mandat de membre le la commission exécutive.

Armand Noulin, en désaccord avec Chataignac , quitta le Parti socialiste avant 1939. Pendant l’Occupation, pour subsister, il s’établit cordonnier à son compte.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124183, notice NOULIN Armand, Alfred par Thérèse Burel, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Thérèse Burel

SOURCES : Arch. Dép. Loir-et-Cher, série M et dépôt de la Bourse du Travail de Blois. —D. Ferrisse, Socialistes et communistes en Loir-et-Cher de 1914 à 1925, Mémoire de Maîtrise, Tours, 1971. — Le Progrès de Loir-et-Cher. — L’Indépendant de Loir-et-Cher. — L’Écho du Centre. — L’Avenir. — Renseignements fournis par M. Chartrain.

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