Par Alain Prigent, François Prigent
Né le 15 octobre 1900 à Glomel (Côtes-du-Nord), mort le 19 février 1978 à Saint-Briac (Ille-et-Vilaine) ; instituteur puis inspecteur primaire ; militant syndicaliste du SMEL-CGTU puis du SNI ; militant communiste puis du PSU ; conseiller municipal communiste de Saint-Lô (Manche), maire socialiste de Saint-Briac (Ille-et-Vilaine) (1974-1978).
Ernest Ogé était le fils d’Yves Ogé, commerçant, et de Marie-Anne Ruelland, commerçante, dans le hameau de Saint-Michel-en-Glomel Aîné de quatre enfants, Ernest Ogé parlait breton jusqu’à l’âge de six ans car sa mère ne parlait pas français. Il eut la chance d’être pris en charge par son instituteur qui le poussa à faire des études. Il fut reçu à l’École normale d’instituteurs de Saint-Brieuc (promotion 1916-1919).
Il enseigna à Saint-Michel-en-Glomel (1919-1922) puis, à partir de mars 1922, au cours complémentaire de Rostrenen. Après avoir fait son service militaire de janvier 1923 à septembre 1925, il fut nommé à Bonen (1925-1929). Il obtint la direction de l’école et du cours complémentaire de Bégard en septembre 1929, y restant jusqu’à la fin de l’année 1937.
Syndicaliste très actif, membre du conseil d’administration de l’Émancipation des membres de l’enseignement laïque en 1922, il fut le secrétaire général du comité central des Jeunes de l’Enseignement à la rentrée scolaire de 1922 Voir Raymond Garrivet. Élu à la commission de retraite en 1924, conseiller syndical du SMEL-CGTU de 1924 à 1931, candidat au conseil départemental de l’enseignement primaire en 1929, il fut battu par les candidats de la section départementale du Syndicat national (CGT). Il rejoignit avec ses camarades le SN en 1933. Il entra dans le conseil syndical réunifié en 1934.
Militant communiste très actif, il fit partie de la direction fédérale du Parti communiste dans les Côtes-du-Nord en 1937.
Ernest Ogé avait obtenu en 1935, à la faculté des lettres de Rennes le certificat d’études supérieures de morale et sociologie, et passa avec succès le concours de l’inspection primaire en décembre 1937. Nommé à Saint-Lô (Manche) en janvier 1938, il y resta jusqu’en 1948. Le 6 juin 1944, sa maison fut détruite par les bombardements. La famille avait quitté la ville quelques heures auparavant. Afin de permettre aux quatre filles de continuer leurs études, leur mère, institutrice, les accompagna à Paris où la sœur aînée était en khâgne. Ernest Ogé resta pendant ce temps en poste à Saint-Lô.
À la fin de la guerre, résistant actif, il fut le vice-président du Comité départemental de Libération.
En mai 1945, Ernest Ogé fut élu conseiller municipal de Saint-Lô sur la liste communiste. Il milita activement dans les œuvres périscolaires, en particulier à l’organisation départementale des Pupilles de l’enseignement public. À la rentrée 1948, il fut nommé à Beauvais (Oise) puis, un mois plus tard, à Mantes-la-Jolie (Seine-et-Oise, Yvelines) en novembre 1948, où il finit sa carrière en juillet 1959. Il encouragea notamment au travail en équipes et à l’utilisation des bibliothèques. Il habitait Vincennes jusqu’en 1952-1953 puis Les Mureaux !Seine-et-Oise).
Il créa avec les instituteurs et des amis de gauche un journal hebdomadaire Le Mantais pour tenter de contrer la presse de droite toute-puissante dans la région de Mantes-la-Jolie. Mais le journal rencontra de grosses difficultés financières et disparut. Après s’être rapproché de la SFIO, il adhéra en 1958 au Parti socialiste autonome devenu Parti socialiste unifié, et se présenta sans succès aux élections municipales aux Mureaux (Seine-et-Oise, Yvelines) en 1959 et 1965. Il milita à la Ligue des Droits de l’homme et créa une section à Meulan-Les Mureaux dont il fut le président. Après la mort brutale de sa fille aînée, il quitta la région parisienne en 1967 et s’installa à Saint-Briac (Ille-et-Vilaine). Candidat aux élections municipales en 1971, il fut élu. À la suite de la démission du maire de droite, il fut élu maire de la commune en 1974. Réélu en 1977, il décéda au début du mandat.
Il épousa Yvonne Le Baquer, institutrice, le 9 août 1923 à Rostrenen. En 1960, elle adhérait au PSU aux Mureaux. Le couple eut cinq enfants dont Yvonne, Madeleine, née le 4 juin 1930 à Rostrenen, professeur agrégée au lycée de Chartres (Eure-er-Loir), membre du Syndicat national de l’enseignement secondaire, qui adhéra également au PSU en 1960.
Par Alain Prigent, François Prigent
Iconographie : Photo Collection privée Yves Ogé.
SOURCE :Arch. Nat. AJ/16/6104, F17/27754, 581 AP 102. — Arch. dép. Côtes d’Armor, 1T1597, dossier professionnel versé par l’inspection académique ; 2W126. —BMP (Bibliothèque marxiste de Paris (Bobine 841, composition de la région des Côtes-du-Nord en mars 1937). — DBMOF, notice non signée. — L’École émancipée, 7 octobre 1922. — Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIeRépublique (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Editions Astoure, 2005. — Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse de doctorat, Université de Rennes 2, 2011. — Courrier de sa fille Mme Stil-Ogé en 1998. — Notes de Jacques Girault.