PADRUTT Maurice

Par Roger Beaunez

Né à Colombes le 28 mars 1925 ; domestique de ferme puis ouvrier électricien bobinier ; militant syndicaliste CGT (depuis 1951) ; délégué du personnel (1953-1979) ; militant de la JOC et de l’ACO.

Maurice Padrutt connut une enfance difficile, baladé entre parents désunis et tante accueillante. Envoyé à la campagne en mai 1941, par un organisme de Vichy « le retour à la terre », il se retrouva domestique de ferme dans un village éloigné de Charente-Maritime. Là à 16 ans et demi il effectua les travaux rudes des champs et de la vigne. En 1945, il retourna à Colombes chez sa tante qui l’hébergea.

Sans diplôme, pas même le certificat d’études, Maurice Padrutt réussit à trouver un emploi de manœuvre à la Compagnie continentale des compteurs (1945), s’inscrivit à la FPA (Formation accélérée pour adultes) en vue d’obtenir un certificat professionnel d’électricien en bâtiment. Puis changeant ensuite d’orientation, aide-bobinier dans diverses entreprises, il accèda à un niveau d’ouvrier professionnel (P1). Muni de cette qualification, il fut embauché chez Otis-Pifre (fabrication d’ascenseurs) en 1951. Par la suite il devint P2 et P3 six mois avant son licenciement. Celui-ci eut lieu pour motif économique en 1981. Il resta donc 30 ans dans l’établissement sans bénéficier d’une véritable promotion. « Tu aurais pu devenir contremaître » lui confia son chef d’équipe, laissant entendre que son action syndicale, au long de ses 30 années professionnelles, en était la cause.

Maurice Padrutt adhèra à la CGT dans les premiers mois qui suivirent son embauche chez Otis, et un peu plus tard, accepta d’être membre de la Commission exécutive du syndicat. En 1953, présenté par la CGT, il fut élu délégué du personnel, fonction qu’il assuma à travers des interventions devant les prud’hommes, pendant 27 ans jusqu’en 1979, avant sa mutation à l’usine de réparation Otis à Argenteuil.

Il fut aussi secrétaire de la section syndicale de 1954 à 1968, puis de 1974 à 1979. Suite à la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise, il fut nommé délégué syndical auprès du comité d’établissement. Membre de la commission exécutive du Syndicat des métaux à l’extérieur, également aussi à partir de 1972 pour l’union locale des syndicats de Bezons.

En préretraite depuis septembre 1981, puis en retraite officielle en 1985 à l’âge de 60 ans, Maurice Padrutt demeura responsable de la commission « Droit et liberté », assura tous les lundis des permanences juridiques : il a reçu, consulté, informé depuis 1972 plus de mille salariés. Sur 400 affaires engagées auprès des prud’hommes, 90 % ont été gagnées et confirmées par la cour d’appel de Versailles (en cas d’appel par les employeurs).

Cet engagement syndical au service des travailleurs est dû aux difficultés vécues dans sa jeunesse et surtout à sa rencontre avec la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne), puis à l’ACO (Action catholique ouvrière) ainsi qu’avec des prêtres ouvriers, capucins du Petit Nanterre.

« La JOC à l’origine affirme-t-il m’a appris à être un homme debout, à l’écoute des autres, dans une fraternité au coude à coude avec les copains. Elle m’a appris à prendre mes responsabilités. Après bien des interrogations sur moi-même, la JOC a donné un sens à ma vie. Par fidélité à l’évangile, j’ai choisi de vivre simplement, refusant ce qui pourrait représenter dans le monde, la soif des richesses, la puissance et la gloire. »

Si son engagement syndical resta prédominant, Maurice Padrutt eut aussi quelques prolongements à caractère politique, étant à certaines périodes membre de formations telles le MLP (Mouvement de libération du peuple), l’UGS (Union de la gauche socialiste), le PSU (Parti socialiste unifié) qui ont préparé vers les années 1950-1960 le renouveau de la gauche.

Les premiers engagements politiques, mal supportés par sa femme ont provoqué une séparation et un divorce (non voulu par lui-même) en 1962. Participant à l’éducation et aux besoins de ses enfants, il ne s’est jamais remarié, trouvant dans les randonnées pédestres des lieux de détente et de fortes amitiés susceptibles d’éviter le repli sur soi.

Depuis 42 ans, Maurice Padrutt participe et organise des randonnées au sein d’un groupe de randonneurs d’inspiration ajiste. Ce besoin d’effort physique de grand air, découverte de la nature, de la montagne, l’ont aidé à découvrir en lui-même des talents jusqu’ici ignorés. Selon l’inspiration du moment, il écrit des poèmes souvent axés sur la nature et la vie ouvrière.

Une sensibilité et une qualité d’écriture qui lui vaut d’être publié dans une revue trimestrielle Arts et poésie de Touraine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124591, notice PADRUTT Maurice par Roger Beaunez, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 30 novembre 2010.

Par Roger Beaunez

SOURCE : Notes de Roger Beaunez

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