PAGET Louis, Camille

Par Yves-Claude Lequin, Gilles Morin

Né le 3 février 1893 à Morez (Jura), mort le 27 décembre 1975 à Morez, mécanicien lunetier, directeur de coopérative ; militant syndicaliste et socialiste du Jura ; maire (1930-1953) et conseiller général de Morez (1945-1949), membre du Comité départemental de Libération, président du conseil général du Jura (1945-1949).

Fils de lunetiers, Louis Paget, mécanicien lunetier devenu directeur d’une petite coopérative de production, « Les Lunetiers réunis » fut élève de l’école primaire puis de l’école pratique d’industrie de Morez, il en sorti à quatorze ans pour entrer comme ajusteur dans une fabrique de lunetterie où il resta jusqu’à son départ au régiment en 1913.

Incorporé à l’armée en 1913, il fit toute la guerre de 1914-1918 dans l’artillerie de campagne, tout d’abord comme simple canonnier mais la termina comme sous-lieutenant. Titulaire de la Croix de guerre et de deux citations, il ne fut démobilisé qu’en septembre 1919. Dès son retour à la vie civile, il adhéra au syndicat CGT des horlogers-mécaniciens et en devint peu après le secrétaire pour trois années. Il eut bientôt aussi la charge de l’Union locale CGT de Morez (en janvier 1921 le secrétaire de cette UL est mentionné sous le nom de Louis Paget-Blanc). En 1923, il a été appelé à la direction de Coopérative de production des « Lunettier réunis » en difficultés qu’avait animé son père et parvint à la rétablir et à lui assurer une situation florissante. À la même époque, il adhéra au Parti socialiste et devint, à partir de 1926, secrétaire de la section socialiste de la ville. Candidat malheureux au conseil d’arrondissement en 1928, il entra au conseil municipal de Morez en 1929 ; tout d’abord adjoint, il devint maire en 1930 après le décès d’Henri Lissac et il conserva cette fonction jusqu’en 1953. Il joua également un rôle croissant au niveau fédéral : en janvier 1936, il fut un des trois représentants du Parti socialiste lors de la constitution du comité départemental du Front populaire.

Mobilisé à nouveau en 1939, comme lieutenant dans le service militaire des chemins de fer, Louis Paget ne fut libéré qu’en octobre 1940 et rentra alors à Morez, désormais en zone occupée. En accord avec la Fédération socialiste SFIO du Jura, il reprit ses fonctions de maire au début de 1941. Arrêté en février 1941 pour avoir aidé des résistants, il fut relâché le mois suivant. Il fut maintenu à la mairie, à la demande des éléments modérés de la ville, qui craignait une agitation dans une cité réputée « frondeuse et volontier anarchique » (F/1a/3634). En 1942, le préfet le proposait pour siéger dans la commission administrative départementale et dans le Conseil régional prévu par Vichy.

Louis Pager devint chef de secteur de l’Armée secrète pour le canton de Morez et en septembre 1944, il fit partie du comité départemental de Libération où il représentait les coopératives de production. L’année suivante, il fut élu conseiller général socialiste du canton de Morez, avec le désistement communiste, et présida le conseil général du Jura de 1945 à 1949. Toujours maire de Morez, il s’opposa à la participation des communistes au conseil municipal en 1947.
Paget fut battu aux élections cantonales de 1949, il obtint 1081 voix sur 4014 exprimés (soit 27 %), mais le Républicain indépendant Grenier fut élu au premier tour.

Paget représenta la SFIO dans de nombreuses compétitions électorales départementales : il fut candidat à la deuxième Assemblée constituante en juin 1946 et aux élections législatives de novembre 1946, juin 1951, puis au Conseil de la République en 1946, enfin aux sénatoriales de 1959.

Il conserva par la suite et jusqu’en 1972 le secrétariat de la section socialiste de Morez et demeura conseiller municipal jusqu’en 1971.

Louis Paget s’était prononcé contre la politique de Guy Mollet au congrès fédéral de juin 1959, mais demeura fidèle à son parti.

Louis Paget mourut à Morez le 27 décembre 1975.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article124622, notice PAGET Louis, Camille par Yves-Claude Lequin, Gilles Morin, version mise en ligne le 30 novembre 2010, dernière modification le 19 septembre 2017.

Par Yves-Claude Lequin, Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat. F/1a/3228, 3240 et 3634. F/1cII/118/B, 204, 237, 270, 277, 311, 375 ; F/1cIV/153. — Arch. Dép. Jura, M suppl. 271. — Archives de l’OURS, dossiers Jura. — Profession de foi, juin 1946. — Le Jura socialiste, 25 septembre 1920, janvier 1921, 4 février 1922. — La Libre Comté, 9 septembre 1944. — Lettre de Louis Paget, février 1974. - État civil.

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