Par Justinien Raymond, Charles Sowerwine
Né le 24 janvier 1871 à Saint-Martin-d’Uriage (Isère) ; mort le 14 mai 1946 à Grenoble (Isère) ; professeur agrégé d’anglais ; militant socialiste.
Fils de cultivateurs montagnards, Adolphe Odru fit ses études au lycée de Grenoble où il fut boursier de l’État. Après le baccalauréat, il passa une année en rhétorique supérieure au lycée Ampère de Lyon, prépara la licence à la faculté des lettres de Grenoble et s’orienta vers les études d’anglais. Après avoir obtenu sa licence ès lettres, il fit un séjour d’un an en Angleterre, en 1895-1896, puis, fut boursier d’agrégation à Lyon.
Adolphe Odru enseigna au collège d’Ambert en 1900, puis à celui de Riom (Puy-de-Dôme). Agrégé d’anglais en 1903, il fut nommé au lycée du Puy (Haute-Loire). Là, à l’occasion d’une tournée de Renaudel (selon sa biographie pour la campagne électorale de 1919) qui avait fondé en 1905 le groupe socialiste du Puy et la Fédération socialiste de la Haute-Loire, il s’inscrivit dans les premiers au groupe et devint un des membres fondateurs de la fédération. Il en fut le secrétaire et le délégué au Conseil national jusqu’en 1908. Il fut délégué de sa fédération aux congrès socialistes SFIO de Nancy (1907) et au congrès socialiste international de Stuttgart (1907) où il traduisit, notamment, le discours de Gustave Hervé.
En 1908, Adolphe Odru fut nommé au lycée de Grenoble. Il devint collaborateur du Droit du peuple, journal socialiste de Grenoble mais fut traduit devant le conseil académique pour avoir prononcé en classe des propos antimilitaristes qui provoquèrent une vive agitation : "Je ne vois pas, aurait-il déclaré, ce qu’il y a d’intéressant à voir défiler des hommes habillés de rouge et de bleu, porteurs d’instruments de boucherie " (la Presse grenobloise, octobre 1909). Il fut condamné à une suspension de quatre mois puis envoyé à Digne (Basses-Alpes) en 1910. Ensuite, il fut nommé dans la Haute-Loire — où il fut le premier secrétaire de la Fédération socialiste — puis au lycée de Bourg-en-Bresse (Ain) où il resta jusqu’en 1924. En 1914, il fut candidat socialiste à la députation dans la première circonscription de Bourg. Il obtint 1 419 voix sur 13 769 votants, contre 5 084, au radical Chanel et 6 964 au candidat de la droite, élu.
Après la guerre, Adolphe Odru reprit ses activités militantes. Il fut secrétaire du congrès de l’Union des sociétés coopératives de l’Ain tenu le 21 mars 1920 à Bourg (il y fut le délégué de la coopérative PLM de Bourg). Il fut élu à la commission administrative du groupe socialiste de Bourg lors de la reconstitution de celui-ci en mars 1919. Candidat aux élections législatives des 30 novembre et 7 décembre 1919 sur la liste conduite par René Nicod , Adolphe Odru obtint 17 946 voix sur 67 438 suffrages exprimés ; seul, Nicod fut élu avec 18 948 voix.
Adolphe Odru préconisa le refus de l’adhésion à la IIIe Internationale. Après la décision du congrès de Tours (décembre 1920), il se prononça pour la reconstitution de la SFIO, devint secrétaire de la Fédération socialiste SFIO de l’Ain et porta la contradiction à ceux qui avaient accepté la décision de Tours, tel Nicod. À la fin de 1923, la police nota que la décision avait été prise de muter Odru à un autre poste et il ne participa plus à la vie militante de l’Ain.
Par Justinien Raymond, Charles Sowerwine
SOURCES : Arch Nat. F7/12970, 13030. — Arch. Dép. Ain, M 1129. — P. Barral, Le Département de l’Isère sous la IIIe République, Thèse, passim. — Compère-Morel, Grand dictionnaire socialiste, op. cit. — L’Éclaireur de l’Ain, 1919-1933. — M. Rebérioux, "Les archives de la Fédération SFIO de la Haute-Loire (1905-1914)", Le Mouvement social, n° 73, octobre-décembre 1970. — Lettre de la mairie de Saint-Martin d’Uriage.