OSMIN Mireille [née COMMEIGNES Mireille]

Par Justinien Raymond

Née le 29 septembre 1903 à Romilly-sur-Seine (Aube), morte le 17 mars 1993 à Paris ; institutrice ; secrétaire générale de l’Entente des Jeunesses socialistes de la Seine puis secrétaire générale du groupement des Femmes socialistes de la Seine ; fondatrice du Parti socialiste autonome, puis membre du PSU.

Mireille Osmin était la fille de Frédéric, Léon Commeignes, connu comme militant socialiste et secrétaire général de la Fédération socialiste SFIO de la Seine, sous le nom de Léon Osmin. Sa mère, Marguerite Laboulais, fut trésorière générale du Comité national des femmes du Parti socialiste SFIO.
Son premier acte militant fut singulièrement précoce. À l’âge de 4 ans et demi, en compagnie de Madeleine Millet, toutes deux drapées de rouge et coiffées de bonnets phrygiens, tandis que six autres jeunes filles versaient le vin d’honneur, elle remit un bouquet de fleurs à Jean Jaurès venu présider un banquet et parler en meeting à Romilly-sur-Seine.
L’engagement de Mireille se fonda sur la doctrine marxiste que lui enseigna son père, ancien militant du Parti ouvrier français. Bien entendu, elle fut membre des pupilles socialistes.
De l’école communale, elle passa à l’École primaire supérieure Octave-Gréard où elle prépara avec succès le concours d’entrée à l’École normale d’institutrices de la Seine d’où elle sortit en 1928. Institutrice à Paris, elle paracheva sa formation à la faculté des lettres et à l’Institut de géographie ce qui lui permit d’enseigner les lettres dans un collège. Durant toute son activité professionnelle, elle milita au Syndicat national des instituteurs et fut secrétaire de la sous-section du IIe arrondissement de Paris. Elle appartint aussi à la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen. Elle donna une grande part de son activité à la Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente. En 1962, elle devint secrétaire générale de "Rencontres culturelles" et, en 1969, la présidente de la Fédération des œuvres laïques de la Seine, puis de Paris.

Mais c’est dans l’action socialiste que Mireille Osmin se réalisa pleinement bien avant la conquête par les femmes de leurs droits civiques. Elle fut longtemps la cheville ouvrière des Jeunesses socialistes qu’elle rejoignit en 1922. Tout en ayant adhéré en 1926 au Parti socialiste, elle fut secrétaire générale de l’Entente des Jeunesses socialistes de la Seine de 1929 à 1935. En 1930, archiviste de l’Entente des Jeunesses socialistes de ce département, elle en devint secrétaire adjointe ( Paul Favier) et assuma la fonction de chargée de la propagande de 1933 à 1936. De 1930 à 1936, elle siégea au comité national mixte des Jeunesses socialistes où elle exerça également la fonction de secrétaire nationale à la propagande. De 1934 à 1936, elle fut, en outre, secrétaire générale du groupement des Femmes socialistes de la Seine et le resta jusqu’en 1939. Collaboratrice de la Femme socialiste, elle fut attachée au cabinet du président du conseil Léon Blum.

Militante dévouée et désintéressée, bonne organisatrice, douée d’un chaleureux talent oratoire, Mireille Osmin joua un grand rôle dans l’action socialiste parisienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle fut secrétaire générale de l’Entente féminine française de 1944 à 1946. Secrétaire de la commission internationale de la Fédération socialiste de la Seine depuis 1947, elle assuma également les fonctions de responsable à la propagande en février 1950 lorsqu’elle posa sa candidature pour un siège à l’Assemblée de l’Union Française. Secrétaire générale de la Fédération socialiste de la Seine de 1950 à 1957, elle succéda à Marceau Pivert qui, malade, devait céder la direction de la fédération. Sa désignation fut, selon Claude Fuzier, le fruit d’un compromis entre l’ancien trésorier du parti, Gérard Jacquet, membre de la direction nationale, "européen" convaincu, qui avait été secrétaire fédéral à la Libération, et Charles Lancelle qui l’avait reconquise pour les pivertistes en 1945-1946 et négociait pour son courant. Rapidement, celle qui ne devait être qu’une secrétaire fédérale intérimaire sut s’imposer à tous et animer cette fédération contestataire.

De 1954 à 1958, elle siégea au Comité directeur du Parti socialiste. Elle fut parmi les premières femmes à affronter le suffrage universel, dans des batailles souvent perdues d’avance, mais dans lesquelles elle sut marquer l’empreinte du socialisme. Pour le conseil municipal de Paris, elle se présenta dans le quartier Latin en 1945 et en 1951. Aux élections législatives, elle figura sur les listes socialistes dans la Seine pour les deux Constituantes (1945 et 1946) et pour l’Assemblée nationale (1946, 1951 et 1955). En 1957, au scrutin uninominal, elle mena campagne lors d’une élection législative complémentaire dans le 1er secteur de la Seine. Pendant des années, Mireille Osmin fut secrétaire générale du Mouvement pour les États-Unis socialistes d’Europe dont elle avait été une des fondatrices, groupement devenu Mouvement socialiste pour les États-Unis d’Europe transformé ultérieurement en Gauche européenne. En 1954, puis en 1956, elle fut chargée de mission au cabinet du président de l’Assemblée nationale, André Le Troquer.

Dans les luttes internes qui traversèrent la SFIO de 1954 à 1958, elle fit cause commune avec les pivertistes et avec les trois députés de sa fédération qui animaient la minorité, Édouard Depreux, Daniel Mayer et Robert Verdier. En 1954 elle signa les textes pivertistes hostiles à la CED, qui se caractérisaient par le rejet du projet au nom de l’internationalisme, mais aussi par un refus des thèses nationalistes défendues par Max Lejeune et Marcel-Edmond Naegelen. Elle manifesta aussi son originalité durant l’été 1956, au début de la crise de Suez, en refusant de condamner la position égyptienne, affirmant que, pour un socialiste, il est légitime qu’un peuple nationalise ses richesses naturelles. Aux élections législatives partielles du premier secteur de la Seine, en janvier 1957, elle défendit le programme officiel du parti après le décès du député radical Moro-Giafféri. Elle obtint au premier tour 9,8 % des voix, contre 9,3 % l’année précédente, et au second 14,2 % des voix, dans un secteur traditionnellement défavorable à la SFIO.

En compagnie de son mari, Pierre Lamarque, qu’elle avait épousé en 1933 à Paris (VIe arr.), Mireille Osmin, en désaccord avec la direction générale du Parti socialiste notamment sa politique algérienne, quitta la SFIO et fut en 1958 l’une des fondatrices du Parti socialiste autonome. Pendant deux ans, elle fut secrétaire de la Fédération de la Seine et membre de la Commission administrative permanente. Elle se présenta aux élections législatives de novembre 1958. Sous le drapeau du PSA, elle fut encore candidate aux élections législatives dans le XVe arr. en 1958 et, aux élections municipales dans le 2e secteur de Paris, en 1959. Elle adhéra au PSU en avril 1960, fut quelques mois secrétaire fédérale de l’organisation parisienne mais se trouva rapidement en désaccord avec le nouveau parti et surtout avec les militants chrétiens, anciens du Mouvement de libération du peuple, elle animait une tendance qui rassemblait les mélancoliques ex-SFIO. Son parcours ultérieur, parallèle à celui de ses amis Alain Savary et Daniel Mayer, l’amena à la SFIO en 1969 puis au Parti socialiste en 1971. Elle eut également des responsabilités à la Ligue de l’enseignement.

Mireille Osmin collabora activement aux organes des Jeunesses socialistes, le Cri des Jeunes, Jeunesse, ainsi qu’à l’organe fédéral de la Seine, le Combat social.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124441, notice OSMIN Mireille [née COMMEIGNES Mireille] par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 7 octobre 2022.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Zyromski. — Jean Rabaut, Tout est possible, op. cit. — Journaux cités. — Enquête auprès de Mireille Osmin. — Notes de Gilles Morin. — Léon Osmin, "Jaurès à Romilly-sur-Seine", L’Humanité, 6 avril 1908.
État civil, ne confirme pas la lieu de naissance, or ce lieu et cette date sont confirmés par l’acte de décès.

ICONOGRAPHIE : Le Populaire, 31 juillet 1935.

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