OBRY Florimond

Par Yves Le Maner

Né le 9 septembre 1892 à Bruay-en-Artois (Pas-de-Calais), mort le 18 février 1986 à Lure (Haute-Saône) ; ouvrier mineur ; secrétaire de mairie puis commerçant ; militant communiste du Pas-de-Calais ; secrétaire départemental de l’ARAC ; maire de Chocques.

L’Enchaîné, éditions spéciale élections cantonales d’octobre 1937.
Communiqué par David Noël.

Fils d’un ouvrier mineur, Florimond Obry obtint le Certificat d’études primaires, fut manœuvre dans le bâtiment puis travailla à la mine jusqu’à son départ au régiment en 1913 ; incorporé dans la Marine au 1er dépôt de la flotte, il fit la totalité de la campagne navale en Méditerranée jusqu’à sa nomination, en 1917, comme affecté spécial dans les mines. À son retour dans le Pas-de-Calais, il suivit les cours par correspondance et les cours du soir Pigier qui lui permirent d’obtenir un poste de préposé des contributions directes à Beauchamps en 1921 puis un emploi de secrétaire de mairie.

Membre du Parti socialiste SFIO et de la Libre pensée depuis l’âge de dix-huit ans, Florimond Obry ne commença véritablement à militer qu’en 1918 à Lapugnoy. Adhérent au Comité de la IIIe Internationale dès le 8 mars 1920, il fonda après le congrès de Tours la section communiste qui devint la cellule de Chocques, dont il fut secrétaire jusqu’en 1939. Bon orateur, il fut avec Émile Duport, l’un des principaux propagandistes du Parti communiste dans la région de Béthune pendant l’entre-deux-guerres.

Après avoir été révoqué de son poste de secrétaire de mairie à la suite d’un conflit politique avec le maire, il fut dans l’incapacité de trouver un travail qualifié et dut successivement s’employer comme terrassier, manœuvre, commis de bureau avant de s’établir comme charcutier-épicier à Chocques. Cette nouvelle situation, si elle ne lui apporta pas de gros revenus, lui donna en revanche une assez grande liberté pour son action militante. Il se consacra plus particulièrement à l’Association républicaine des anciens combattants au sein de laquelle se regroupaient en majorité des militants communistes. Fondateur du "groupe Barbusse" à Choques en 1921, il fut pendant plusieurs années secrétaire général puis secrétaire technique et administratif de la Fédération du Pas-de-Calais de l’ARAC, fonction qu’il occupait encore en 1939 (voir Vasseur Georges) ; à ce titre, il écrivit régulièrement dans l’Enchaîné.

Conseiller municipal de Choques de 1919 à 1924 puis de 1929 à 1935, il fut élu maire à l’occasion des élections de mai 1935. Le Parti communiste le présenta d’autre part au conseil d’arrondissement et aux élections législatives de 1928 dans la 1re circonscription de Béthune ; il recueillit 1 758 voix et 551 au second tour, sur 20 674 inscrits.

L’attitude de Florimond Obry pendant les premières semaines de la Seconde Guerre mondiale est un exemple révélateur de l’indécision et du désarroi qui frappèrent de nombreux cadres locaux du PCF après l’annonce du Pacte germano-soviétique. Contacté par les deux avocats du Secours populaire pour le Nord de la France, Delvallée et Wormser, il accepta, après de longues hésitations de signer un texte de dénonciation du Pacte germano-soviétique qu’il soumit à son conseil municipal et qui fut publié dans le Réveil du Nord du 17 septembre 1939. Malgré cette prise de position et l’exclusion du PCF qui la suivit, Obry fut condamné à un mois de prison pour propagande antimilitariste et déchu de ses fonctions de maire le 6 octobre 1939 en application du décret Daladier. Soupçonné "d’agir contre l’armée", il fut victime d’une perquisition le 5 avril 1940 puis arrêté par les gendarmes de Béthune le 10 mai 1940. Transféré à Dunkerque après quelques jours d’internement à Seclin (Nord), il fut conduit au Maroc. Il parvint cependant à rejoindre la France en janvier 1941 et s’affilia à l’Organisation civile et militaire dont il fut l’un des agents les plus actifs dans la région de Béthune. En dépit de l’action qu’il avait menée dans la Résistance, Florimond Obry subit une seconde exclusion, définitive, du PC en juin 1944. Malgré de multiples demandes, sa réintégration lui fut par la suite systématiquement refusée par les instances fédérales. Il continua néanmoins à s’intéresser au mouvement communiste et il fit notamment partie du Comité pour la réhabilitation d’André Marty.

Au milieu des années quatre-vingts, Florimond Obry vivait à Chocques dans des conditions matérielles difficiles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124242, notice OBRY Florimond par Yves Le Maner, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 31 août 2021.

Par Yves Le Maner

L’Enchaîné, éditions spéciale élections cantonales d’octobre 1937.
Communiqué par David Noël.

SOURCES : Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 177 (avec photographie), M 413, M 2387, M 5142, M 5221. — Unir, janvier 1964. — Débat communiste, 15 février 1964. — Renseignements fournis par la mairie de Chocques.

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