OLIVIER Maurice [OLIVIER Antoine, Cléon, Maurice]

Par Thérèse Burel

Né le 16 octobre 1876 à Villevieille (Gard), mort le 16 juillet 1944 à Huisseau-sur-Cosson (Loir-et-Cher) ; médecin ; maire socialiste de Blois de 1925 à 1940.

Maurice Olivier en 1934
Maurice Olivier en 1934

Maurice Olivier était issu d’une famille cévenole de tradition républicaine. Son père, Alphonse Olivier, propriétaire-viticulteur, maire et conseiller général, avait été un des chefs du parti radical dans le Gard. Il fit des études médicales à Montpellier puis à Paris. À Montpellier, il fut l’un des fondateurs du groupe des étudiants socialistes (1893-1894). Il milita aux côtés de Benezech, le suivit en 1899 à la fédération autonome mais revint bientôt au POF. À Paris, il appartint au groupe qui créa la revue le Mouvement socialiste (voir Hubert Lagardelle) et présenta, dans cette revue, une analyse de la coopération en viticulture. Interne à l’asile d’aliénés de Blois, il fit sa thèse de doctorat en médecine sur Les aliénés réputés criminels et fut reçu docteur à Paris en 1903. Établi à Sommières, il y fonda un groupe collectiviste. En septembre 1901 déjà, il y avait donné une conférence sur Le Manifeste du Parti communiste.

Médecin aliéniste, il fut nommé dans le Jura où il fut conseiller municipal à Orgelet. Il se présenta aussi en 1902 aux élections législatives dans le Gard contre Gaston Doumergue. Installé à Blois vers 1902, il fut médecin adjoint, puis médecin chef et enfin médecin directeur de l’hospice psychiatrique après sa démobilisation. Il avait été délégué au congrès national du Parti socialiste de France en 1902 et fut présent au congrès d’unité à Paris (avril 1905) parmi la délégation du Nord. Sa carrière politique à Blois commença avec sa candidature au conseil municipal en 1912 sur une liste à majorité radicale-socialiste.

Mobilisé en 1914, il fut décoré de la Croix de guerre le 2 septembre 1916 et fut affecté en 1917 au centre neurologique de Montpellier. Les qualités professionnelles du docteur Olivier et la manière dont il avait réussi à redresser la situation de la maison de santé de Blois, qualifiée de critique en 1919, le servirent aux élections municipales de Blois de 1925. En effet, le 3 mai, quatre candidats du Cartel des gauches furent élus au 1er tour puis dix au second et Olivier devint maire. Il fut réélu conseiller et maire en mai 1929. En 1935, la liste d’entente entre radicaux et socialistes eut vingt-sept élus et Olivier redevint maire le 19 mai 1935 par 26 voix sur 27, avec cette fois, un second adjoint socialiste. Il demeura maire de Blois jusqu’en septembre 1940, date de la mise en place d’une délégation spéciale.

Durant l’année 1933, il avait accepté la charge du secrétariat fédéral. Présenté par la Fédération socialiste dans la 1re circonscription de Blois en 1928, il obtint le 22 avril, 3 804 voix au 1er tour, et se désista pour le candidat radical-socialiste qui n’avait eu que 2 679 voix mais était néanmoins mieux placé pour battre le candidat de la droite. Il fut candidat socialiste SFIO aux élections sénatoriales en 1931, en 1932 et 1934 sans succès. Il fut enfin candidat socialiste aux élections législatives partielles dans la 1re circonscription de Blois en 1935 : Jules Moch vint le soutenir dans sa campagne ainsi que Vincent Auriol et Paul Faure. Le 24 mars, il obtint 2 649 voix et se désista au second tour pour le candidat radical-socialiste mieux placé pour battre Dorgères.

Il était devenu en 1909 médecin adjoint de l’asile départemental de Blois puis son directeur de 1920 à 1938. En 1938, il fonda la clinique médicale du Centre au château de Saumery à Huisseau sur Cosson.

Le 30 juin 1937 lors de l’ouverture de la 41e session du congrès des médecins aliénistes et neurologistes de France et des pays de langue française, il prononça un discours sur l’optimisme dans la thérapeutique morale dans lequel il ventait les mérites du freudisme : " La psychanalyse freudienne apporte absolument un élément nouveau et puissant dans la thérapeutique psychologique. Elle se meut dans le dédale de la conscience du malade, elle parcourt tous les sentiers obscurs de l’inconscient, elle ressuscite les sentiments lointains et troubles, elle se heurte, au passage, à toutes les impuretés morales et physiques, elle exhume la pensée secrète originelle. Elle constate, mais elle ne porte pas de jugement moral. »

En 1938, la clinique médicale du centre investit le château de Saumery, loué à des descendants des Johanne de La Carre, propriétaires des lieux depuis le XVIe siècle

Le 12 Juillet 1940, trois semaines après les bombardement et canonnades de Blois des 17, 18, 19 Juin, Maurice Olivier prononce un discours à la mairie de Blois : " Je continuais à remplir mon rôle médical auprès de mes malades et de blessés militaires à ma clinique de Saumery, à Huisseau sur Cosson, pendant la tourmente récente lorsque j’apprenais le mardi 18 juin, la mort de M. Laurens survenue le 16, en dépit des soins du Docteur Grenoilleau, le mercredi 19 l’entrée des Allemands à Blois, comme à Huisseau. Le jeudi soir 20, j’étais informé de la situation morale et matérielle pénible de la ville de Blois. Aussi dès le vendredi matin 21 juin, avec l’aide amicale de M. Lecomte, photographe, je pouvais commencer à entreprendre à Blois, en compagnie de Mme Olivier, une lourde tâche" (Olivier, 1940, extrait).

En 1942, sous la pression de l’armée allemande, l’hôpital de Blois commencèrent à être dispersé. En 1943, l’asile fut totalement désaffecté. Les derniers patients furent transférés dans des institutions du centre et du sud-ouest de la France, tandis que le personnel était définitivement licencié le 1er octobre. Il ne restait dans le Loir-et-Cher, pour 250 000 habitants, que les 12 lits de Saumery.

Démissionnaire en février 1940 pour raison de santé, il reprit son poste en juin 1940 et organisa le ravitaillement de Blois. Il s’occupait de la clinique psychiatrique de Saumery lorsqu’il mourut le 16 juillet 1944. Une rue de Blois porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124329, notice OLIVIER Maurice [OLIVIER Antoine, Cléon, Maurice] par Thérèse Burel, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 31 mai 2018.

Par Thérèse Burel

Maurice Olivier en 1934
Maurice Olivier en 1934

ŒUVRE : Maurice Olivier collabora au Combat social et au Mouvement socialiste.

SOURCES : Arch. Dép. Loir-et-Cher, série M, élections. — Comptes rendus des congrès cités. — Le Solognot. — Le Républicain du Loir-et-Cher. — Cl. Willard, Les Guesdistes, Éditions sociales, 1965. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op. cit. Renseignements communiqués par J. Dupuy. — Lettre de l’archiviste de Blois. — Comptes rendus de congrès. — Cl. Willard, Les Guesdistes, op. cit., pp. 637-638. — Notes d’Antoine Fontaine.

Version imprimable