OZEAU Armand

Par Michel Pigenet, Francis Roux

Né le 21 décembre 1893 à La Coquille (Dordogne), mort le 3 avril 1971 dans son village natal, receveur à la STCRP, syndicaliste unitaire, puis cégétiste, responsable du syndicat de la manutention de la région parisienne, conseiller prud’homme de la Seine (1930-1938), membre du comité national (1948-1952), puis de la commission exécutive et du bureau (1952-1955) de la Fédération CGT des Ports et Docks.

Fils de cultivateurs propriétaires, Armand Ozeau, fut receveur de la Société des transports en commun de la région parisienne, militant de la CGTU puis de la CGT, fut conseiller ouvrier prud’homme de la Seine de 1930 à 1938, section des Métaux et industries diverses.
Devenu responsable du syndicat de la manutention de la région parisienne,artisan de la nouvelle majorité fédérale des Ports et Docks à la Libération, il intervint toutefois au congrès de 1946 pour rappeler à ses camarades que les accords du Perreux interdisaient que l’on revienne sur les événements de 1939. “ Attention, sauvegardez notre unité ”, s’exclama-t-il à l’adresse des plus sectaires d’entre eux. De la même façon, il déplora que les revendications des charbonniers aient été “ étouffées au nom de certains mots d’ordre ” patriotiques. Il se plaignit, en outre, de la tonalité des attaques portées contre la direction fédérale et menaça de se retirer si l’on continuait sur cette voie. S’agissant du devenir des responsables mis en cause pour leur attitude sous l’Occupation, il souhaita, en revanche, que les assises demeurent souveraines et récusa le recours au jury d’honneur préconisé par certains. Cette position n’améliora pas l’opinion qu’avait de lui Désiré Brest, peu amène envers ce “ retraité des autobus ” qu’il jugeait ennuyeux et triste.
De fait, à l’intérieur comme en dehors du syndicat, le militant suscitait des avis partagés. A l’occasion d’une polémique avec Force ouvrière, Boucher qui le connaissait depuis longtemps, s’attarda, en 1952, sur son comportement pendant la guerre. Aux dires du dirigeant de la Fédération FO des Ports et Docks, Ozeau aurait dénoncé le Pacte germano-soviétique avant de solliciter son aide pour obtenir un emploi administratif au syndicat de la manutention de la région parisienne.
Rapporteur attitré, depuis 1946, de la commission technique des travailleurs de la manutention ferroviaire - “ parias de toutes les autres professions ” -, Armand Ozeau reprocha aux dockers de ne pas s’occuper du sort particulier de ces ouvriers pour lesquels il réclama une représentation à la direction fédérale. Afin de remédier à la dispersion de la profession, il évoqua la perspective d’une restructuration en syndicat national. Il prit également la parole pour exposer les caractéristiques du port de Paris. Surpris, affirma-t-il, par la proposition de Gaulard, favorable, en 1948, à son entrée dans les instances fédérales, il accepta de siéger au comité national. Toujours vigilant envers les initiatives intempestives de l’aile la plus politisée de la majorité, il s’opposa, en 1950, aux suggestions “ un petit peu improvisées ” tendant, sous couvert de “ renforcement ”, à placer la direction fédérale sous le contrôle de militants intransigeants. Une fois encore, il invita le congrès à permettre que tous les adhérents d’une Fédération épargnée par la désagrégation puissent y cohabiter. Devant les remous qu’avaient suscité ses paroles, il intervint une seconde fois pour stipuler qu’il n’avait jamais agité la menace d’une scission. Cette sagesse lui valut d’accéder au bureau fédéral en 1952, mais ne fut pas réélu en 1955, année de son abandon de toutes responsabilités nationales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124534, notice OZEAU Armand par Michel Pigenet, Francis Roux, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 5 février 2013.

Par Michel Pigenet, Francis Roux

SOURCES : Force ouvrière, janvier 1952. Congrès de la Fédération nationale des Ports et Docks, les 19-22 mars 1946 (Paris) ; 6-4 avril 1948 (Marseille) ; 22-24 juin 1950 (Paris) ; 8-9 octobre 1952 (Paris) ; 17-18 mai 1955 (Paris). D. Brest, Mémoires (inédits), 1972. Agendas de la Bourse du Travail de Paris. — Le Cri du peuple, 4 juin 1930.

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