Par Justinien Raymond
Né le 21 février 1866 au Cros (Hérault), mort le 30 janvier 1935 à Villejuif (Seine, Val-de-Marne) ; instituteur, puis employé de l’administration des finances ; militant socialiste dans l’Aube et dans la Seine.
Le vrai nom d’Osmin était Commeignes Frédéric, Léon. Après avoir été instituteur, il occupa un emploi au ministère des Finances dont il fut révoqué en 1903 pour activités politiques et syndicales. Il était entré très jeune dans la vie militante : à dix-neuf ans, la lecture d’un article de Jules Guesde produisit sur lui une forte impression ; à vingt ans, il vint à Paris et s’inscrivit à l’Agglomération parisienne du POF. Jusqu’à la fin de sa vie, Léon Osmin resta fidèle à l’esprit guesdiste. Il fut d’abord secrétaire du groupe de Maisons-Alfort : il le représentera aux congrès des salles Japy (1899) et Wagram (1900). À Wagram, il portait en outre les mandats des groupes de Le Mée-sur-Seine et Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne). En 1896, il assura le secrétariat de la Fédération de la région parisienne du POF englobant outre l’Agglomération parisienne de ce parti, les groupes guesdistes de la petite et de la grande banlieue. En 1900, il fut son candidat au conseil municipal dans le quartier du Petit-Montrouge (XIVe arr.) et recueillit 489 voix sur 7 169 inscrits. En 1902, il fit campagne aux élections législatives dans la 6e circonscription de Saint-Denis, au nom du Parti socialiste de France né de la fusion du POF et du PSR : il obtint 889 voix. En mai 1904, il fut encore candidat aux élections cantonales dans le canton de Saint-Maur.
Après ces débuts, deux grandes périodes marquent l’action politique de Léon Osmin : il contribua avant la Première Guerre mondiale à implanter le socialisme dans l’Aube ; au lendemain de la scission de Tours (décembre 1920), il prit le secrétariat de la fédération socialiste de la Seine qu’il guida dans sa reconstitution. Dans l’Aube, Léon Osmin fut de la pléiade de militants du POF qui continuèrent, par la parole et par la presse, par l’effort d’organisation, l’œuvre de Pédron. Il fonda à Romilly-sur-Seine la « Muse romillonne », société artistique qui a aidé au recrutement. Il représenta les socialistes de l’Aube aux congrès nationaux du POF de 1897, 1900, 1903, 1904 et 1905, au congrès d’unité à Paris (avril 1905) et aux congrès nationaux de la SFIO à Chalon-sur-Saône (octobre 1905), à Limoges (1906) et à Nancy (1907). Il avait été délégué au congrès d’Amsterdam (1904). Aux élections législatives de 1906, il fit campagne dans l’arrondissement de Nogent-sur-Seine (Aube) et recueillit 1 584 voix. L’année suivante, il fut élu conseiller d’arr. dans le canton de Romilly. Il fut de 1902 à 1908, le secrétaire de la mairie guesdiste de Romilly. Souvent, il participa à la propagande dans les départements voisins, notamment dans l’Yonne.
La guerre ramena toute l’activité d’Osmin à Paris où elle n’avait d’ailleurs jamais cessé. En 1915, il prit le secrétariat de la deuxième section socialiste de Paris. En 1917, il devint secrétaire de la commission exécutive de la Fédération de la Seine. Aux élections législatives du 16 novembre 1919, il figura au douzième rang des quatorze candidats socialistes de la liste de Jacques Sadoul dans la 3e circonscription de la Seine (rive gauche et XVIe arrondissement) : il obtint 41 211 suffrages, la moyenne de la liste s’élevant à 41 863.
Signataire du manifeste des reconstructeurs le 6 novembre 1920, Léon Osmin fut, après le congrès de Tours (décembre 1920), membre de la CAP du Parti socialiste SFIO de 1921 à 1934 et du conseil d’administration du Populaire de 1927 à 1931. En juin 1923, il fut élu secrétaire de la Fédération socialiste de la Seine. Candidat socialiste au conseil général dans la 2e circonscription de la Seine en juin 1925, il recueillit 409 voix sur 5 527 inscrits, puis se retira au second tour.
En mars 1926, il fut candidat avec Inghels aux élections législatives complémentaires du 2e secteur de la Seine. Le 9 janvier 1927, il obtint 342 voix sur 1 079 votants aux élections sénatoriales de la Seine : il figurait sur la liste de dix candidats socialistes qui allait de Auray (427 voix) à Pierre Hamp (201). Au 3e tour, il n’échoua que de quelques voix sur la liste du Cartel des gauches unissant radicaux, socialistes et socialistes-communistes. Il signa en vue du congrès de Lyon (17-20 avril 1927) la même motion que Zyromski, Bracke et Louis Lévy. En 1928, il fut candidat aux élections législatives dans la 5e circonscription de Sceaux (Charenton) : il conquit 2 196 voix sur 18 278 votants et se retira après le premier tour. Cette année-là, il entra à la CAP du Parti socialiste où il siégea près de six ans. En 1933, il fut nommé secrétaire général de la « Société des amis de Jules Guesde ».
Dans les dernières années de sa vie, Léon Osmin continua à militer dans sa section de Paris, la sixième ; il poursuivit sa collaboration à la presse socialiste et, dans quelques écrits, il évoqua les figures d’obscurs militants du passé, ses anciens compagnons de lutte.
Il fut parmi les collaborateurs de la Bataille socialiste dès le 1er numéro (10 juin 1927). Son épouse Charlotte, qui mourut en 1945, collabora à la Femme socialiste. Il avait deux filles, Raymonde ("passionnément attachée au socialisme" disait son père, figure de jadis) et Mireille (Mireille Osmin).
Par Justinien Raymond
ŒUVRE : Osmin collabora au Petit Sparnacien, à La Défense des Travailleurs de l’Aube, au Socialiste, au Socialisme, au Populaire à partir de 1922 et au Combat social, hebdomadaire dont il devint gérant en décembre 1924. — Quatre années de gestion socialiste à Romilly-sur-Saône, Arcis-sur-Aube, 1903, 32 p. — Figures de jadis. Les Pionniers obscurs du socialisme. Précédé de plusieurs lettres-préfaces. 21 gravures hors-texte. 12 fac-similés, Paris, 1934, 205 p.
SOURCES : Arch. Dép. Seine, D2 M2. — Arch. PPo. non versées. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., p. 136. — Compère-Morel, Grand Dictionnaire socialiste, op. cit., p. 574. — Louis Lévy, Vieilles Histoires socialistes, pp. 16-17. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979. — Renseignements recueillis auprès de Mireille Osmin, fille de Léon Osmin. — La Femme socialiste, août 1931, juillet 1933, mai 1935. — Le Combat marxiste, mars 1935. — Le Socialiste, n° 8, mai 1945.