ODIN Jean

Par Maurice Moissonnier

Secrétaire adjoint du Syndicat national des instituteurs du Rhône en 1936.

Instituteur, Jean Odin était militant du Syndicat unitaire de l’enseignement reconstitué dans le Rhône en 1925 par Paul Moulin , lorsqu’il fut élu en 1931 au secrétariat de la section du Rhône. Il devint secrétaire du "Comité des 22" qui cherchait à réaliser l’unité avec les autonomes et les confédérés. En juillet 1932, il fut parmi les organisateurs d’un meeting avec le confédéré Georges Dumoulin. En novembre 1932, il démissionna de son poste de secrétaire et abandonna les unitaires en affirmant sa volonté d’en revenir au syndicalisme d’avant-guerre avec "une organisation où tous les camarades qui revendiquent l’indépendance du syndicalisme, du syndicalisme révolutionnaire... puissent se rencontrer pour faire de la propagande,... une organisation qui, en dehors de toute idéologie politique, pourrait faire de la bonne éducation". En tant qu’invité, il participa, en décembre 1932 au VIe congrès du Cartel autonome du Bâtiment de Lyon.

Après la réunification, en janvier 1936, à la suite des élections au conseil syndical des syndicats unifiés, il devint secrétaire adjoint du SNI et délégué au conseil général de l’Union départementale CGT. Il s’affirma en faveur du courant conduit par [ André Delmas et de la tendance Syndicats.

Il considérait avec méfiance les accords qui avaient abouti à la constitution du Front populaire et il reprochait à son programme un manque de pugnacité révolutionnaire. C’est ce qui le conduisit, au 2e tour des élections d’avril-mai 1936, à soutenir un enseignant nommé Dumairir, candidat de diversion de dernière heure opposé à Édouard Herriot dans la 1re circonscription de Lyon.

Très influencé par les thèses de Léon Émery , hostile au Parti communiste, il affirma très tôt un pacifisme absolu. Après la chute du gouvernement Blum, le 8 juillet 1937, lors de l’assemblée générale préparatoire au congrès national du SNI, il fit voter une motion prônant "l’organisation internationale de l’Europe pour la révision des traités" et dénonçant la politique internationale du gouvernement qui consacrait "la plus grande partie des ressources budgétaires à la préparation d’une nouvelle guerre".

Au sein de la majorité du SNI du Rhône, il milita en faveur de la politique de non-intervention en Espagne et pour l’approbation des accords de Munich, cela ne l’empêcha pas de se prononcer le 26 novembre 1938 au conseil syndical du Rhône, par discipline syndicale, en faveur de l’application du mot d’ordre de grève du 30 novembre lancé par la CGT, position qui ne fut d’ailleurs pas adoptée par la majorité.

Lors du conseil syndical du 3 mars 1938, il avait présenté une motion qui résumait la pensée des ultra-pacifistes et c’est la même démarche qui l’amena, un an plus tard, à signer dans le numéro de mars 1939 du bulletin corporatif du SNI du Rhône un article intitulé : "Oui, crève la Nation !" Au cours du printemps 1939, il fut de ceux qui consacrèrent leurs efforts à la création de Comités locaux d’opposition à la guerre.

Après la défaite de 1940, considéré comme un de ces enseignants qui, selon les termes d’une circulaire confidentielle du 15 novembre 1940 (cabinet du ministre de l’Instruction publique), s’étaient " livrés, dans le passé à des manifestations publiques de désordre social de nature à faire disparaître leur autorité morale", il fut muté par sanction disciplinaire, avec sa femme, dans la Creuse. Cette disgrâce fut cependant d’assez courte durée. Le ralliement de la majorité des ultra-pacifistes au régime de Vichy créa les conditions d’une révision de la sanction (voir André Lavenir).

Le 11 février 1943 lorsque se tint dans le Rhône la première assemblée générale de l’Association professionnelle des instituteurs constituée après l’accord donné le 6 mars 1941 par le ministre Jérôme Carcopino, Jean Odin, de retour à Lyon y exerça les fonctions de secrétaire pédagogique.

À la Libération, il fut de nouveau frappé de déplacement d’office et de censure. Le conseil syndical du SNI du Rhône, le 17 novembre 1949, contesta cette décision et adressa à Odin "son témoignage de sympathie, de confiance et d’amitié" en demandant que la notification de censure soit retirée de son dossier (pour : 17 ; contre : 6 ; abstentions : 4).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124259, notice ODIN Jean par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 5 novembre 2022.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Arch. de l’UD-CGT du Rhône. — Cartel autonome du Bâtiment, compte rendu du VIe congrès, 18 décembre 1932, Imprimerie inter-syndicale. — L’École libératrice, novembre 1949. — R. Martin, Idéologie et action syndicale, les instituteurs de l’entre-deux-guerres, Lyon, Presses universitaires, 1982.

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